GHOST : « Impera » (c) 2022
GHOST est un groupe faisant beaucoup parler de lui, non pas à cause de leurs frasques ou de provocations dont étaient habitués certains groupes des 80s, non … mais à cause de leur orientation musicale depuis quelques albums dans lesquels les suédois ont donné plus de place au côté ….pop. Aïe le mot est laché .. celui qui fache. Celà me fait sourir et un brin de nostalgie monte en moi, me rappelant les 80s et ces « croisades » contre tous les groupes qui « osaient » mettre des claviers dans leur heavy, voulaient rendre leur musique plus mélodique et avec plus d’arrangements. Alors bien évidemment, cela menait quelques fois à des beaux rattages sentant beaucoup trop la compromission .. mais dans d’autres cas, cela donnait des belles réussites. N’en déplaise à ses détrateurs, « Turbo » de Judas Priest était un belle réussite, « Hysteria » une petite merveille … de même que les albums d’un des groupes ayant influencé Ghost, Blue Oyster Cult avec ses « Club Ninja » ou « The Revolution By Night » loin d’être loupés, bien au contraire. Comme tous ces groupes mythiques, Ghost a ressenti le besoin d’évoluer .. et heureusement. Après 1 album assez sombre et hommage à Mercyful Fate et Blue Oyster Cult, le groupe enlevait une partie de leur côté heavy metal au profit de pop dans « Infestissumam » puis dans « Meliora » mais restait quand même une certaine puissance. Pour être franc, je n’ai jamais été fan de ces 3 premiers albums mais je reconnaissais leurs qualités. Et puis voilà que « Prequelle » débarque dans le bacs il y a 4 ans … et pour le coup, ceux qui ralaient déjà à la sortie de « Infestissumam » firent la gueule car jamais la bande à Tobias Forge n’avait autant fleurté avec la pop en rendant tous leurs morceaux hyper accrocheurs et instantanément mémorisables.. et c’est certainement ce qui m’avait plus. Leur côté plus sombre, heavy du 1er album … comment dire .. je préférais aller écouter les 1er Mercyful Fate … tandis que là, je découvrais un groupe proposant sa propre mixture, une musique reconnaissable entre mille, un espèce de hard-heavy-pop théatrale donnant le sourire et aux mélodies bien vicieuses. Une musique qu’on avait envie de détester mais qui finissait par avoir raison de nous., de notre carapasse de grosse brute de hardos ! C’est ça qui me plaisait dans ce « Prequelle » et que je retrouve dans ce nouvel album « Impera » avec un côté encore plus assumé. Sous un embalage jouant sur cet univers mystique et étrange crée par Tobias Forge, ses paroles imagées, la musique derrière rappelle beaucoup de groupes des 80s (ou de la fin des 70s) mélangeant des splendides mélodies, des ambiances nous faisant voyager .. je pense à Kansas, à Magnum, aux 1ers Toto, Boston ou Triumph. Alors bien sur la musique de Ghost est différente mais partage avec ces groupes un sens de la mélodie, dans la construction des morceaux pour en faire des condensés de mélodies imparables. Comme résister à ce « Kaisarion » avec ce petit break musical mené par cette basse jouissive, comme ne pas fondre devant ce clavier démarrant le « Spillways » (« Runaway » ??) donnant envie de se tortiller dans un trip très hard AOR 80s foutrement réussi. Changement d’ambiance avec mon titre préféré de l’album, « Call Me Little Sunshine » sur lequel Tobias est arrivé à synthéser tout ce qu’il essayait de faire depuis des années : une petite pièce musicale de 4 minutes envoutante par son ambiance et ses mélodies portées par cette ligne de guitare vicieuse, ces choeurs qu’on se met à chanter, ces harmonies de guitares ici et là tout en gardant des riffs bien présents. La grande réussite du groupe et l’un de leurs meilleurs titres. Rebelotte avec « Hunter’s Moon » entrainant à souhait et qui s’énerve un peu à mi-parcourt avec ces choeurs glaçants dans le fond et encore une fois un bien chouette break musical.
Et comment ne pas succomber à la beauté d’un « Darkness At The Heart Of My Love » , cette intro envoutante avec ces guitares acoustiques, cette voix doublée de Tobias avant ce refrain beau à pleurer complété avec des magnifiques harmonies de guitares. On se laisse porter par le morceau, on ferme les yeux et on apprécie.
Autre moment fort de l’album, le très bon « Griftwood » et son riff très 80s, ces petits licks de guitares ici et là (à noter le gros travail des guitaristes avec bon nombre de petites interventions ici et là rajoutant à la richesse du tissu sonore des chansons) et bien sur la mélodie vocale imparable.
Les suédois nous quittent sur un magnifique « Respite On The Spitalfields » commençant comme une ballade rappelant un peu Alice In Chains avec une certaine mélancolie dans la voix de Tobias, puis un le morceau s’énerve un peu avant un refrain grandiose typique du groupe avant une série de soli de guitares absolument sublimes. Le morceau ne cesse d’évoluer, de progresser et nous étonne jusqu’à ce très beau final qui reprend la belle mélodie de guitares ayant introduit l’album durant « Imperium ».
Non franchement GHOST est très fort et m’a eu .. car j’étais parti pour détester cet album après sa 1ère écoute .. et je me retrouve à l’écouter en boucle et à l’adorer. Oui c’est du pop metal / hard .. mais au final .. on s’en fout car cela produit son effet .. sur moi en tout cas et j’adore et me rappelle de temps en temps ce que fait ou faisait Alice Cooper. Les suédois sont très forts je me répète et je pense que l’on tient le seul groupe de talent susceptible de sortir de telle grosse production et d’attirer les foules. Oui ils ne sont pas Maiden ou Metallica, et heureusement mais la relève se trouve là devant nos yeux, avec eux, pour remplir les Bercy et autres arenas, et franchement cela me va !