SCORPIONS : « Fly To The Rainbow » (c) 1974

SCORPIONS : « Fly To The Rainbow » (c) 1974

Fly To The Rainbow
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Publié: 01/11/1974
Avec le recul, c’est marrant de voir l’influence qu’a pu avoir un changement de décennie sur bon nombre de groupes, je parle bien sûr du passage aux années 80s. Les 2 exemples les plus flagrants sont bien évidemment Judas Priest et Scorpions. Ces 2 géants du hard ont commencé au début des 70s en jouant un hard rock bien ancré dans le rock psychédélique encore très en vogue à l’époque pour évoluer petit à petit vers des compos plus simples et efficaces et plus typiquement hard rock ..de telle façon qu’on a parfois l’impression que ces 2 groupes ont eu 2 carrières distinctes .. mais c’est aussi et surtout ce qui a toujours rendu la musique et les concerts de ces 2 formations très intéressants. Nous allons aujourd’hui parler des allemands de Scorpions, véritable légende du hard qui a explosé commercialement parlant dans les 80s devenant aux côtés de Maiden et Judas Priest l’un des tenors du genre, remplissant les plus grandes salles de concerts, vendant leurs albums comme des petits pains et ayant même droit à des passages télévisés (dans « Les tympans félés » et « Les Enfants Du Rock » dans les 80s). A cette époque le groupe jouait un hard rock simple et basique mais d’une efficacité redoutable grace au talent de compositeur de Rudolph Schenker et la voix fantastique de Klaus Meine. Mais musicalement parlant, j’ai toujours trouvé que cette époque était très loin de l’excellence et de la classe de leurs albums avec Uli Jon Roth qui avait réussi à imposer son style et ses influences (Hendrix en tête) . et le disque qui restera pour moi à jamais comme le meilleur opus des allemands et un chef d’oeuvre de musicalité, de feeling et de groove, est « Fly To The Rainbow ». Certains continuent de dire que le groupe se cherchait encore … peut être mais j’entends surtout un groupe faisant preuve d’une liberté artistique totale, ayant pris le temps de composer 7 pièces absolument magnifiques, passionnantes et cohérentes (à l’inverse du 1er essai « Lonesome Crow » pas très heureux) grandement aidé par Uli Jon Roth qui avait su guider les autres musiciens .. et le résultat est époustouflant !
Ca démarre pied au plancher avec certainement l’un des meilleurs brûlots de Scorpions des 70s, « Speedy’s Coming » un hit de hard à son meilleur niveau, un riff accrocheur et incisif de Schenker et un chant parfait de Meine à la fois mélodique et agressif et puis ce solo déjanté et bien senti de Roth. Un morceau génial mais pas du tout représentif du reste l’album .. car il faut bien l’avouer que les allemands vont sur les 6 autres pistes nous faire voyager, nous emmener sur des sentiers bien moins typiquement hard rock même si la guitare va être leur élément principal.
« They Need A Million » commence avec ces arpèges de guitares acoustiques et cette voix suave de Meine .. avant que la guitare éléctrique de Roth légérement orientale ne fasse son apparition avec au chant .. non pas Klause Meine (présent dans les choeurs néanmoins) mais Schenker ! Ce titre est un bonheur d’un point de vue rythmique avec cette batterie hallucinée de Jurgen Rosenthal qui rajoutait un énorme plus à l’interprétation des morceaux (on est très très loins de parties de batterie archi basiques et ennuyeuses de Rarebell !!). Un titre étonnant mais que c’est bon (avec ce son de synthé typique des 70s qui rajoute au charme).
Sur « Drifting Sun », Roth prend le micro et nous invite dans une escapade très hendrixienne de toute beauté, tout en feeling avec sa voix certes pas exeptionnelle mais rappelant tellement celle du grand Jimi … et que dire de toutes ses interventions de guitares illuminant cette pépite .. et ce solo incroyable .. démontrant tout le talent de Roth, capable de conjuguer en même temps une grande virtuosité et un feeling donnant le frisson. A 3 min, un break étonnant avec la voix de Roth semblant sortir d’un tunnel sur un rythme lent et rampant, envoutant avec Roth … en trance faisant pleurer puis parler sa guitare puis le titre reprend sa course à 6min. Mais quel titre !!
Sur « Fly People Fly » le groupe nous sert une très belle balade gorgée de feeling et typique des 70s encore une fois illuminée par la guitare enchanteresse d’ Uli Jon Roth tout au long du morceau.
Des harmonies à 2 guitares démarrent « This Is My Song » et vont revenir durant toute la chanson, avec une basse ici très présente et cette batterie si vivante de Rosenthal (ça groove !!) qui apporte tellement à l’album. La mélodie chantée par Meine est magnifique et que dire du solo de Roth d’une telle beauté mélodique.. Je sais je me répète mais étant un grand fan du guitariste, difficile de ne pas s’émerveiller à chaque morceau.
« Far Away » commence très calmement avec ces arpèges de guitares, cette voix façon crooner de Meine pour le moins étonnante durant les 2 premières minutes puis le titre explose soudainement avec un Roth balançant un solo de folie, sur en tempo lent et très mélancholique avec cette guitare rythmique bien sentie de Schenker et envoutante … puis le titre se termine sur des choeurs envoutant et très psyché. Décidement le groupe laissait libre court à leur inspiration rendant leurs morceaux si riches.
Ce 2nd album des albums se termine pas un joyau de quasi 10 minutes, le superbe « Fly To The Rainbow » durant lequel le groupe va nous embarquer dans un voyage dans le ciel au milieu d’arc-en-ciel. Après une intro de guitare avec de bien belles arpèges de guitare et un chant de Meine fleur bleue et très beau, le morceau part sur les chapeaux de roue sur un tempo enlevé avec ces harmonies de guitares entrées dans la légende du rock et cette mélodie vocale belle à pleurer … comme les 2 guitares qui semblent également verser des larmes entre chaque couplet puis break à 4min avec un festival de roulements à la batterie de Rosenthal sur fond de riff de guitares au son déformé semblant venir de l’espace …et tout devient calme, avec seulement quelques arpèges de guitare tout en feeling dans l’enceinte de gauche et à droite une guitare qui pleure …puis la voix de Roth fait son apparition, la section rythmique revient petit à petit sur un passage envoutant, Buchholz place quelques lignes de basse du plus bel effet .. juste avant que la guitare de Roth arrive avec un son de folie, avec juste ce qu’il faut de notes rajoutant à cette ambiance grandiose et très cinématique .. le son redevient distordu et spatial jusqu’à la fin. Ce morceau est dantesque, un véritable chef d’oeuvre arrivant à marier musicalité, virtuosité, sens de la composition et ambiances si prenantes.
Vous l’aurez certainement compris, je suis archi fan de cet album des allemands qui dès leur 2nd album touchait à la perfection. Les albums suivants seront très bons avec des morceaux d’anthologie (« In Trance », « We’ll Burn The Sky », « Picture Life », « The Sails Of Charon » …) mais le groupe va rapidement formater sa musique en raccoursissant leurs morceaux et en gommant leur côté psychédélique pourtant si jouissif de ce « Fly to the Rainbow »). Attention j’adore également ces disques, mais ce 2nd opus des allemands est et restera sans hésition mon disque préféré de Scorpions car faisant une telle preuve de liberté artistique, de talent, de musicalité et de feeling .. en en faisant un ovni (un peu à l’instar de la pochette !!!).
Un chef d’oeuvre et pour moi l’un des tous meilleurs albums de rock jamais sortis.
Side A
1. Speedy’s Coming 03:33
2. They Need a Million 04:50
3. Drifting Sun 07:40
4. Fly People Fly 05:02
Side B
5. This Is My Song 04:14
6. Far Away 05:39
7. Fly to the Rainbow 09:32
40:30:00

 

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