THE WHO : « Quadrophenia » (c) 1973

THE WHO : « Quadrophenia » (c) 1973

Quadrophenia
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Publié: 19/10/1973
Il y a des albums, des musiques qui dépassent les « frontières » des styles et au contraire les unifient, qui sont au delà de toute étiquette car étant unique, d’une beauté, d’un tel génie artistique que seule son écoute et le plaisir qu’elle procurre importe.
« Quadrophenia » est un de ces disques …oeuvre ultime des Who sorti il y a … 49 ans (!!)) , concept album hallucinant de musicalité, de pureté et d’inventivité, l’oeuvre d’un Pete Townshend au sommet de son inspiration, narrant l’histoire de Jimmy en proie à une maladie (inventée par Townshend ), la quadrophrénie consistant en une double schizophrénie … les 4 « personnalités » étant jouées sur l’album par les musiciens, Daltrey symbolise la rage et la frustration, Entwistle le romantisme, Moon la fantaisie et Townshend l’incertitude. Durant tout l’album, Jimmy fait face à toutes sortes d’imcompréhensions, celle de ses parents, celle à son travail, celle de sa petite amie, celle de ces amis mods .. et son combat va être de se trouver et découvrir qui il est vraiment. Tout l’album, chaque piste est basée sur cette histoire et toute les ambiances musicales, l’humeur des titres découlent de cela.
Le disque démarre avec un « instrumental » tout en ambiance, Jimmy est au bord de la mer que l’on entend, face à ses doutes et qui amène au génial « The Real Me », brûlot dans lequel le talent de chacun des musiciens explose : cette basse tricotant du début à la fin du titre, Keith Moon déchainé, Townshend balaçant un sacré riff et bien sur Daltrey habité totalement par Jimmy et en fond quelques cuivres bien venus. Quelle énergie et quel talent ! Jimmy est totalement perdu et ne sait pas qui il est et va partir en quête de son véritable moi.
La pièce suivante, « Quadrophenia » est un instrumental de toute beauté, d’une grande richesse nous faisant voyager, avec son thème musicial très beau, ces synthétiseurs dans sa 1ère partie puis ces guitares et instruments classiques dans la 2nde partie … un chef d’oeuvre musical, ni plus ni moins se terminant sur le bruit des vagues. Jimmy est en proie aux doutes et c’est Townshend qui prend le micro pour « Cut My Hair », tantôt calme dans les couplets et plus énervés sur le refrain, traduisant les incertitudes de Jimmy.
Jimmy est à un age où il se cherche et le rock’n’roll est une issue dans laquelle il espère se trouver, c’est ce qu’évoque le rythmé « The Punk and the Godfather » et son riff d’entrée de jeu implacable et ces lignes de chants géniales de Daltrey …mais l’espoir s’arrête rapidement lorsque Jimmy est refoulé à la fin du concert lorsqu’il souhaitait rencontrer les artistes …Une fois encore il est déçu et ses espoirs s’effondrent dans le dernier couplet chanté par Townshend. Quel pépite ce titre !
De cette expérience en découle le très beau « I’m One » chanté par Townshend, au départ acoustique puis Jimmy s’exite durant le refrain lorsqu’il clame « Je suis seul » et où la guitare électrique claque. Notre héro reprend sa vie peu reluisante s’occupant de ramasser les déchets et poubelles dans « The Dirty Jobs » encore une fois magnifique avec guitare et claviers se mariant à merveille. La pièce suivante « Helpless Dancer » démarre avec en fond une trompette et de piano avant que n’arrive le chant assez énervé et en stéreo passant d’un haut parleur à l’autre d’un Jimmy désabusé par tant de différences entre les classes de la société, en regardant sa situation.
L’un des meilleurs morceaux de l’album est certainement « I’ve Had Enough ». Après un démarrage sur les roulements de toms de folie de Moon arrive un titre rythmé, avec la guitare au 1er plan et un chant partagé entre Daltrey et Townshend, alternant donc les moments de doute puis de rage pour déboucher sur la magnifique partie poignante Daltrey chantant « Love, Reign O’er Me » enchainant avec une partie avec banjo et chantée par Townshend .. montrant plus que jamais le côté schizophréne de Jimmy.
Le titre suivant « 5:15 » est encore une fois une pépite tellement riche, avec des cuivres, une guitare toujours d’une efficacité redoudable, plaçant ce qu’il faut de notes et Daltrey totalement habité encore une fois. Là encore un Jimmy sous amphétamines est confronté aux regards des autres, ici dans un train pour aller à Brighton où il est coincé entre 2 hommes d’affaires dont le regard accusateur envers lui rajoute à son sentiment de rejet et d’exclusion de cette société.
Arrivé à destination dans cette ville en bord de mer, il repense à son ex copine, à ses parents … »Sea and Sand » est une magnifique chanson avec certainement les plus belles lignes vocales chantées par Daltrey. Ce titre est changements de rythme, d’humeur comme pour suivre les errances mentales anarchiques de Jimmy. Musicalement, la guitare riffe sévère avec toujours cette section rythmique tellement expressive !
Jimmy se perd, se noie .. dans « Drowned » titre bien rock avec ce duel piano / guitare bien jouissif.
Arrive mon titre préféré avec « The Real Me », le sublime « Doctor Jimmy », pièce de 8 minutes absolument magnifique à la fois poignante et rageante avec Daltrey donnant sa plus belle performance amplie d’émotion (« Is it me? For a moment ») . Ici sont présents des cuivres, des orchestrations collant tellement bien à l’humeur de la chanson. Jimmy semble avoir atteint le point de non retour et son esprit et ses réflexions partent dans tous les sens, un peu comme la musique avec ses nombreux changements … mais encore une fois quelle richesse musiciale … tellement de choses se passent durant ces 8 minutes.
Jimmy s’embarque dans un bateau durant le dernier instrumental de l’album, « The Rock » … et cela ne laisse présager rien de bon pour un Jimmy totalement perdu. On retrouve dans ce titre ici et là le thème musical récurrent de l’album, on attend le bruit de vagues, les trompettes au loin déjà entendues auparavant, au milieu du titre cette ligne de mélodie de guitare magnifique … mais la pluie redouble d’intensité, l’orage gronde …
Cette quête de soi-même se termine de la plus belle des façons avec ce « Love, Reign O’er Me » beau à pleurer sur lequel Daltrey s’arrache les cordes vocales donnant tout ce qu’il a pour traduire toutes les émotions de Jimmy.
Townshend se lache avec des soli tellement justes avec en fond toujours ces orchestrations sublimes … avant d’arriver à ce final, cette explosion sur les derniers roulements de toms de Moon. Jimmy boit cette pluie divine, apprend qu’il va devoir refaire face à tous ses démons, sa vie rude à la ville … bref il devient mature et adulte.
Il y a des albums qui m’ont profondément marqué .. « Quadrophenia » en est assurément un. Aussi bien par l’histoire qui me parlait tant lorsque j’étais ado (j’ai découvert ce disque à cette époque) que par la musique tout simplément géniale et si riche. Je trouve la production, le son du disque hors norme, d’une excellence et d’une telle justesse. Chacun instrument (et ils sont nombreux !) est à sa place, clairement entendu, il existe une dynamique dans le son tellement hallucinante. Un chef d’oeuvre, un concept album de légende parfait que je mets à côté de « Operation:Mindcrime » de Queensryche ou du « The Crimson Idol » de Wasp même légérement au dessus c’est dire comme il me touche. Quand la musique atteint de tels sommets, quand elle touche autant et va bien au delà des simples notes, c’est qu’elle touche et atteint pleinement son objectif

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