Il y a des titres qui collent à la peau des artistes les ayant composés et interprétés. Prenez ce « Eye Of The Tiger » de SURVIVOR, tout le monde connait cette intro et ce riff, ces couplets et refrains chantés à tue-tête lors de soirées karaoké bien arrosées. Un titre imparable ayant traversé les décennies comme un « Highway To Hell », qu’on entend très régulièrement sur les ondes, repris à diverses sauces (dont une version pas piquée des hannetons par Sylvie Vartan rebaptisée « Faire quelque chose »!!) , interprétés par les artistes en herbe lors de télécrochets, des titres qui nous survivront ! Ce joyau de hard mélodique a failli tuer la carrière du groupe qui eut beaucoup de mal à s’en remettre commercialement parlant avec son successeur « Caught In The Game » ayant fait un incompréhensible flop. Pour en revenir à ce titre devenu légendaire, il fut commandé pour le film Rocky III par Sylvester Stallone en personne qui était tombé sous le charme du titre « Poor Man’s Son » présent sur l’album « Premonition » de SURVIVOR. De quoi mettre la pression à n’importe quel jeune musicien, mais le duo Sullivan (guitariste) / Peterick (Clavier) ne se démonta pas et proposa à Mr Rocky une démo de « Eye Of The Tiger » qui bien entendu plut à l’acteur américain, au point qu’il exigea que ce soit cette version démo qui apparaisse dans le film et non la version finale !!
Avec un tel hit (qui squatta la 1ere place des charts US pendant 6 semaines de suite !!), on aurait pu penser qu’il allait éclipsé le reste de l’album, et bien absolument pas, car le groupe en avait sous le pied, comme les musiciens l’avaient déjà montré sur leurs 2 excellents premiers albums.
C’est bien simple, cet album est un recueil de ce qui se fait de mieux dans ce genre hard FM, même si je n’aime pas trop ce terme qui sous entend une certaine compromission pour passer à la radio. Ici le groupe a encore durci le propos par rapport au déjà très bon « Premonition », avec la magnifique pochette avec ce tigre agressif allait dans ce sens. Les guitares sont reines cette fois ci et les claviers discrets, et quand on les entend, il s’agit de piano léger. Le début de l’album est imparable avec l’enchainement de « Eye of The Tiger », le rythmé et nerveux « Feels Like Love » avec son refrain typique de l’époque et assez enjoué, le rampant « Hesitation Dance » avec ce riff heavy de Francky Sullivan à la fête tout au long des 10 titres composant le disque, lachant ici et là des soli et mélodies de guitare imparables. N’oublions pas la section rythmique bien place avec la frappe bien lourde et se faisant entendre de Marc Droubay, et bien entendu l’autre homme fort de l’album, Dave Bickler dont la performance est époustouflante (sa meilleure prestation des 4 albums du groupe auxquels il a participé), avec sa voix haute perchée et énergique à la fois. Un grain de voix reconnaissable entre mille. Le quintet ne lache rien avec le 4eme titre « The One That Really Matters » qui rock sévère et dont la mélodie s’incruste dans votre cerveau, avec toujours cette guitare de Sullivan si mordante. Un début d’album bien plus péchu que celui de « Premonition », le groupe s’adaptant aussi certainement au paysage musical de l’époque.
Il faut attendre la 5ème piste, le magnifique « I’m Not That Man Anymore », pour entendre les américains lever le pied, avec un talent fou, une émotion de chaque instant dans ce chant de Bickler si prenant et véhiculant tant d’émotions. Une power ballade de toute beauté et néanmoins bien rock, l’une des plus belles du genre, tout simplement.
Le groupe à l’époque pouvait se frotter sans problème aux groupes de hard comme avec « Children Of The Night » et son riff bien senti , ce solo inspiré et énergique de Sullivan, ce final durant lequel Bickler pousse sa voix à en briser les verres de votre salon !
La 2nd accalmie intervient avec la très belle ballade « Ever Since The World Began », avec le piano de Peterick mais toujours cette guitare heavy de Sullivan dans les parages, et puis Bickler démontrant quel chanteur hors pair il est. Comment ne pas avoir le frisson à l’écoute de ce titre ?
« American Heartbeat » fut le 2nd single tiré de l’album et voyait le groupe mettre pour un fois les guitares de côté et laisser la place à un léger clavier mais le morceau reste bien rock et entrainant, et bougrement accrocheur, avec de chouettes choeurs (on peut noter la participation aux choeurs de l’album de Fergie Frederiksen, connu pour avoir chanté sur l’excellent album de TOTO « Isolation » en 1984).
Cette pépite de hard FM se termine de la plus belle des façons avec « Silver Girl » alternant couplets posés et refrain heavy avec Bickler donnant de la voix sur fond d’un riff heavy. Beaucoup de dynamique dans ce titre, avec une petite accalmie avec quelques notes de piano, une guitare acoustique avant une explosion de la guitare électrique de Sullivan avec son solo mélodique parfait.
C’est bien simple, SURVIVOR réalisait l’album parfait en 10 titres absolument imparables, sans aucune baisse de régime et avec une énergie de chaque instant, un sens de la mélodie rare et ayant traversé les décennies avec succès.
Un chef d’oeuvre du rock US, sans aucune hésitation possible.