ANIMALIZE : « Verminateur » (c) 2025

ANIMALIZE : « Verminateur » (c) 2025

Verminateur
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Publié: 23/05/2025

« On n’a qu’une seule vie, donc profitons-en un max ! » Cette devise sied à merveille à ANIMALIZE. Ils sont jeunes, ils sont beaux, ce sont des musiciens et compositeurs talentueux, affirmant que dans dix ans, ils auront raccroché leurs guitares. Alors autant foutre le bordel un max tant qu’ils sont jeunes, et marquer les esprits (et les oreilles, bien sûr !).

Dès 2020, avec la sortie de leur excellent premier EP Tapes From The Crypt, Niels « Le Coyote » et sa bande tracent leur route Sous l’Œil du Charognard, à contresens, direction les années 80 : leur look (leggings en cuir, vestes en jean couvertes de patchs, cartouchières, bracelets cloutés, belles tignasses), leur attitude rebelle et grande gueule, avec leur langue bien pendue, et bien sûr leur musique.

Ce premier EP, mais aussi leur premier album Meat We’re Made Of, nous replongeaient dans le heavy des années 80, souvent speed, voire un peu thrash sur leur premier album, mais avec quelques touches plus soft et hard rock charmeur ici et là.

Qu’en est-il de cette seconde offrande, Verminateur, à la pochette encore une fois bien délirante (à noter que la jeune femme apparaît aussi dans le clip génial de Damnée) ? Eh bien, je dirais que, dans sa grande majorité, la musique a pris un virage plus heavy/hard rock mélodique, beaucoup moins speed et moins énervé que leurs efforts précédents, ce qui contraste avec le titre de l’album. Est-ce un mal ? Absolument pas, car le groupe a amélioré et accentué le côté ultra catchy de ses mélodies.

Sous l’Œil du Charognard sur le premier EP, ou Samouraï de l’Univers sur le premier album, avaient déjà cette grande qualité. Sur ce nouvel album, tous les titres sont de cet acabit : Armée de la Nuit, nerveux, totalement irrésistible (mon morceau préféré du disque), avec un riff imparable, un chant au top, une mélodie qui s’incruste à jamais dans votre cerveau, des soli pas trop bavards, juste ce qu’il faut de notes.

Damnée est une petite merveille, un putain de hit qu’on croirait sorti d’un vieux disque de hard paru en 1985, avec cette dualité qui fonctionne à merveille : un riff heavy couplé à un chant étonnamment soft de Niels, mais collant parfaitement au titre (quel refrain, ces petits chœurs kitsch mais parfaits !), et ce petit break avec un synthé d’un autre temps. Je vous conseille de regarder la vidéo/mini-film du morceau, totalement jouissive, bourrée de références.

On remarque évidemment que le groupe a choisi de chanter en français tout au long de l’album, à l’inverse de ses débuts où il alternait anglais et français. Le quatuor a décidé de rendre hommage à la scène hard des années 80.

Ici, peu de morceaux speed, à l’exception du title track Verminateur, bien rapide, que l’on avait découvert en avant-première lors de festivals en 2024 (South Troopers Festival ou Pyrenean Warriors Open Air). Certaines intonations du chant de Niels sur ce titre me rappellent l’un de mes groupes préférés, MALEDICTION.

Mais cette fois-ci, le groupe excelle dans les mid-tempi d’une efficacité jouissive. Impossible de résister à Au Jugement de Soi (quel riff !), entraînant avec sa mélodie qui tue, ce petit break parfait avec le seul chant de Niels, ces mélodies et harmonies de guitares imparables, capables de faire fondre le plus méchant des black metalleux ! Ce morceau est un hit, la définition même de ce que doit être une chanson de hard chantée en français.

Comme sur l’album précédent, le groupe glisse un interlude musical digne d’une B.O. de Stranger Things, Invasion servant d’intro au très bon Envahisseurs. Encore une fois, je trouve que la façon de chanter de Niels et certains enchaînements d’accords rappellent MALEDICTION. À noter sur cette piste le gros travail sur les guitares : mélodies, soli, harmonies qui s’enchaînent avec un côté presque théâtral, et ces voix doublées qui renforcent l’atmosphère très spéciale de ce titre vraiment très bon.

Changement d’ambiance avec ce pur moment d’émotion qu’est Prière de Remords, un piano-voix enrichi de quelques instruments à cordes et cette voix si belle de Niels. Typiquement, c’est sur ce titre qu’on se rend compte que la langue de Molière colle à merveille aux compositions du groupe. On pense à William Sheller. Un moment suspendu dans le temps, magnifiquement beau.

Je lis ici et là que l’ombre de WARNING plane sur certains titres. Personnellement, je ne trouve aucune ressemblance avec ce groupe des années 80, qui pratiquait un hard rock souvent influencé par le blues, alors que la musique d’ANIMALIZE en est exempte. On pense plutôt à MALEDICTION et aussi à SORTILÈGE, comme sur la sublime pièce Bons Baisers d’Outre-Tombe, sur laquelle les progrès du groupe en termes de composition sont flagrants. On pense à la bande à Zouille, habituée à écrire des morceaux comme de petites histoires mises en musique, et ce titre est du même acabit.

Après une intro angoissante, les guitares lancent le titre avec un excellent riff, la voix tout en retenue de Niels, et un tempo qui varie, donnant une touche particulière au morceau, jusqu’à ce final speedé durant lequel Niels se lâche complètement, avec l’inclusion d’un synthé très 80s dont le groupe semble être fan.

La conclusion pointe le bout de son nez, et le groupe nous quitte avec Reviens-moi, fort réussi, commençant avec des harmonies de twin guitars très « maideniennes ». Et, comme c’est souvent le cas chez les Lyonnais, impossible de passer à côté du clin d’œil guitaristique à Joe Dassin 🙂

En 36 petites minutes, ANIMALIZE n’a pas eu besoin de plus pour balancer un second album parfait de la première à la dernière note. Quand on connaît bien le groupe depuis leur premier EP, la première écoute peut surprendre par le côté moins speed, moins typiquement heavy à la RIOT, mais plus mid-tempo et moins énervé cette fois-ci. Mais je trouve que le groupe a, sur cet album, trouvé sa personnalité, ses marques, chaque titre ayant une identité propre et une putain d’accroche imparable. Et puis, le français dans le chant de Niels leur va tellement mieux (je l’écris depuis ma première chronique en 2020 de leur EP !). Un grand bravo au groupe pour cet album, qui devient meilleur à chaque nouvelle écoute.

1. Armées de la nuit 03:27
2. Damnée 04:05
3. Cheval astral 03:44
4. Verminateur 03:22
5. Au jugement de soi 04:24
6. Invasion 01:01
7. Envahisseurs 04:08
8. Prière de remords 02:46
9. Bons baisers d’outre-tombe 05:14
10. Reviens-moi 04:22
36:33:00