Les scènes locales et donc ses groupes ont toujours été pour moi d’une importance capitale et d’un très grand intérêt. C’est là que tout commence, de la qu’émergent les groupes talenteux de demain. Et oui, les Maiden et Metallica ne sont pas arrivés du jour au lendemain à jouer dans les Bercy et Hellfest, ils ont passé des années à se faire un nom en écumant tous les clubs et bars de leur ville et région, en gagnant leurs fans concert après concert.
Tout commence souvent avec une démo ou un disque autoproduit avec les moyens du bord, avec un son garage mais respirant l’énergie, l’envie, la sincérité. Et puis il arrive quelques fois que dès leur galop d’essai, un groupe arrive à sortir un 1er disque en tout point remarquable et avec un son de tueur.
C’est ainsi le cas de 2nd album autoproduit de Syringa « Paradoxe », grosse surprise de ce milieu d’année, oeuvre d’un seul musicien Nicolas Hunold. Ce musicien lorrain n’est pas un inconnu de la scène musicale de Mosèle car il sévissait auparavant dans DUST VALLEY, groupe de heavy influencé par METALLICA ayant donné un bon nombre de concerts dont une 1ère de partie de BLAZE BAYLEY en 2017 dans la fameuse salle Chez Paulette. Le groupe a mis fin à leur aventure en 2019 mais Nicolas n’a pas laché le morceau et a refait surface l’année dernière avec son nouveau projet SYRINGA avec un 1er album « Au delà du réel » instrumental fort intéressant.
Il revient cette année avec un 2nd opus « Paradoxe » mais cette fois ci chanté … en français pour mon plus grand bonheur. Autant certains sont allergiques à la langue de Molière dans le metal, autant moi j’en suis fan et je trouve que le chant français rajoute tellement d’originalité, je pense à SORTILEGE, à VULCAIN, à MALEDICTION et plus récemment à TENTATION, HERZEL. Et pour ne rien gacher, Nicolas possède un timbre de voix très agréable avec une voix claire majoritairement utilisée avec certaines intonations me rappelant quelques fois la voix de Thomas de HERZEL. Musicalement le musicien nous propose un heavy très puissant avec bon nombre de riffs thrash aidés par un son et une prod de 1er choix renforçant ce côté très puissant des riffs.
Ecoutez le début de title track « Paradoxe », ça déménage. On pense à SLAYER durant les couplets mais le refrain nous emmène ailleurs avec ce côté mélodique et ce chant moins agressif. C’est du reste la principale caractérisque de la musique de SYRINGA, le contraste entre riffs ultra heavy et d’autres parties très mélodiques comme ce magnifique break avec ces quelques notes de pianos, ces mélodies de guitares magnifiques enchainées avec un soli nous montrant quel virtuose de la six cordes est Nicolas. Et puis petit à petit, au fil des écoutes, la mélodie de ce titre fait son effet (« Le coeur a ses raisons que la raison ignore …. ») et reste inscrutée dans notre cerveau.
Je vous parlais des riffs ultra puissants, et bien cela se confirme dès l’entame de « De Sang Froid ». C’est typiquement thrash, le poignet de Nicolas mouline des riffs que n’auraient pas renié Mr Hetfield sur un tempo soutenu (la basse et les partie de batteries (programmées mais sonnant tellement naturelles) sont jouées par Nicolas).
Le refrain confirme cette dualité entrevue sur le 1er titre, à savoir des couplets très heavy / thrash et un refrain mélodique et charmeur avec la belle voix de Nicolas. Ce lorrain nous délivre un très bon solo agrémenté de quelques harmonies à 2 guitares.
« Souvenirs persistants » étonne, commençant par quelques notes de piano avant qu’une riff heavy bien plombé arrive annonçant un titre mid-tempo me rappelant un peu un « Harvester Of Sorrow » des Four Horsemen. Mais à 3 minutes, changement de tempo avec une accélaration à briser les cous. Que c’est bon avec une avalanche de soli. Quelle 2nde partie de morceau !
La pédale de grosse caisse résonne et lance le très chouette « Le Bon Vieux Temps », avec un riff heavy mais à la sonorité moins thrash et plus typé hard rock / heavy collant parfaitement à l’ambiance du morceau plus soft et mélancolique. La dynamique du morceau est prenante, avec des parties plus calmes avec une basse dissordue, d’autres avec des riffs heavy mais tout au long du titre, le chant se veut très mélodique et beau, avec des paroles évoquant un regard sur nos jeunes années pleines d’insoussiance et tellement vivantes et pleines de bons souvenirs, le temps de la jeunesse avant une vie de familles impliquant des obligations et moins de spontanéité. Magnifique pièce encore une fois.
Changement d’ambiance avec le puissant « Le Plaisir du Tuer » au titre évocateur ! La basse très présente lance ce titre alternant couplet sans riffs de guitares avec un refrain durant lequel le tempo s’accélère avec un gros riff véloce. Le musicien a des idées comme ce clavier léger durant cette partie instrumentale bien heavy juste avec le solo de guitare.
Le titre suivant « Déferlante » est un brûlot court thrash dans les riffs avec le chant mélodique typique de combo.
Ce 2nd album de SYRINGA se termine par une magnifique pièce, « La Mort dans l’âme », introduit pas un riff bien heavy mais rapidement c’est la mélodie mélancolique qui va prendre le pas avec un refrain de toute beauté. A 2 minutes survient un très beau break avec ces notes de piano, ce solo de guitare tout en toucher et en feeling avec un peu moins de distortion. Que c’est beau, avant que Nicolas balance un autre solo pendant que le côté heavy revient petit à petit pour enfin une fin tout en douceur avec un arpège de guitare concluant ce magnique morceau.
En 7 titres et à peine plus de 30 minutes, Nicolas et son SYRINGA ont réussi leur pari en nous proposant une oeuvre en tout point réussie, mariant à la perfection des riffs d’une puissance inspirée du thrash metal et d’autres moments plus mélodiques et d’une finesse rendant l’écoute passionnante, avec un sens de la mélodie redoutable sur des titres très accrocheurs sans perdre à aucun moment la puissance de feu. Un grand bravo à Nicolas pour cet album si rafraichissant et méritant d’être découvert par un maximum de passionnés de musique métalisée, et vivement qu’on puisse profiter de ces titres en live.