TITAN : « Palingenesia » (c) 2021
La musique va souvent de pair avec la passion, elle nous accompagne durant tout notre vie, nous aide dans les moments difficiles mais aussi nous donne le sourir ou nous procure de belles émotions comme ce jour de septembe 2017 au Pyrenean Warrior Open Air lorsque TITAN remontait sur les planches pour la 1ère fois depuis 30 ans et ce très beau moment lorsque Patrice Le Calvez très ému par l’accueil du public a pris le micro, la voix tremblante d’émotion et les yeux rouges pour dire à quel point lui et le groupe étaient contents de cette renaissance, de cette résurrection et bien sûr par cet accueil si chaleureux auquel ils ne s’attendaient pas (plus). J’avais également versé ma petite larme comme beaucoup de fans présents cette fin d’après midi là. C’est ce qu’évoque le groupe dans le 1er extrait paru il y a quelques mois , « Résurrection » qui montrait que le groupe prévoyait d’aller au bout de ce retour en proposant de la nouvelle musique, un nouvel album. On reconnaissit la patte du groupe dans ce titre qui aurait pu figurer sur leur 1er opus de 1986, hymne à leur musique et « au nom du metal ».
Un titre très réussi et émouvant, mais ce 2nd album montre une facette plus énervée, enragée de TITAN fidèle à leurs engagements déjà bien présents sur leur 1er opus sur des titres comme « L’Irlande au Coeur » ou « G.I’s héritage ». Les basques ne sont pas là pour nous chanter des berceuses mais pour nous briser le cou à … coups d’énormes riffs d’une puissance phénoménale et de chants vindicatifs visant à nous faire prendre conscience, au travers des textes de Patrice, des dérives peu rassurantes de notre société actuelle. La musique de cette galette est à l’image de ces paroles, énervée … on pense souvent à un ACCEPT bodybuidé dans ces riffs heavy comme pas possible, cette basse de Pascal Chauderon très présente dans le mix nous régale mais aussi donnant un sacré relief à l’ensemble sans oublier cette batterie de malade de Iñaki Plaa dont les martelements de double pédale de grosses caisses nous vrillent les oreilles. Cette section rythmique est juste hallucinante durant tout l’album posant des bases hyper solides des morceaux.
Cette ambiance lourde et inquiétante que veut nous transmettre TITAN arrive dès cette intro à l’ambiance glaçante avec tous ces cris effrayants, ces cors au son grave témoignant de cette renaissance après que le monde ait été anéanti par le feu (« Palingenesia »). Le riff d’ « Utopie » déboule sans crier garde soutenu par cette pédale de double grosse caisse et on découvre cette voix unique de Patrice qui n’a rien perdu de sa verve avec toujours cette voix éraillée mais qu’on remarque plus grave et cela lui sied à merveille. Ce qui frappe est la facilité avec laquelle le groupe arrive à marier leur passé avec une accroche immédiate dans le riff et la mélodie imparable dont ce refrain parfait. Le groupe ne perd pas de temps et souhaite allez droit au but, sans bavardage inutile et c’est tant mieux car en à peine un peu plus de 3 minutes, TITAN nous balance un brûlot d’une sacrée efficacité sans oublier un solo avec ce qu’il faut de notes et de mélodie. D’entrée de jeu la qualité du son et de la prod nous sautent aux …oreilles. Il est bien loin le temps de la prod poussiéreuse de leur 1er album (et qui lui donnait son charme), ici c’est une prod 5 étoiles, rarement entendue sur un album de heavy metal de chez nous. Tous les instruments dégagent une puissance incroyable (argg ces guitares rythmiques de Sébastien Blanc et de Pat Tetevuide .. sortez vos guitares en carton les amis !!!) .. et pour mon plus grand plaisir, la basse n’a pas été oubliée dans le mix et n’a pas été couverte par les guitares . .au contraire le producteur / ingé son a réussi à lui trouver sa place et cela fait un bien fou à l’ensemble et montre bien l’importance d’une basse dans un mix. Dans ce 1er morceau, le groupe au travers d’une allégorie (« Palingenesia ») évoque la façon dont les élites (« une meute de démons sortis des enfers ») brûlent notre passé et ses valeurs condamnant d’avance notre future.
Pas le temps de souffler que le riff massu et la pédale de double grosse caisse d’Inaki nous prennent à la gorge dans ce mid-tempo bougrement heavy durant les couplets alors que le tempo s’accélère durant le refrain. J’adore ce passage avec juste la basse juste après le 1er refrain …la musique reste bougrement heavy mais cette basse rajoute un groove ici et là bien venue. Ce morceau est un pur plaisir rythmique car ses diverses cassures rythmiques nous bousculent. Ce « No More Gods » montre les énormes progrès réalisés par le groupe musicalement tandis que les paroles de Patrice évoque une nouvelle fois ce malaise vis à vis de nos dirigeants oubliant trop souvent le peuple.
Sur « Les Fous de Dieu », TITAN nous montre une facette plus hard rock de leur musique et vous rappelera forcément un autre groupe français, TRUST, mais ayant bouffé du lion car les riffs et la musique restent bien plus heavy mais le chant et la façon de poser les mots par Patrice rappelle le Bernie de la grande époque avec des paroles contre l’ « oppression » et cette terreur menée par tous ces fanatiques religieux depuis plusieurs années.. Un titre que j’aime beaucoup et qui va faire un malheur en concert !
Après 3 premiers titres montrant toute la puissance et la harge du groupe, « Mourir Ailleurs » se veut un peu plus posé tout en restant heavy et Patrice hurlant ses paroles sur ces migrants fuyant la terreur de leur pays sous peine de mourir et se refugiant dans les pays d’Europe. Les guitaristes nous régalent de soli magnifiques et toujours mélodiques tandis que la prod met bien en valeur la guitare rythmique et sa puissance, ça décoiffe. Un titre superbe, heavy mais avec une pointe de mélancolie malgré une rage dans le chant de Mr Le Calvez.
« Mortels » accélère de nouveau le tempo avec ces riffs saccadés et entêtant, Inaki martyrisant ses futs comme un damné . Un titre énervé montrant toute la puissance du groupe.
« Liberté » est lancé par un riff de basse que j’adore suivi par un riff heavy de guitare. Ce titre se rapproche un peu de « Les Fous de Dieu » avec ce côté revendicatif mis en valeur avec ces couplets sans guitare avec juste la section rythmique et le chant avant un refrain tellement bien trouvé donnant envie de lever le point et de gueuler les « héhéhé ». Un titre au groove incroyable et tellement accrocheur.
J’évoquais Accept au début de ma chronique, et bien difficile de ne pas penser aux allemands à l’écoute de l’entame de « Marche » très heavy avec ces guitares rythmiques heavy comme pas possible .. mais quel mur de guitares ! Malgré cette volonté de faire ressortir la puissance du groupe, la mélodie est toujours présente avec la voix de Patrice ayant toujours une accroche faisant mouche. La rigueur rythmique des musiciens transpire encore une fois dans ce titre véritable rouleau compresseur.
Et ce n’est pas terminé … TITAN n’a pas fini de nous briser la nuque .. et ce « Rage Et Haine » porte bien son nom … et il n’y a pas de « trève » les guitares sont énervées (me rappelant celles de Megadeth), la batterie mène un tempo d’enfer dans ce titre aux paroles qui me prennent aux tripes évoquant le carnage du Bataclan ce triste soir du 13 novembre 2015 lors du concert d’Eagles of Death Metal.
« Résurrection », comme évoqué précédemment est dans la pure tradition du heavy 80s de TITAN célébrant leur reformation en 2017.
Après ce déluge de heavy metal en fusion, le groupe dévoile sa sensibilité sur le magnifique « A La Vie A La Mort », avec ce début acoustique de toute beauté avec ses quelques orchestrations et Patrice prenant sa plus belle voix claire et si émouvante sur cette réflexion sur la Mort de proches qui nous touche toutes et tous un jour ou l’autre, faisant ressortir tous ces souvenirs et restant le seul lien avec les personnes chères disparues. Le titre évolue vers un heavy mid-tempo aux guitares toujours au 1er plan avec un solo tout en feeling où on a l’impression que les notes pleurent. Puis tout s’arrête et quelques dernières notes de guitares électriques (sur fond d’arpèges de guitare) illuminent cette fin comme pour montrer la lumière et une lueur d’espoir. Que ce titre est beau et chargé en émotions.
Un petit mot également sur la pochette réussie signée Stan W Decker, avec cet anneau de feu représentant peut être l’éternel recommencement / renaissance exprimé dans le concept de Palingenesia
Avec « Palingenesia », TITAN vient de frapper un grand coup et d’effectuer l’un des meilleurs come back du hard avec un 2nd album en tout point remarquable. Il s’agit d’un énorme coup de poing en pleine face, sans consession chargé de hargne, d’une colère qui devait sortir et s’exprimer un jour au travers de la musique des basques. Ils ont pris leur temps mais le résultat est là, une puissance de feu époustouflante, une section rythmique de malade, un chanteur à la voix singulière et parfaite pour ces paroles reflêtant le malaise de notre société actuelle et une prod et un son de fou amplifiant le côté heavy du quintet et donnant une image juste de la puissance dégagée par le groupe sur scène. Nous l’attendions tous ce 2nd opus de TITAN, et bien le voilà, jetez vous dessus car il s’agit d’un must-have !
1. | Palingenesia | 01:19 |
2. | Utopie | 03:37 |
3. | No More Gods | 03:43 |
4. | Les fous de Dieu | 03:55 |
5. | Mourir ailleurs | 04:32 |
6. | Mortels | 04:30 |
7. | Liberté | 04:07 |
8. | Marche | 04:02 |
9. | Rage et haine | 04:22 |
10. | Résurrection | 05:09 |
11. | À la vie, à la mort | 08:58 |
48:14:00 |
Label | Catalog ID | Format | Description |
Grumpy Mood Records | GMR004 | CD | Digipak |
Grumpy Mood Records | GMR004LP | 12″ vinyl |
Purchase on: Bandcamp