VENIN : « Le premier sang » (c) 2025

Pourquoi on aime le hard ? Vous avez 2 heures ! En attendant, je peux parler en mon nom. Le hard, c’est une période me concernant, les années 80, mon adolescence et la découverte de la musique et plus particulièrement le hard rock et le heavy metal quand j’étais au collège (1983-1987). Une époque bénite durant laquelle les fondations de notre musique préférée ont été posées. Il y avait d’un côté les grands groupes internationaux qui nous faisaient réver avec leurs scènes et décors de folie (Iron Maiden, Judas Priest, Scorpions, Black Sabbath etc…) et de l’autre la scène française qui pénait à passer nos frontières mais qui nous ravissait au plus haut point. Elle respirait la sincérité (surtout jusqu’à 1985/1986), l’authenticité avec des qualités et certains albums devenus cultes depuis, malgré un manque évident de moyen et de soutien par le monde français de la musique. On découvrait et tombions sous le charme de groupes ayant une belle personnalité : VULCAIN, SORTILEGE, ADX, FISC, KILLERS, ATTENTAT ROCK et tant d’autres. A côté de cela existait aussi une scène underground avec plein de groupes aussi bons qui ne réussirent jamais à décrocher le bon deal, certainement car n’ayant pas les bons contacts. VENIN faisait partie de ces groupes talentueux. Depuis la Canebière, le quatuor mené par Jean Marc et Fabienne sortit néanmoins un 1er EP en 1986 devenu culte avec le hit « Passe Temps ». L’aventure ne dura que quelques années et le groupe splitta et il fallut attendre 2015, soit quasi 30 ans plus tard, pour que Jean Marc et Fabienne remettent le couvert, rééditent leur 1er EP et sortent en 2018 enfin leur 1er album abum « La Morsure de temps » en tout point remarquable. Un groupe solide (avec Fabrice Baud à la 2nde guitare) qui partit pendant 3 ans sur les routes jouant dans les festivals renommés de hard tels South Troopers Festival, Pyrenean Warriors Open Air, Vouziers etc… Après une parenthèse sous un autre nom (Inittab) VENIN revient enfin en 2025 plus fort que jamais avec leur 2nd album longue durée intitulé « Le premier sang » avec comme line-up Jean Marc à la guitare et au chant, Lionel à la 2nde guitare (ex SLAUGHTER), Hélène à la basse (et backing vocals) et Gérald (ex SLAUGHTER) à la batterie. Le 1er contact avec cet opus est sa pochette et sa magnifique peinture, oeuvre de Bernard CIOCHETTI à qui on devait déjà la pochette de l’EP de 1986 mais aussi d’une compilation sortie en 2015 et de l’EP d’ INITTAB « La Fleur des Dieux ».
Mais parlons musique, il serait temps ! La plupart des titres ont été rodés en live depuis plus de 3 ans et je connais la majorité des morceaux et je dois dire que leur rendu en version studio est absolument génial !
Ce qui me frappe en 1er est le son et la prod sans fioriture et qui respirent le naturel. On est loin des grosses productions formatées, sans âme, sans puissance ou alors avec un gros son dopé, compressé et ne sonnant pas vrai pour un sou. L’album a été enregistré dans les studios de la salle Simon Veil à Chateauneuf les Martigues (à 6 km de chez moi !) et je suis très agréablement surpris comme l’ensemble sonne très bien et me fait un peu penser dans la démarche à la prod du « A Matter Of Life And Death » de Maiden : comme si le groupe jouait dans mon salon, avec des guitares puissantes, une section rythmique costaud avec une VRAIE batterie et sonnant comme telle (cela devient tellement rare !) et la basse d’ Hélène bien mise en avant, et cela me fait plaisir.
Bien sur tout n’est pas parfait mais l’ensemble sonne à mes oreilles tellement meilleur qu’une majorité de sorties actuelles acclamées alors que sonnant tellement plat, formaté et plastoc.
Cela démarre pied au plancher avec le brûlot « Des notes et des mots » composé et joué live par le groupe depuis 2018. Le morceau commence avec un violon, hommage à Wallace Hartley violonniste disparu pendant le naufrage du Titanic en 1912 et dont on avait retrouvé un mot dans une bouteille jetée à la mer durant la catastrophe. On reconnait immédiatement la voix si chaleureuse de Jean Marc et son « petit » accent sentant les cigales et le 51.
Les riffs sont bien heavy, les soli avec la pédale wah wah de Lionel du plus bel effet et que dire de cette partie de guitares en harmonies. Jean Marc n’a rien perdu de son sens de la mélodie accrocheuse dès la 1ere écoute. Un titre typique de VENIN excellent et parfait pour lancer l’album.
Le titre suivant s’appelle « Accepte Moi » et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il porte parfaitement son nom tant le riff rappelle le groupe allemand ACCEPT des grandes années (« Breaker » à « Russian Roulette »). Un riff imparable (un petit air de celui de « Princess Of The Dawn »), un refrain diabolique avec la voix doublée augmentant l’impact, et des paroles d’une grand sagesse sur les relations humaines devant être faites de compromis et d’acceptance de l’autre. La pédale wah et wah est de nouveau sortie pour le 1er solo. Un titre vraiment très bon, un hit en puissance.
Quelques arpèges, quelques cymballes commencent le title track « Le Premier sang » avant un riff heavy sur un tempo lent démarre la chanson. Le riff et les guitares sonnent d’enfer, le refrain addictif comme le sang des victimes de ces vampires évoqués dans les paroles. Un mid tempo à la fois heavy et mélodique rappelant les meilleurs titres de leur 1er album.
Le tempo s’accélère sur le véloce « Mes rêves » lancé à vive allure par la batterie de Gérald et ces twin guitares en harmonies magniques. La pédale de double grosse caisse claque, le groupe aime ce genre de speed track comme c’était le cas sur « L’instant » sur l’album précédant. La mélodie est une nouvelle fois d’une grande efficacité. Le son des guitares rythmiques me rappelle celui d’un certain « Powerslave » et forcément, j’adhère. Lionel et Jean Marc nous régalent de soli et harmonies de guitare semblant être devenues la marque de fabrique du groupe, plus qu’auparavant et pour mon plus grand bonheur ! A noter le petit ralentissement de tempo à 4 minutes typique groupe débouchant sur une chouette partie instrumentale avec les guitares une nouvelle fois en harmonies. Un titre superbe de plus de 6 minutes, parfaitement composé et avec une bien chouette progression.
« Dis moi si c’est beau » démarre d’une façon inattendu avec la basse folle d’Hélène avant qu’un gros riff heavy sorte des enceintes dans ce mid tempo dédié à 2 amis proches disparus de Jean Marc. Une ambiance lourde, heavy donnant sur à environ 4 minutes une belle partie instrumentale avec ces harmonies de guitares puis cassure rappelant fortément ce que fait Maiden depuis une vingtaine d’années, le titre part dans un petit break celtique bien vu.
Changement d’ambiance avec le riff bien remuant et groovy de « Oui Toi », qui résonne comme une déclaration d’amour après quelques décennies passées ensemble.
Surprise en piste n°7 avec une reprise d’un titre du groupe SLAUGHTER « Excalibur » dans lequel sévissaient Gérald et Lionel dans les 80s dans la région marseillaise. Un très bon titre heavy et épique dont certains riffs me rappellent l’ambiance et la sonorité des guitares du « Piece of mind » de Maiden (la partie instrumentale de « Where Eagles Dare »).
La version standard de l’album se termine pour une magnifque power ballade « Demandez lui ». Jean Marc est fort dans cet exercice là comme il nous l’avait démontré sur le très beau « Souviens toi de moi ». Sa voix est emplie d’émotion sur ces arpèges de guitare, les grosses guitares arrivent sur le refrain. Une power ballade 100% années 80s gardant un côté heavy. On a besoin de ce genre de musique composée et jouée par des groupes ayant vécu et joué dans ces années là car ils y apportent du vécu et leur âme, sans aucune triche, avec leurs tripes et sincérité. La mélodie, les riffs, ces harmonies donnent vie à ce superbe titre de même que ces chouettes lignes de basse d’Hélène à la fin du morceau.
Le groupe nous régale avec un instrumental absolument top « Extraball » composé par Mathieu Battini, le fils de Jean Marc. L’intro du titre n’est pas piqué des vers avec des bruits de filpper et aussi cette musique de « The Trooper » de Maiden jouée façon musique de flipper ! . Suit un instru de haut vol digne du meilleur de Satriani,c’est à dire basé sur les mélodies de guitares (jouées par Lionel, Mathieu s’occupant des guitares rythmiques et Jean Marc passé derrière la basse).
L’album se termine par une captation live de 3 titres enregistrés à l’Usine d’Istres en 2022 : « La Fleur des Dieux » (de l’EP d’INITTAB), « La Faute aux souvenirs » de l’album de VENIN « La Morsure du temps » (je faisais une apparition dans la clip de la chanson 🙂 ) et enfin leur hit imparable « Passe-Temps » de leur 1er EP de 1986. Ces 3 titres live gagnent sacrément en puissance comparé à leur version studio : gros son et il faut dire que la nouvelle mouture de VENIN a la rage et fonctionne à plein régime.
En voilà donc un superbe album. Après la période covid qui semblait avoir eu raison de VENIN, on n’espérait plus les revoir mais c’était sans compter la passion et la pugnacité de Jean Marc et ce retour avec ce 2nd opus est inespéré et réussi à tous les points de vue. Un immense bravo pour votre musique, votre personnalité, vos mots qui me touchent tant. A tout jamais …..
1.Des notes et des mots
2.Accepte moi
3.Le premier sang
4.Mes rêves
5.Dis moi si c’est beau
6.Oui toi
7.Excalibur
8.Demandez lui
9.Extra ball
10.La fleur des dieux (Live)
11.La faute aux souvenirs (Live)
12.Passe-temps (Live)