Ceux me connaissant bien savent que je suis archi fan de Bad Religion, et dans une moindre mesure de quelques autres groupes du genre comme la 1ère partie de carrière de Nofx, Pennywise, Face To Face et aussi les géniaux canadiens de Propagandhi.
J’ai découvert ces derniers peu de temps après la sortie de leur 1er album « How to Clean Everything » en 1993 sorti chez Fat Wreck Chords. Je faisais connaissance avec ce punk rock particulier de prime à bord fortement inspiré par NoFx mais musicalement, c’est un bon cran au dessus. Déjà le discours du groupe était engagé dans leurs paroles et cette diction des paroles très singulière du guitariste / chanteur Chris Hannah. Sur les 2 albums suivants, « Less Talk, More Rock  » (titre bien ironique quand on connait son contenu) et « Today’s Empires, Tomorrow’s Ashes » le groupe avait durci le ton (notamment avec l’arrivée du bassiste / chanteur Todd Kowalski) et radicalisé leur discours. Musicalement, on était dans un punk / hardcore de haut vol, alternant titres sans concession et morceaux plus mélodiques mais toujours énergiques.
Le temps entre chaque nouvel album est devenu de plus en plus important et cela a permis au groupe d’évoluer musicalement incluant des plans heavy metal ou thrash ici et là dans leurs opus suivants donc les magnifiques « Supporting Caste » (2009) et « Failed States » (2012), ce dernier étant sortir sur le fameux label Epitaph. Certains morceaux devenaient plus longs, plus travaillés bien loin du punk plus standard de leurs débuts, mais Todd Kowalski gardait sa touche hardcore sur quelques titres bien violents.
5 ans plus tard, le canadiens étaient revenus avec le très bon et remuant « Victory Lap » en 2017. Musicalement le groupe était intouchable. Imaginez un groupe punk ayant la virtuosité des musiciens heavy metalleux ou thrashers.
Et puis voici que débarque sans prévenir cette semaine leur tout nouvel album « At Peace ». Mais quelle claque les ami(e)s. Un album différent, globalement moins speed et moins hardcore. L’age fait son effet mais la musique du quatuor reste néanmoins bien énergique, ne vous trompez pas, mais les musiciens varient les plaisirs, enrichissent leurs morceaux, ajoutent une certaine mélancolie allant avec des paroles souvent sombres mais toujours engagées avec toujours une pointe de sarcasme. Cette fois ci 13 titres et TOUS sont absolument géniaux, différents les uns des autres, avec comme d’habitude le chant alterné suivant les chansons par Chris Hannah ou Todd Kowalski, et quelques fois les deux (sur le singlant « Cat Guy »). On est étonné d’entendre Todd Kowalski sur les titres les plus « posés » (alors qu’avant il chantait majoritairement sur les titres les plus hardcore et violents) comme sur « No Longer Young » ou « Day By Day ». Les guitares sont à la fête comme sur le métallique et excellent « Prismatic Spray (The Tinder Date) ». Les 2 guitaristes tissent des toiles de notes de guitares sur tous les titres donnant une couleur particulière et unique à la musique du groupe comme sur l’étonnant « Day By Day ». Ca joue bien et c’est passionnant à écouter ! Difficile de ne pas être embarqué par « God of Avarice » . Les musiciens ne jouent plus pieds au plancher du début à la fin des titres comme c’était le cas sur leur bombe « Today…. » mais ajoutent maintenant des nuances et donc de la dynamique au sein d’un même titre comme ce « God of Avarice », « Benito’s Earlier Work » ou sur le 1er topissime single « At Peace ». Le groupe étonne pas leur maturité, leur musicalité qu’on a découvert petit à petit au fil de leurs albums surtout depuis 2009. Un titre comme « Stargazing  » si magnifique, et posé avec ce petit synthé en fond n’aurait jamais été envisable dans la 1ère partie de carrière des canadiens. Ce titre est un ovni mais absolument génial, empli de mélancolie, avec cette basse en boucle, ce synthé très 80s finalement assez Rush dans l’esprit. Et à côté de cela, le groupe arrive à nous balancer un « Something Needs To Die But Maybe It’s Not You » lourd de chez lourd, entêtant, rampant, inquiétant, venimeux. Punk, hardcore, heavy metal, thrash, prog ? PROPAGANDHI est tout cela à la fois et c’est ce qui rend leur musique si unique mais surtout passionnante. J’étais archi fan des 3 albums précédents mais ce « At Peace » a passé un nouveau cap et est sans conteste mon opus préféré du groupe. Il a fallu attendre 8 ans, mais cela valait vraiment le coup d’être patient.