MAGNUM : « Here Comes The Rain » (c) 2024

MAGNUM : « Here Comes The Rain » (c) 2024

Here Comes The Rain
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Publié: 12/01/2024

Vraiment pas évident d’aborder l’écriture cette chronique de ce 22ème album de MAGNUM seulement quelques jours après la disparition soudaine et tragique de Tony Clarkin membre fondateur, guitariste, compositeur et producteur du groupe anglais depuis plus de 45 ans. La mort d’une personne qu’on apprécie est toujours triste, on a beau s’y être préparé, on n’est jamais prêt et elle laisse toujours place à un grande vide. Me concernant cela est d’autant plus vrai que la musique de quintet m’accompagne depuis presque 40 ans. Leurs belles mélodies et les riffs ciselés dans le hard le plus pur n’ont jamais été bien loin tout au long de ma vie, depuis cette toute 1ère écoute magique de « Chase The Dragon » sur une K7 90 minutes, avec en face B « The Eleventh Hour! », un été à Carnoux au milieu des 80s. L’Ange de la Mort a décidé de taper à la porte de Mr Clarkin qui aura eu le temps de finir ce spendide « Here Comes The Rain ». Un titre d’album peut être déjà annonciateur pour le guitariste d’un ciel aux nuages sombres d’une dernière pluie.
Pourtant la pochette au dessin superbe signé Rodney Matthews (de retour aux pinceaux !) est lumineuse et plus optimiste contrairement au visuel sombre et effrayant de l’album précédent, « The Monster Roars ».
Depuis cet avant dernier album justement, les anglais s’éloignent petit à petit de leurs albums précédents aux nombreuses envolées épiques lyriques pour des morceaux plus direct et un peu moins complexes mais rassurez vous, l’inspiration est toujours au rendez vous. Cependant à l’écoute et à la lecture des paroles de ces 10 nouvelles pièces musicales, on se rend vite compte que le temps n’est pas à la joie ni à l’optimisme. Et ce sentiment est renforcé avec les magnifiques peintures illustrant chacun des titres dans le livret : un soldat dans une tranchée, une ville dévastée et en feu, une femme triste seule abandonnée, un vieux grenier rempli de mirroirs cassés ….
Je dois bien dire que l’écoute, la lecture des paroles peu joyeuses de Clarkin avec en fond des dessins noirs et sombres rendent l’écoute difficile en pensant au décès du guitariste. Je me dis que la vie semblait lui laisser un goût amère au bout de son chemin et proche de la fin de son voyage. Et c’est ce qui rend ses dernières compositions plus fortes car on ne peut pas dissocier toutes ces choses là car la musique est bien plus que juste des notes sur une partition, ou plutôt elle est également accompagnée d’autres notes mais d’une autre partition, celle de la vie, celle de son créateur et de la notre également.
Chaque titre ici renferme des richesses mélodiques et des gimmicks qui ont fait la réputation de MAGNUM : ce petit riff de guitare accompagné de ces notes de clavier de Rick Benton sur ce « Run Into The Shadows » avec Bob prenant une voix grave sur ces paroles peu joyeuses d’un monde si violent et plein de haine dans lequel il est difficile de vivre. On a beau essayé de s’y soustraire (par la musique), marcher dans l’ombre, la triste réalité nous rattrape toujours. On note le son de la guitare de Clarkin plus heavy et plus présent dans le mix. Un titre qui me rappelle ce que faisait le groupe sur le très bon « Sacred Blood « divine » Lies ».
Parmi les autres titres bien rock et énergiques, on retrouve le superbe « After The Silence » avec ces arrangements d’instruments à cordes. On retrouve  ce côté épique que j’adore et qu’on avait sur « Lost On The Road To Eternity » ou certains titres de « The Serpent Rings » sur un morceau bien rythmé porté par la frappe à la fois lourde et nerveuse de Lee Morris secondé par Dennis Ward à la basse. Du grand MAGNUM a son meilleur niveau.
Les anglais lachent les chevaux avec le brûlot « Blue Tango » très hard n’rock’n’oll avec les riffs de Clarkin bien mis en avant une nouvelle fois, mais avec un bon swing donnant envie de se lever de se tortiller en secouant la tête. Un titre irresistible comme ce solo d’orgue fabuleux.
Rebelotte avec le 2nd single de l’album « The Seventh Darkness » absolument génial avec toute une section de cuivres durant toute la durée du titre. On retrouve le MAGNUM inspiré de ces dernières années et l’audace que les anglais avaient eu dès les premières années de leur carrière, comme ce solo de saxo auquel répond la guitare de Clarkin pour le plaisir de nos oreilles. Un des meilleurs titres composés par Clarkin, tout simplement.
Ce côté bien rock de l’album est contre balancé avec des titres plus calmes pour tout aussi beaux .. à pleurer comme « Here Comes The Rain » très mélancolique et ces très belles orchestrations ou ce « Some Kind of Treachery » commençant avec ce piano / voix poignant avec la voix de Catley n’ayant pas changé d’un iota depuis les 80s ! La section rythmique et la guitare de Clarkin arrivent durant le refrain avec un fond le clavier de Rick Benton colorant si bien la musique du groupe. Difficile de ne pas être porté par cette musique si classieuse.
Le tempo est lent, les orchestrations et piano présents de nouveau sur « The Day He Lied » mais la guitare se fait plus présente dans cette pièce typique des anglais mariant à merveille émotions et côté épique avec la guitare doublant ici et là le chant de Catley. C’est dans ce genre de morceau que le groupe a toujours excellé (ce petit break de piano magnifique) nous replongeant à l’époque bénite de « Chase The Dragon » et « On The Storyteller’s Night » avec une pincée de la période « Lost On The Road To Eternity » / « The Serpent Rings » .. et puis ces « ohhh » finaux de Catley .. que c’est beau.
Le bruit des canons se fait entendre au début de ce pur moment d’émotion qu’est « Broken City » porté par le chant et la voix tellement belle et poignante de Catley avec ces quelques arpèges de guitare acoustique arrivant durant le refrain beau à pleurer encore une fois avec en fond des légères orchestrations bien dosées. Un titre très calme mais tellement prenant d’où émane une grande mélancolie et tristesse, celle des dégats causés par la guerre, des villes en ruines avec des enfants au milieu des décombres.
Malgré la noirceur ambiante de la majorité des paroles écrites par Clarkin, le guitariste gardait un filet d’espoir comme en atteste « I Wanna Live », une ode à l’envie de vivre encore quelques jours de plus, même au bout du son chemin. Titre très difficile à écouter sans avoir la larme à l’oeil car on se dit que cette dernière prière n’a pas été exhaussée pour Clarkin. La basse de Ward a un peu plus d’espace dans ce titre et le guitariste balance un chouette solo efficace avec juste ce qu’il faut de notes. Et que dire de ce break fabuleux avec ce petit clavier au son si particulier et bien trouvé, ces quelques choeurs mystiques rajoutant à l’émotion.
MAGNUM et plus particulièrement Tony Clarkin nous quittent sur le magnifique « Borderline » avec cette intro aux sonorités orientales originales pour le groupe. Le reste du morceau nous montre le groupe tel qu’on l’aime, toute guitare dehors, épique, aux mélodies super bien amenées, Tony Clarkin joue plusieurs soli magnifiques au son mordant, Rick Benton se fend aussi d’un solo de clavier simple mais efficace, puis à 5 minutes, tout s’arrête ou presque, laissant la place à un sample tribal avant ces quelques spendides notes de piano menant en douceur vers la fin du morceau. On se dit que Clarkin était vraiment un maître dans la construction de chansons, car malgré des structures travaillées, tout coulait toujours de source à leur écoute. Un merveilleuse façon de conclure un album juste parfait, dans la droite lignée des meilleurs opus récents du groupe.
Très triste de ce dire que « Borderline » sera le tout dernier titre de Clarkin sur un album de MAGNUM, mais il nous quitte de la meilleure des façons avec un morceau de toute beauté.
L’héritage laissé par le guitariste est cette discographie tellement riche et de qualité avec QUE des très bons albums (22 au total), une très grande personnalité et emprunte musicale et tellement de joie procurée à leurs fans durant plus de 4 décennies.
Repose en paix Tony, nous ne t’oublierons jamais.

No. Title Length
1. Run into the Shadows 05:22
2. Here Comes the Rain 04:36
3. Some Kind of Treachery 04:31
4. After the Silence 04:35
5. Blue Tango 05:26
6. The Day He Lied 04:34
7. The Seventh Darkness 04:43
8. Broken City 04:39
9. I Wanna Live 05:28
10. Borderline 06:15
Total length: 50:09:00