SIGN OF THE WOLF : « Sign Of The Wolf » (c) 2025

Il faut toujours croire en ses rêves, qui sont souvent liés à notre passion. C’est grâce à celle-ci que l’on parvient à créer les plus beaux projets, avec une sincérité évidente qui se ressent.
Ce premier album de SIGN OF THE WOLF en est un parfait exemple, né de l’envie de Monsieur Bruce Mee, fondateur du magazine Fireworks et du célèbre festival anglais FireFest, qui a connu de belles heures durant les années 2010, de faire revivre le heavy/hard mélodique et épique du RAINBOW de la période Ronnie James Dio, avec une pincée du groupe DIO, et tant qu’à faire, en faisant appel à des musiciens ayant participé à ces groupes légendaires. Avoir une idée aussi brillante, c’est une chose, mais parvenir à la concrétiser avec succès, musicalement parlant, n’est pas toujours évident.
Prenons l’exemple du groupe LAST IN LINE, monté par les anciens de DIO : Vivian Campbell, Vinnie Appice, Jimmy Bain, avec le chanteur Andrew Freeman. Sur le papier, un line-up de rêve, mais au final, cela a donné deux albums et un EP globalement très moyens. Certes, il y avait ici et là de bons riffs et de bons titres, mais l’ensemble sonnait trop comme du sous-DIO, et l’ennui pointait vite le bout de son nez après quelques morceaux.
Cette fois-ci, Bruce Mee s’est adjoint les services — excusez du peu — de Tony Carey, claviériste de RAINBOW à la grande époque (celle de Rising et du live On Stage), de Vinnie Appice (Black Sabbath, Dio, Heaven & Hell) à la batterie, de Doug Aldrich (Dio, Whitesnake, Bad Moon Rising) à la guitare solo, Chuck Wright (Quiet Riot, House Of Lords) à la basse, ainsi que d’autres musiciens comme Fredrik Folkare (Unleashed, Eclipse, etc.) à la guitare et à la basse, co-auteur de la quasi-totalité des titres avec Mr. Mee, et Marc Boals (Yngwie J. Malmsteen, Royal Hunt, Iron Mask) aux chœurs.
Énoncée ainsi, cette liste de musiciens légendaires fait rêver, mais cette fois-ci, la musique et les chansons sont bel et bien à la hauteur de ce line-up de malades.
Dès l’épique premier titre, The Last Unicorn, avec son intro inquiétante, le voyage dans le temps commence, direction l’année bénie 1976. Ce synthé de Tony Carey enchaîné avec cet énorme riff de guitare, et que dire de la voix d’Andrew Freeman, frissonnante à souhait. Ce titre nous replonge dans le meilleur de Rainbow, avec une touche plus moderne et une accroche incroyable, sans oublier ce côté épique si prenant qui nous avait fait adorer Rising. Ces sept premières minutes montrent que l’alchimie et la magie sont au rendez-vous : ah, ce solo de synthé avec ce léger orgue en fond, et que dire du solo de guitare mêlant feeling et dextérité de Doug Aldrich. Quelle classe ! Un joyau d’entrée de jeu — et ce n’est que le début du feu d’artifice (Firework 😉).
Le propos devient bien plus heavy sur Arbeit Macht Frei, avec une basse qui claque, un riff surpuissant, et un chant de Freeman dans les couplets rappelant le Zack Stevens de SAVATAGE sur Taunting Cobras. Musicalement, ça joue d’enfer, et cette partie avec les deux guitares en harmonie, ce break inquiétant avant la reprise heavy et speed à la Stand Up and Shout de DIO, c’est du grand art.
J’adore le son des guitares rythmiques heavy, rappelant ce que faisait Aldrich sur Killing the Dragon, dès l’intro du plus mélodique Still in Me. Quelle belle pièce, avec un sacré bon refrain. Une leçon de hard mélodique alternant couplets doux et riffs plus heavy. Un hit imparable et inspiré, avec, une fois encore, une sacrée descente de manche sur six cordes !
Avec Silent Killer, retour à un heavy épique lorgnant vers le Black Sabbath époque Dio ou Tony Martin. Le chant de Freeman est, une fois de plus, parfait, puissant et accrocheur sur fond de riff décoiffant. Et puis… quel refrain ! Il faut le dire : Mee et Folkare sont doués pour écrire des refrains redoutables. Près de sept minutes de pur bonheur auditif — sans parler du festival de soli de guitare !
Le niveau exceptionnel ne faiblit pas avec le magnifique et envoûtant Rainbows End, à la mélodie parfaite et au riff saccadé, simple mais terriblement efficace. Ce morceau évoque le Tyketto du premier album, qui avait su trouver l’équilibre parfait entre mélodie et riffs heavy.
Le magicien des claviers Tony Carey nous régale sur l’intro de l’épique Rage of Angels, qui nous replonge dans l’âge d’or des Stargazer et Gates of Babylon. Quel voyage passionnant, entre mélodies envoûtantes, riffs puissants et guitares parfaitement harmonisées. Un joyau.
Superbe trouvaille également que ces petits licks de guitare ouvrant Murder at Midnight, mené par un sacré bon riff. Impossible de ne pas être embarqué : on a envie de hurler le refrain à tue-tête. Quelle performance vocale d’Andrew Freeman, bien plus impressionnant ici que dans Last In Line, sans comparaison possible.
Bouncing Betty est un excellent titre, racé et mélodique, rappelant le meilleur des années 80, à la croisée du Blue Murder de John Sykes et du Whitesnake… toujours avec Sykes, en 1987 !
Et voilà déjà le dernier titre, et pas des moindres : Sign of the Wolf, qui donne son nom au groupe et à l’album. Dès le début, Andrew Freeman brille et montre à quel point il est un chanteur de grand talent. Les riffs sont costauds, la section rythmique tabasse, et que dire de ce refrain de fou : puissance, mélodie, intensité épique, le tout sur un tempo qui secoue. Juste fantastique. Les mots me manquent. Ce morceau m’embarque quelque part entre le Rising de Rainbow, le Heaven & Hell de Black Sabbath, le Last In Line de Dio et Tyr de Black Sabbath. Il n’a rien à envier à ses glorieux aînés.
En 51 minutes et 9 titres, Bruce Mee a réussi son pari : offrir des compositions d’une qualité rare aujourd’hui, ressuscitant avec brio le meilleur de la fin des années 70 et du début des 80 en matière de hard/heavy classieux, mélodique et épique — ce qui nous avait fait adorer Rainbow, Black Sabbath avec Dio, et Dio tout court. Il ne s’agit en aucun cas d’un simple copier-coller de ces groupes ou albums, mais de compositions authentiques, riches de personnalité, portées notamment par la voix fantastique d’Andrew Freeman et des musiciens qui respirent la passion et la sincérité. Bien plus qu’un hommage, cet album est, je l’espère, une porte ouverte vers des concerts et d’autres albums à venir.
Un chef-d’œuvre de cette première moitié d’année, sans hésitation aucune.
1. | The Last Unicorn | 07:15 |
2. | Arbeit macht frei | 04:51 |
3. | Still Me | 04:28 |
4. | Silent Killer | 06:53 |
5. | Rainbows End | 05:21 |
6. | Rage of Angels | 06:57 |
7. | Murder at Midnight | 04:07 |
8. | Bouncing Betty | 04:23 |
9. | Sign of the Wolf | 07:27 |
51:42:00 |