SATAN : « Earth Infernal » (c) 2022

SATAN : « Earth Infernal » (c) 2022

Earth Infernal
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Publié: 01/04/2022
Il y a des groupes pour qui tout réussit suivant un plan de carrière qui semble évident … et on aurait tendance à dire que rien n’est compliqué et que tout cela n’est que du bon sens : jouer dans des clubs, se faire repérer par un label, enregistrer des albums, partir en tournée … surtout dans les 80s argumenteront certains. Si la vie était si facile … bon nombre de groupes des 80s n’ont jamais réussi à décrocher un deal malgré la qualité évidente de leur musique, d’autres avaient réussi mais se sont plantés car mal entourés, d’autres ont joué de malchanche et ont eu un parcours pour le moins chaotique. On pense à Satan (Band) qui avait pourtant démarré en fanfare leur carrière avec des démos fantastiques, « The First Demo » (1981) et « Into the Fire » (1982) avant de sortir un album en tout point remarquable devenu culte, l’un des joyaux (oublié) du début des 80s, « Court In The Act » ayant peut être eu le malheur de sortir un peu trop tard (1983) et n’ayant pas pu bénéficier de l’engouement de la NWOBHM des années précédentes. Il n’en reste pas moins un album fantastique à la musique unique, un heavy speed metal très énergique drivé par 2 guitaristes inspirés se livrant sur quasi tous les titres à des duels de guitares à faire palir d’envie la paire Murray/Smith, un chanteur à la voix atypique Brian Ross mais donnant tellement de personnalité aux chansons du groupe. La suite avait été beaucoup plus compliquée, avec Brian Ross partant dans BLITZKRIEG, mettant temporairement SATAN en pause. Les 4 autres musiciens optèrent pour changer de nom et sortir en 1985 un album sous le nom de BLIND FURY avec le chanteur Lou Taylor et proposant une musique un peu différente, avec des titres à la structure un peu plus complexe. Le public ne suivit pas, certainement perdu par ce changement et nom mais SATAN revint avec un très bon « Suspended Sentence » en 1987 avec le chanteur Michael Jackson (on ne rigole pas !). Comme si ce n’était pas déjà assez compliqué, le groupe changea encore de nom pour PARIAH et enregistra 3 albums dans une veine plus thrash mais aussi bien moins originale et inspirée .. et splitta. Steve Ramsey et Graeme English partirent former SKYCLAD qui rencontra un bon succès. Et c’est à l’occasion d’un concert organisé fin 2010 pour SKYCLAD au Korigan (Aix En Provence) célébrant les 20 ans du groupe, que les 2 musiciens m’apprirent la reformation imminente de SATAN, pour notre plus grand bonheur. Le groupe joua en effet l’année suivante au Keep It True et travailla à la composition d’un album, « Life Sentence » qui vit le jour en 2013, tout simplement l’un des meilleurs disques sorti par un groupe se reformant. Après cette longue (mais nécessaire) introduction, attardons nous donc sur ce nouvel album « Earth Infernal » des anglais, le 6ème et déjà leur 4ème depuis leur reformation. On note que le line up est toujours le même .. le même que celui qui avait enregistré le fameux « Court In The Act » il y a 39 ans, ce qui est quand même assez exceptionnel et rare pour être souligné ! Le 1er contact avec cet album se fait par cette sublime pochette et son dessin ou plutôt devrais je dire l’oeuvre signée Eliran Kantor, très talentueux artiste travaillant pour le groupe depuis « Life Sentence » (à qui on doit également la très belle pochette du dernier Helloween). On retrouve encore une fois ce skelette présent sur chacune des pochettes d’albums des anglais mais cette fois ci dans un environnent semblant être la Terre dévastée. Et à la lecture des paroles des chansons, on sent que le propos des anglais est beaucoup plus sombre que sur celui de leur précédent album, certainement à cause des 2 dernières années ayant plongé le monde dans le chaos avec la covid. Musicalement, le groupe propose à peu de chose près la même formule gagnante qui nous avait enchanté les esgourdes sur « Life Sentence » ou « Cruel Magic », avec un côté sombre un peu plus prononcé et certaines morceaux à la structure un peu plus complexe. Et SATAN commence très fort avec « Ascendancy » qui conjugue à la perfection toute la richesse de la musique des anglais et démontre ce que l’on savait déjà, la virtuosité des musiciens. Après une intro martiale, le titre part sur un tempo endiablé méné par la section rythmique Sean Taylor à la batterie et Graeme English à la basse diablement efficace. On note l’excellente mise en son de ces instruments. Le duo guitaristique Russ Tippins / Steve Ramsey reste fidèle à sa réputation de riffeurs de l’Enfer avec un son de guitares tellement unique et marque de fabrique du groupe (si vous cherchez le « gros » son made in NB .. passez votre chemin .. ici c’est le côté naturel et gavé de dynamique qui prime). Ca joue à 200km/h aussi bien au niveau des riffs que de ces harmonies et soli de guitares enchainés et déchainés. Quel bonheur pour nos oreilles. Et bien sûr, le chant, autre caractéristique identifiant la musique du groupe, et bien on constate de suite que Brian Ross n’a rien perdu de sa voix, et cela est extraordinaire (68 ans le Monsieur quand même) et il arrive à chanter des mélodies à la fois vicieuses, mélodiques. Un titre évoquant le piège de l’accès au pouvoir ou à la gloire de personnes au départ pleines de bonne volonté et de valeurs .. mais qui succombent à la tentation, à l’argent et se corrompent. « Burning Portrait » était le 1er extrait présenté par le groupe il y a quelques semaines. Il présente le groupe à son sommet de son art, avec un riff inquiétant (la tonalité des guitares), dans une ambiance glaçant le sang avec une cassure rythmique étonnante mais typique du groupe durant le refrain. A la moitié du titre, les 2 six cordistes nous régalent d’harmonies à 2 guitares pendant que Sean Taylor fait un feu d’artifice derrière ses futs. Un titre à la structure peu conventionnelle qui jamais ne perd l’auditeur, au contraire il l’embarque durant cette régalade auditive. Les anglais ne lèvent pas le pied sur le nerveux « Twelve Internal Lords » et son riff venimeux sur cette histoire évoquant une court suprême composée de 12 juges démons dont celui présent sur la pochette de l’album : ils sont déterminés à détruire l’environnement en utilisant des lois, en les contournant pour planter des graines de la méfiance et de chaos et foutre en l’air la planète. Changement d’ambiance avec le magnifique court instrumental « Mercury’s Shadow » commençant par des guitares acoustiques bien venues, avant qu’un riff heavy et très bien trouvé débarque et mette à mal nos enceintes. Les 2 guitaristes se régalent et se font plaisir durant tout le morceau, avec ces mélodies de guitares aux sonorités différentes. Cela faisait longtemps qu’un instrumental purement heavy metal ne m’avait pas autant convaincu ! Le groupe a décidé d’enrichir sa musique et nous étonné, comme ces percussions durant le début de « A Sorrow Unspent » .. avant que le titre se transforme en speederie typique du groupe avec ces harmonies de guitares qui fusent à une vitesse vertigineuse. Avec « Luciferic », les anglais font très fort avec certainement l’un des meilleurs titres jamais composés par SATAN. Comment résister à ce riff lançant le morceau, ce chant inquiétant de Brian Ross et ce refrain avec ces choeurs inattendus mais tellement bien vus. Même si Ghost a un certain talent pour pondre des titres à ambiance, SATAN reste intouchable quand il faut fleurter avec le Diable comme sur ce titre. On y croit de la 1ère à la dernière note, on a le poil qui se hérisse avec ces guitares tissant une toile musicale inquiétante, ces choeurs semblant être une ode au Malin. Quel titre fantastique ! Et ce n’est pas fini car le quintet nous régale encore une fois avec le brûlot « From Second Sight » montrant que le groupe sait toujours aller à l’essentiel quand il le faut, nous rappelant le génial « Life Sentence ». La grande force de SATAN a toujours été son duo de guitaristes ayant un don unique de composer des parties de guitares vicieuses et mélodiques à la fois dont se sont inspirés de nombreux groupes (dont Slayer certainement) .. et c’est ce qu’on se dit à l’écoute de ces lignes de guitare de « Poison Elegy ». Le groupe ne cherche pas la facilité, il compose comme l’inspiration leur vient et cela rajoute de l’originalité à leurs chansons. Et encore une fois, les soli et harmonies de Tippins et Ramsey pleuvent et nous enchantent. « The Blood Ran Deep » déboule à fond dans les enceintes pour nous briser le cou une dernière fois. Redoutable d’efficacité à la fois très rapide, il garde néamoins une bonne dose de mélodie typique des anglais et bien sûr ces guitares à la fête. Comme sur beaucoup d’albums du groupe, SATAN conclut son album par une pièce épique et passionnante. Ici nous avons droit au heavy « Earth We Bequeath » mid tempo au riff donnant envie de lever le poing avec Brian Ross pour témoigner du sale état de la Terre que nous allons laisser aux générations futures. On note cette chouette mélodie de guitare au début du titre et reprise ici et là plus tard dans le morceau. Le break musical est très bien trouvé avec ces changements brusques de tempo, cette avalanche de soli toujours mélodiques. Le riff principal fait penser de temps en temps au Black Sabbath de la grande éqoque, et cela n’est pas pour me déplaire. Un morceau vraiment réussi et passionnant. SATAN est revenu … et SATAN a encore gagné son pari en nous offrant un album en tout point remarquable, peut être le meilleur depuis leur reformation, ou tout du moins titillant « Life Sentence ». En 47 minutes, les anglais ont réussi à nous proposer un opus varié alternant brûlots speed et pièces plus épiques, inquiétantes mais dans tous les cas gardant un sens de la mélodie bien propre à eux. Car oui, la musique des anglais n’est pas forcément la plus abordable et leurs mélodies ne sont pas triviales mais c’est ce qui fait leur charme et leur personnalité. Enfin l’autre grande force de ce « Earth Infernal » est l’énorme travail fait que les parties de guitares .. un vrai régal .. et ce sur chacun des 10 titres. Si vous aimez les twin guitars, les soli et autres harmonies, vous allez être servis ! Un très très grand album.
1. Ascendancy 05:04
2. Burning Portrait 05:50
3. Twelve Infernal Lords 05:16
4. Mercury’s Shadow 02:50 instrumental
5. A Sorrow Unspent 04:54
6. Luciferic 05:03
7. From Second Sight 03:52
8. Poison Elegy 05:11
9. The Blood Ran Deep 03:44
10. Earth We Bequeath 05:58
47:42:00

 

Label Catalog ID Format Description
Metal Blade Records Digital
Metal Blade Records 3984-16012-1 12″ vinyl Limited edition, 8 colors
Metal Blade Records 3984-16012-2 CD Digipak
Daymare Recordings DYMC-6081 CD Japan
Metal Blade Records 3984-16012-1 12″ vinyl Limited « Special » edition, Coloured

 

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