HERZEL : « Le Dernier Rempart » (c) 2021
Le hard français ne s’est jamais aussi bien porté … je sais … certains n’en sont pas persuadés mais peut être simplement par qu’ils ne prennent simplement pas la peine de tendre l’oreille ou chercher un peu à côté de chez eux les scènes locales si riches … préférant ne pas « prendre de risque » (sic) en allant sans cesse écouter ce qu’il se passe en Allemagne, en Angleterre ou aux Etats Unis .. bref partout sauf chez nous. Je sais, je me répète .. mais en tant que défenseur de notre heavy cocorico, ce sont des comportements qui m’exaspèrent. Alors il y a bien sûr nos « vieilles » gloires qui n’ont jamais été autant en forme telles ADX, Vulcain, Titan, Killers, Venin et Sortilège pour n’en mentionner que quelqu’uns .. et puis il y a toute la nouvelle garde qui montre ses crocs et son envie d’en découdre, d’apporter leur pierre à l’édifice du hard et perpétuer cette tradition des riffs en acier et des chants guerriers .. on pense à Tentation, Iron Slaught , Electric Shock , Hellrock , ANIMALIZE, Meurtrières, Hürlement, The Warm Lair, Hexecutor (et bien d’autres). Tous ont déjà sous les bras des opus ayant fait l’unanimité auprès des fans de hard et certains s’apprêtent à sortir un nouveau disque en 2021 témoignant de leur volonté de ne rien lacher. Il faut bien reconnaitre que la majorité de ces vieux et jeunes groupes donnent majoritairement dans un hard ou heavy allant droit à l’essentiel mais d’une efficacité redoutable et avec cette touche frenchy tellement sympa, mais peu s’aventure dans l’epic heavy metal aux morceaux fleuves nous embarquant dans des ages anciens aux milieux de batailles … et bien cela change pour le plus grand plaisir de nos oreilles .. et cela vient de Bretagne .. il est vrai terre tellement riche d’histoires d’un passé tourmenté et passionnant. Hexecutor a ouvert la brêche de la plus belle des façons avec leur 2nd album « Beyond Any Human Conception Of Knowledge » dantesque contant des légendes bretonnes mises en musique dans un déferlement de riffs tantôt thrash, black, heavy mais avec toujours un brin de mélodie dans des longues pièces fantastiques … et les jeunes de Herzel leur emboitent le pas avec la sortie tant attendue (6 ans depuis leur démo !!) de leur 1er album « Le Dernier Rempart » sortant chez Gates Of Hell Records. Les jeunes quimpérois ont pris leur temps … mais cette longue attente est pleinement justifiée à l’écoute de ces 6 pièces d’orfèvre. Ici, pas de thrash débridé comme leurs voisins d’Hexecutor, mais un heavy metal avec un côté épique prononcé dans des titres majoritairement longs (3 font plus de 7 minutes) agrémentés ici et là par une influence traditionnelle bretonne / celtique rajoutant de l’originalité à leur musique et renforçant leur emprunte musicale. Certains évoqueront des similitudes avec les anglais de Dark Forest mais la démarche des bretons est dans une musique plus puissante et surtout les musiciens n’ont gardé et mis sur disque que le meilleur au point de produire un LP irréprochable, à l’inverse des anglais dont les albums sont trop longs et par moments ennuyeux.
De plus, ce chant en français rajoute à cet encrage franchouillard et rendant la musique d’ Herzel si attachante.
Et ça démarre dans le vif du sujet avec la longue pièce « Maîtres de l’océan » qui durant ses plus de 8 minutes nous embarque dans un heavy rythmé mais aux changements de tempo ici et là rajoutant au côté passionnant de la musique, et bien entendu ces guitares à la fête aussi bien dans les rythmiques aux riffs tranchant, à ces mélodies de guitares rappelant parfois les musiques traditionnelles bretonnes, cette basse de Mordiern si claquante et présente dans le mix .. et franchement ça me plait …. surtout quand la virtuosité est au rendez vous et mise au service des chansons … car elle permet de donner du relief à l’ensembe .. et ici c’est clairement le cas et des petit slaps ici et là étonnant mais tellement bons.
Et bien sûr il y a ce chant, cette voix atypique de Thomas très mélodique qui part de temps en temps dans cris haut perchés nous hérissant le poil, une voix indissociable de la musique du quintet nous narrant dans cette 1ère piste les aventures de Brutus le Sauvage (1er roi de Bretagne en 1100 avant JC) . Les riffs s’entrechoquent, la musique ne laisse que peu de répis avec ces nombreux changements de structure rythmique et puis que dire de ces magnifiques soli par les 2 six cordistes Kevin et Gurvan ayant compris que le feeling et la mélodie étaient bien plus important que la démonstration. Et c’est la grande force des musiciens car on sent clairement qu’ils en ont sous le pied et qu’ils maitrisent leur sujet (et instrument) .. mais que leur but 1er est de mettre leur talent au service des morceaux .. et c’est pleinement réussi !
Après ces 8 minutes d’un long voyage immersif, Herzel s’énerve un peu plus avec le très bon « La Flamme » . Les riffs sont heavy, Thomas se permet quelques cris énervés, le tempo enlévé avec ici et là des ralentissements bien heavy ..et toujours les 2 guitaristes dégainant des solis et harmonies au top durant cette page d’ histoire au 14eme siècle évoquant Jeanne de Flandre surnommée Jeanne La Flamme (refrain chanté de façon agressive par Thomas) après avoir fait une sortie courageuse avec ses hommes depuis sa ville assiégée par l’ennemi pour aller incendier le camp de l’armée des assiégeants. Les bretons sont des passionnés et profondément attachés à l’histoire de leur Bretagne, et ils arrivent à nous embarquer totalement dans leurs récits épiques mis en musique de la plus belles des façons … 2 pistes et déjà nous sommes acquis à leur cause .. et cet intermède typiquement celtique portant le nom de l’album « Le Dernier Rempart » est d’une beauté mélodique à tomber aidée par cette bombarde si bien intégrée à la musique.
La face A était bougrement épique et passionnante .. et bien la face B le sera encore plus avec cette fresque musicale de 30 minutes se nommant « La saga d’Herzel » et décomposée en 3 pistes basée sur une histoire créée par Thomas mais s’inspirant ici et là de faits historiques réels comme l’incendie de la Cathédrale de Quimper ayant été touchée par la foudre en 1620 comme évoqué dans le « Berceau des cendres », morceau fabuleux tellement riche commençant avec cette guitare acoustique suivie par cette bien belle mélodie de guitare électrique enchainée par ces soli de guitares gorgées de feeling … et de classe .. que c’est beau … avant qu’un riff puissant complète cette épopée musicale introduisant tellement bien cette pièce durant 2 bonnes minutes avant que le tempo s’accélère et la voix Thomas nous conte cette histoire. Le rythme galoppe durant les couplets mais cette mélodie de guitare revient régulièrement, étant le fil rouge du morceau … puis commence à environ 6 minutes un festival ou plutot un déluge de soli et d’harmonies de guitares tous plus beau les uns que les autres avec toujours ce côté mélodique.
La piste suivante, « L’épée des Dieux » est un véritable moment de bravoure durant lequel les musiciens conjuguent leurs talents et leur savoir faire dans une formule qui devient leur marque de fabrique, à savoir un heavy metal épique et mélodique dans lequel il se passe toujours plein de choses, où le tempo est tout sauf binaire le groupe surprenant l’auditeur dans des cassures rythmiques toujours bien trouvées et fluides, des parties de guitares sublimes et toujours très accrocheuses et bien sur ces riffs et ce chant de Thomas nous donnant envie de lever notre épée à ses côtés. Quel bon titre encore une fois.
Ce 1er LP passe tellement vite, on ne voit pas passer le temps tellement nous sommes pris dans la musique des bretons et déjà la conclusion arrive avec « L’Ultime Combat » … ultime salve qui nous embarque durant quasi 8 minutes dans une cavalcade heavy et ces mélodies de guitares rappelant un peu le Maiden épique avec ce rythme très harrissien et ces riffs heavy toujours présents et la voix spendide et investie de Thomas racontant cette histoire prenante. Ce dernier joyau se termine par une grosse minute magnifique de bombarde comme pour une dernière fois nous rappeler les origines du groupe, de leur inspiration.
Alors on aurait aimé que le plaisir se prolonge un peu plus car 36 minutes, c’est assez court .. mais d’un autre côté le groupe nous délivre un sans faute, parfait de la 1ère à la dernière note et tellement prenant qu’on trouve rien à redire.
Au fil des écoutes de ce 1er LP d’Herzel, il se dégage petit à petit le sentiment d’avoir entre les oreilles un disque qui fera date dans l’histoire du hard français, à peu à l’image d’un « Métamorphose » ou d’un « Esclave du vice ». Un album ayant une telle identité, une telle force à la fois mélodique mais aussi dans les idées musicales et les paroles et une puissance dans les riffs sans oublier cette virtuosité des musiciens nous régalant à chaque instant.
Nous attendions le prochain gem successeur du 2nd album de Malédiction … et bien le voici, n’ayant pas peur des mots car il s’agit bel et bien d’un chef d’oeuvre.
Chapeau les gars !!
(l’album sort officiellement le 19 mars. Pour ceux ayant loupé les pré-commandes auprès du groupe ou de leur label (sold out), vous pouvez le choper chez Season Of Mist et bientôt chez Volume Brutal Distro)
1. | Maîtres de l’océan | 08:36 | |
2. | La flamme | 05:16 | |
3. | Le dernier rempart | 01:42 | instrumental |
4. | Berceau de cendre | 07:19 | |
5. | L’épée des dieux | 05:23 | |
6. | L’ultime combat | 07:49 | |
36:05:00 |
Label | Catalog ID | Format | Description |
Gates of Hell Records | Digital | Bandcamp | |
Gates of Hell Records | GOH46 | CD | |
Gates of Hell Records | GOH45 | 12″ vinyl | Limited edition |
Messe Noire Productions | MNP026 | Cassette | Each tape comes with a sticker (two designs exist and they are randomly added to the tape) |