BLACK SABBATH : « Heaven And Hell » (c) 1980
L’enregistrement et la tournée « Never Say Die » furent un calvère pour le groupe avec un Ozzy grandement perturbé par la mort de son père et dans son plongeon dans la drogue et l’alcool.. et le constat était sans appel lors des 1ères séances de travail pour le nouvel album … les 3 autres musiciens n’arrivaient plus à bosser correctement avec Ozzy .. et le chanteur anglais fut viré. Certainement pas une décision facile à prendre tant Ozzy était un frontman à l’image très forte, à la voix si spéciale et associée à la musique du groupe, mais les abus d’Osbourne mettaient en péril le groupe et l’avenir des 3 autres musiciens. C’est donc suite à une rencontre entre Iommi et Ronnie James Dio que celui-ci rejoignit Black Sabbath alors qu’il travaillait pour monter un nouveau groupe suite à son départ de Rainbow. Mais une autre tuile donna du fil à retordre lors des premières séances de travail avec Dio fut le départ temporaire de Geezer Butler qui dut rentrer en Angleterre pour s’occuper de son divorce. Durant les mois d’abscence du bassiste moustachu, ce fut Dio qui tint la basse durant les séances de compositions et de répétitions du nouveau répertoire du groupe.
Je pense que cette absence de Butler joua sur l’influence général du nouvel album, bien moins sombre et occulte que ses prédécesseurs. Dio apportait de la lumière dans la musique de Sabbat Noir, de l’espoir et surtout sa voix magnifique qui allait permettre à Iommi d’explorer d’autres contrées musicales et donner une nouvelle jeunesse à la musique des anglais. Alors on retrouve ici et là des riffs lourds typiques du groupe, mais globalement la musique des anglais s’éloignait de la lourdeur des 1ers albums et sonnait beaucoup plus contemporaine avec un heavy metal mélodique très classieux et épique. L’emprunte du petit lutin à la voix d’or était bel et bien présente comme ses paroles assez heroic & fantasy sur le véloce « Neon Knights » servi en entrée avec un riff de malade et un chant de folie de Dio pour un titre qui entra dans la légende, ou encore sur le monumental « Heaven And Hell », joyau parmi les joyaux, avec ce rythme lent et ce riff d’anthologie, cette ligne de chant qui sera reprise tant de fois .. et que de dire ce cette accélération jouissive qui allait casser des cous à des milliers de hardos durant 4 décennies (et ce n’est pas fini !!). Finies les errances jazzy et brouillones de « Never Say Die », des tentatives peu heureuses de hard pop sur « Technical Ectasy » …. Black Sabbath revenait transfiguré grace à un RJ Dio dont le talent, la classe et les idées allaient déteindre sur les autres musiciens au point que ce « Heaven And Hell » semblait faire découvrir un tout nouveau groupe. Et pour sublimer le tout, Dio avait amené dans ses valises le producteur qu’il fallait au groupe pour sublimer leurs compositions épiques et leur donner le son qu’elle méritaient : Mister Martin Birch (Blue Oyster Cult, Deep Purple, Whitesnake, Rainbow et futur Maiden, excusez du peu !). Les 2 albums précédents du groupe prenaient un sacré coup de vieux tant le son et la prod de ce « Heaven And Hell » était d’un autre niveau, puissante, claire, dynamique ..bref digne d’un groupe de la stature de Black Sabbath et de leurs nouvelles compositions . Ce 9ème album des anglais est un recueil de pépites comme ce « Children Of The Sea » qui montrait tout le génie de ses leaders, avec d’un côté Iommi balançant un riff de malade entré dans la légende et ses soli et harmonies de guitares mélodiques et tout en feeling, et de l’autre ce chant et cette voix de Dio alliant puissance, lyrisme et mélodie pour notre plus grand plaisir et permettant au groupe d’explorer ce côté épique pour la 1ère fois, avec ici et là ces guitares acoustiques, ces choeurs. Que c’est bon !
Dio amenait également un peu de Rainbow sur le très bon très hard rock « Lady Evil » mis à la sauce Sabbath ou sur ce pur moment de bonheur un peu oublié qu’est « Wishing Well » sur lequel Dio brille de mille feux et où Iommi ponctue tout au long du titre des interventions de guitares belles à pleurer, pour un titre assez loin de la lourdeur des riffs habituels de Iommi. Ici la musique ce veut plus légère et cela pouvait peut être dérouter les fans de la 1ère heure .. mais la musique respire tellement la classe, est tellement belle et puis mince … cette voix du Dio ….on ne peut que succomber. Et quand il fallait reprendre son épée et chevaucher son dragon, Dio éclaboussait de sa classe sur le fantastique rythmé « Die Young » aidé par le riff plombé et rythmé de Iommi et puis ce break si bien trouvé démontrant que le groupe avait retrouvé toute son inspiration, ses idées et surtout son envie d’aller de l’avant en laissant parler leur coeur et sans se forcer comme sur ce final en forme de feu d’artifice émotionnel, bourré de feeling qu’est « Lonely Is The Word » qui témoignait de cette émulation entre entre 2 musiciens hors normes, un Dio plaçant de si belle mélodies avec sa voix nous embarquant à chaque note, nous donnant le frisson .. et bien sûr Iommi absolument royal sur ce titre sur lequel il se lachait complétement, plaçant une ribambelle de soli tous plus beaux les uns que les autres, où le maître mot était bien entendu feeling.
RJ Dio avait fait un bien fou à Iommi et aux autres musiciens, leur avait entreouvert la porte vers d’autres horizons musicaux à explorer, leur avait redonné confiance et l’inspiration.
Ce « Heaven And Hell » est un miracle musical, un disque inespéré d’un groupe qu’on pensait cramé, mort …. Black Sabbath renaissait de ses cendres tel un phoenix .. plus beau, lumineux et inspiré que jamais grace à un Ronnie James Dio providentiel. Alors oui, cela fit grincer des dents car le chanteur avait mené le groupe vers d’autres contrées musicales plus épiques, positives et moins sombres et lourdes mais le résultat était tellement magnifique qu’on ne pouvait que dire un grand OUI et un immense merci .. pour ce chef d’oeuvre intemporel . Un disque référence, la définition de ce qu’allait devenir le epic heavy metal, la rencontre entre le meilleur chanteur et le meilleur riffeur (et inventeur du heavy metal !!) de leur génération. Culte et ultime.
Side A | ||
1. | Neon Knights | 03:49 |
2. | Children of the Sea | 05:30 |
3. | Lady Evil | 04:22 |
4. | Heaven and Hell | 06:56 |
Side B | ||
5. | Wishing Well | 04:02 |
6. | Die Young | 04:41 |
7. | Walk Away | 04:21 |
8. | Lonely Is the Word | 05:49 |
39:30:00 |