AC/DC : « The Razor’s Edge » (c) 1990
Cette rentrée 1990 avait été riche en albums (Judas Priest, Maiden, Queensryche, Megadeth) et les australiens n’allaient pas être en reste avec un nouvel album attendu comme le messi, annoncé quelques semaines auparavant par un single fantastique « Thunderstruck », la meilleure chose que le groupe ait produite depuis bien longtemps. Les musiciens voulaient frapper un grand coup et entrer dans cette nouvelle décennie de la même façon qu’ils l’avaient fait 10 ans auparavant avec « Back In Black » et ainsi retrouver leur statut de Géant du hard après une décennie passée bien compliquée pour le groupe, critiqué album après album (souvent à tord si vous me demandez). Certes aucun disque post « Back In Black » ne tenait la distance face aux disques sortis avant celui-ci, mais les « Flick Of The Switch » et « Fly Of The Wall » se défendaient très honorablement. Je me souviens de l’enthousiasme du public .. ou plutôt des médias à la sortie du titre « Who Made Who » puis de l’album « Blow Up Your Video » annonçant en grandes pompes le grand retour d’AC/DC… Mouais … je me suis toujours demandé si tout cela n’était pas simplement une grande opération de communication / commerciale car franchement, même s’il y avait des bonnes choses dans ce titre et l’album de 1988, ce n’était pas non plus des grandes réussites .. et me concernant .. et je sais que cela va en faire tiquer plus d’un, je trouvais « Fly On The Wall » (et à un degré moindre « Flick Of The Switch ») bien plus réussis avec leur côté brut de décoffrage, leur accroche et un côté chaleureux.
Alors quid de ce « The Razor’s Edge » ? Et bien cette fois ci, le groupe remit effectivement la barre plus haute. Et comment pouvait il en être autrement avec ce 1er titre « Thunderstruck » véritable hymne avec son riff d’intro ayant fait 10 fois le tour de la planète, ce refrain addictif à souhait .. un titre devenu depuis longtemps un classique du hard rock, absolument incontournable, le titre que le groupe n’arrivait plus à sortir depuis 10 ans. Et ce début d’album démarrait de la meilleure des façons puisque le brûlot rapide « Fire Your Guns » emboitait le pas. Une tornade telle que le groupe avait toujours su en faire et qui allait faire un malheur en concert lors des 2 ans que dura la tournée gigantesque qui suivit. Suit un autre single de l’album qui eut son petit succès, le très accrocheur « Moneytalk », étonnant car très mélodique et il faut le dire bien loin du blues hard du groupe .. mais ce morceau est tellement bien foutu et accrocheur qu’il était difficile de ne pas y adhérer.
Durant la tournée, le groupe lachait des milliers de faux billets (avec l’effigie d’Angus dessus !) sur le public durant l’interprétation de la chanson !
Pour varier les plaisirs, le title track « The Razor’s Edge » débarquait en 4eme position et montrait une facette bien plus heavy du groupe, avec ce riff puissant et cette mélodie d’Angus posée dessus, ce rythme rampant appuyé par la batterie bien lourde de Chris Slade, ces choeurs inquiétants et ce très bon solo d’Angus sur fond de riffs heavy. Un titre intéressant et très réussi.
Si l’album avait continué sur cette lancée, nous aurions eu entre les mains le digne successeur de « Back In Black » .. mais … malheureusement, le disque va s’essoufler dès ce « Mistress for Christmas » poussif et une face B tellement en dessous de la 1ère avec certains titres vraiment pas très bons comme « Let’s Make It », le lourdingue « Goodbye and Good Riddance to Bad Luck » ou le très moyen « Shot of Love ». On retrouve cependant quelques bons titres heureusement comme ce hit à faire chanter et danser un stade entier qu’est « Are You Ready » ou le coquin « Got You by the Balls ».
Cette baisse de régime dans la 2nde partie du disque est dommage car le groupe avait l’occasion de nous refaire le coup de 1980 … peut être ont ils voulu trop en faire ?
Une remarque également sur le production et le son de l’album qui dans l’absolu est très bon … mais Bruce Fairbairn (Bon Jovi, Aerosmith….) avait gommé une bonne partie du son un peu crade qu’on aimait chez le groupe, bien plus que ne l’avait fait Mutt Lange auparavant, rendant le son globalement très froid. Mais bon, l’objectif du groupe était d’avoir un son et des titres calibrés pour passer sur MTV .. et pour le coup, ce fut mission accomplie et l’album fit un carton dans le monde entier (5 millions vendus au US .. et 12 dans le monde !), l’immense tournée fut sold out redonnant à AC/DC l’immense popularité qu’était la sienne au début des 80s …. et permit au groupe d’enregister le double live « Live » qui pour le coup possédait une prod rendant justice aux titres de l’album.
Au final, « The Razor’s Edge » est un bon album avec une 1ère partie de disque imparable et une suite beaucoup plus banale … empêchant à l’album d’atteindre l’excellence des « Highway To Hell », « Back In Black » ou « Let There Be Rock ». Mais on lui pardonnera beaucoup de choses à cause de ce « Thunderstruck » d’anthologie