DAVID ROCK FEINSTEIN : « Bitten By The Beast » (c) 2010
Ecrire une chronique sur un album n’est pas si anodin. Même si beaucoup de personnes n’en lisent pas ou n’en tiennent pas compte pour acheter et découvrir des nouveaux artistes et groupes (et heureusement !), il arrive quelques fois que certaines chroniques aient un impact sur la réputation d’un disque et sur l’envie ou non de lui donner sa chance. Il faut, je pense, savoir être mesuré surtout quand on écrit sur des artistes n’ayant pas la notoriété d’un METALLICA car les mots peuvent avoir bien plus de conséquences sur des groupes de l’underground. Dire qu’on n’aime pas ou peu un disque est une chose, mais écrire que c’est de la merde tout le long d’une page A4 écrite en petit, c’est pour moi un acharnement inutile et je n’y vois aucun intérêt.
Cette introduction vient de la lecture d’une chronique de l’album solo « Bitten By The Beast » de DAVID ROCK FEINSTEIN (leader de THE RODS) dans laquelle l’auteur défonce le disque mais aussi le guitariste/chanteur/compositeur à qui on doit quelques classiques de la vague de heavy metal US du début des 80s avec THE RODS, dont le fameux « Wild Dogs », en écrivant que Feinstein est un mauvais guitariste et mauvais chanteur, un disque sans aucune une seule bonne composition, sans un riff riff potable … même Ronnie James Dio n’est pas épargné.
Ce « Bitten By Beast » n’est pas l’album du siècle mais reste un très bon album de heavy rock lorgnant vers le heavy metal ici et là pas si éloigné que cela des albums de THE RODS, bien loin de l’image d’un album pourri et raté. Et c’est pour cela que je souhaitais réhabiliter cette pure tranche de heavy à l’ancienne.
Ici pas de prise de tête, Feinstein nous balance ce qu’il sait faire le mieux, un heavy sévèrement burné à la RODS toujours à la limite du heavy rock et du heavy metal avec ses riffs de guitares si tranchants et ses descentes de manche efficaces et mordantes, et bien entendu sa voix crasseuse sentant le Jack Daniels à plein nez.
Cela démarre sur les chapeaux de roues avec le heavy « Smoke On The Horizon » et son riff blackmorien sous amphétamine et ce refrain tapant dans le mille. On note rapidement que le son et la prod, bien que puissante, n’est pas exempt de défaut comme ce son de guitare rythmique étrange ou le choix du mix de la voix, mais cela n’est que peu de chose comparé au plaisir dispensé par les compos addictives comme ce puissant « Evil In Me » qu’aurait pu composer ou être interprété par le Lemmy des années 00s époque « Inferno », ce « Break Down The Wall » assez hymnique parsemé d’interventions de six cordes au poil (velu) de Feinstein qui tient la guitare mais aussi la basse sur l’album, aidé par Nate Horton à la batterie. C’est la fête du riff je vous le dis et « Give Me Mercy » ne déroge pas à la règle. C’est simple mais redoutable, cela transpire le rock’n’roll, les clubs new yorkais bondés de fans de musique distordue et de whisky.
La majorité des compos de Feinstein sont ici mid-tempo mais le guitariste se permet de prendre un peu plus de vitesse sur le très réussi et remuant « Run for Your life » et nous gate d’un super bon solo plein de feeling et sans trop en faire.
Sur « Rocks Boogie », Feinstein s’amuse dans un boogie endiablé version heavy metal faisant penser à « La Grange » d’un ZZ TOP bodybuildé. Et pour le coup, nous nous amusons beaucoup à son écoute également.
Comme je le rappelais dans ma chronique du tout nouvel (excellent) album de THE RODS, David Rock Feinstein est le cousin de Ronnie James Dio, forcément cela crée des liens .. et on sent l’influence de DIO sur le très bon « Kill The Demon » qui n’aurait pas déparaillé sur un album du Lutin à la voix d’or. Et à propos de RJ DIO, on le retouve au chant du titre « Metal Will Never Dies », chanson qui allait prendre encore plus de sens à la sortie de l’album, le célébre chanteur ayant décédé quelques mois auparavant. Un pur morceau de heavy metal lourd au tempo pachidermique, un croisement entre BLACK SABBATH et DIO en solo fort réussi, et puis ré-entendre cette voix magique ne peut que procurer du bonheur.
Et comme pour dire un ultime adieu à son cousin, David Rock Feinstein concluait cet album avec une cover bien metalisée du « Gambler Gambler » d’ELF, co-écrite par lui et RJ DIO et qui figurait sur le 1er album d’ELF sur lequel Feinstein tenait la guitare.
On ressort de l’écoute de cet opus avec le sourire, avec la sensation d’avoir passé un très bon moment d’écoute d’un heavy sans fioriture, avec des refrains catchy, des riffs heavy et crasseux, des soli toujours lumineux, bref tout ce qu’on attend d’un bon disque de rock’n’roll bourré de testosterone. Un album qu’on peut ranger sans problème entre les meilleurs THE RODS et des albums de MOTORHEAD et DIO.
1. | Smoke on the Horizon | 04:49 |
2. | Evil in Me | 06:44 |
3. | Break Down the Walls | 04:27 |
4. | Metal Will Never Die | 05:20 |
5. | Kill the Demon | 05:42 |
6. | Rock’s Boogie | 04:04 |
7. | Give Me Mercy | 04:04 |
8. | Run for Your Life | 05:13 |
9. | Gambler Gambler | 04:05 |
44:28:00 |