RUNNING WILD : « Blazon Stone » (c) 1991
Il suffit des fois de pas grand chose pour qu’un groupe accède à un succès beaucoup plus large. Prenez par exemple RUNNING WILD. Après un début de carrière de haut vol et 3 albums les ayant propulsé sur le devant de la scène heavy metal européeenne, on voyait en eux les futurs Maiden ou Accept. « Under Jolly Roger » avait annoncé le renouveau de la musique des nouveaux pirates, le somptueux « Port Royal » montrait enfin un line-up solide, avec Rolf Kasparek laissant les autres musiciens composer et apporter beaucoup au heavy inspiré des allemands. RUNNING WILD était enfin un vrai groupe et non plus que celui de son leader. « Death Or Glory » débarqua en 1989 et les critiques furent unanimes, le groupe venait de sortir leur meilleur album, un disque qui ferait date dans l’histoire du hard. Un opus en tout point remarquable en terme de compositions, d’interprétation où même la basse se taillait une part de lion, avec un Kasparek délivrant sa meilleure performance vocale, une prod aux petits oignons à la fois puissante et d’une clarté enchanteresse. Et pour parfaire le tout, l’album sortait une major, EMI, le puissant label de Maiden. Et comme bien souvent malheureusement, ce fut comme pour beaucoup d’autres groupes, lorsqu’on pensait leur heure de gloire arrivée, que la carapace commença à se fissurer. Sans être expert de la biographie du groupe, je soupçonne que des ennuis avaient commencé lors de la tournée européeenne trop ambicieuse et mal gérée de l’album. Alors que l’album se vendait bien, la tournée aurait du être aussi un succès commercial et propulser le groupe dans de hautes sphères mais il n’en fut rien la faute à des frais engagés beaucoup trop importants (énorme scène avec drakkar ….) par rapport aux salles et aux revenus engendrés par les dates. Le public répondit présent mais le groupe finit la tournée avec les comptes dans le rouge, un comble pour un groupe au sommet de leur succès ! Il leur avait manqué un bon manager, un Rod Smallwood .. et là l’histoire aurait été différente. Toujours est il que cela eut certainement une conséquence sur la suite des évènements et sur la décision de Rolf Kasparek de se séparer de Majk Moti et Ian Finlay. Il en résulta un nouvel album, « Blazon Stone » même si réussi, globalement bien moins percutant et mémorable que ses prédécesseurs. Pour la 1ère fois, on sentait que la bande à Rock ‘n’ Rolf faisait du sur place et se répétait sans arriver à égaler la qualité des disques précédents. Alors attention car RUNNING WILD balançait quelques très bons brûlots tels « Blazon Stone », « Little Big Horn » narrant l’histoire du massacre des tuniques bleues de A. Custer à Fort Apache avec toujours ce sacré sens du riff qui tue comme sur « Lonewolf » mais néanmoins la lassitude venait petit à petit à l’écoute de certains titres moins inspirés tels « Slavery », « Bloody Red Rose ». On note aussi la volonté de Kasparek de tout miser sur les grosses guitares au niveau de la production … mais malheureusement cela fut fait au détriment des autres instruments et on se retrouve avec un son hyper compact, beaucoup moins aéré et dynamique avec une basse guère audible. Cela m’a toujours embêté lors de l’écoute de l’album et déçu alors que la prod de « Death Or Glory » m’avait tellement enchanté et constituait pour moi l’un des points forts de l’album. Autre bizzarerie, la non inclusion à l’album du brûlot « Billy The Kid » sur la plupart des supports (vinyles, cd) alors que le titre sortit un single (avec en face B une cover de « Genocide » de Thin Lizzy). Alors attention, mon propos est certainement un peu rude au sujet de « Blazon Stone » mais cela est du à ma grande déception à sa sortie … mais il n’en demeure pas moins un bon album avec beaucoup de qualités, ne vous méprenez pas .. mais j’attendais en 1991 un disque d’une qualité équivalente voire meilleure à celle de ses prédécesseurs, persuadé que les allemands étaient la relève du heavy metal européeen. A l’inverse d’autres grands groupes de hard des 80s, je pense que RUNNING WILD avait eu le malheur de se refermer sur eux (sic) même, ou plutôt que son leader n’avait pas réussi à laisser entrer plus de gens dans son projet pour en faire un vrai groupe, et cela a poursuivi Kasparek durant tout le reste de sa carrière, malgré une dernière salve de très bons albums (« Pile Of Skulls » et » Black Hand Inn »).
Side A | ||
1. | Blazon Stone | 06:30 |
2. | Lonewolf | 04:49 |
3. | Slavery | 05:15 |
4. | Fire & Ice | 04:09 |
5. | Little Big Horn | 05:00 |
Side B | ||
6. | White Masque | 04:17 |
7. | Rolling Wheels | 05:33 |
8. | Bloody Red Rose | 05:06 |
9. | Straight to Hell | 03:50 |
10. | Heads or Tails | 04:58 |
49:27:00 |