Début 2024, le 1er album de SAVAGE OATH m’avait totalement pris au dépourvu et conquis dans un heavy épique et sauvage à son meilleur niveau avec un chanteur exceptionnel, dans un style que j’affectionne. Début 2025 en rentrant de Paris en voiture je tombais par hasard en écoute aléatoire sur une musique bien barrée semblant venir d’un autre temps lointain du tout début des 80s marriant guitares hard mais pas trop avec des mélodies et harmonies évoquant aussi bien Thin Lizzy que les premiers MARILLION à des synthés et un chant ancré dans la new wave / gothique anglaise à la CURE, ULTRAVOX, SISTER OF MERCY sur des titres fichtrement accrocheurs. Dès le 1er titre « As We Stand on the Hill » j’ai été happé par ce mélange improbable, par la beauté des mélodies au chant et toutes ces guitares aux harmonies encorceleuses. Forcément j’ai voulu en connaître plus sur ce groupe et quelle fut ma surprise de découvrir qu’il s’agissait d’un duo dont je connais très bien le guitariste (jouant aussi de la basse), Will Spectre, depuis plus de 10 ans au travers de TAROT et de son excellent projet plus récent SPECTRE. Tout s’explique d’un coup et son partenaire Lord Gordith apporte sa voix unique et ses synthés.
Le duo a un talent fou et nous régale avec des titres comme le rythmé « In the Age of Night » tout droit sorti des 80s dans lequel les 2 musiciens donnent le meilleur d’eux-même, Will tissant une toile de notes de guitares toutes plus belles les unes que les autres, Lord Gordith glisse des sonorités de synthé glaçantes tandis que la pédale de doubles grosse caisse se fait entendre vers la fin du morceau.
Comment résister à cette intro au synthé totalement envoutante de « Forged Iron » et ce chant rappelant celui de Marian Gold (ALPHAVILLE!) tandis que Will Spectre joue des riffs de guitare entêtant donnant toujours une couleur hard aux titres.
Un mot également sur la prod de l’album très typée début des 80s, minimaliste avec aucune volonté d’avoir un gros son car de toute façon, ce n’est pas le propos, un son moderne et claquant aurait fait perdre toute l’âme aux chansons.
Je dois bien avouer qu’il m’a fallu quelques écoutes pour apprivoiser la bête tant ce mélange entre 2 mondes (hard et new wave / goth) n’est pas habituel. On avait bien sur eu des groupes comme PARADISE LOST dans les 90s ou plus récemment les allemands de LORD VIGO (« Danse de noir ») qui avait établi des ponts entre le heavy metal et la musique gothique mais dans une approche contemporaine avec des sons et une prod de leur temps, alors que GLOOMY REFLECTIONS reste définitivement ancrée dans les early 80s. Will Spectre me régale vraiment avec ses soli comme dans « Hallowed Waters » me rappelant fortement le feeling de Steve Rothery. Comment résister au riff de « The Clock Tower », à cette mélodie portée par le chant de Lord Gordith, au côté majestueux des synthés démarrant le voyage céleste « Blazing Spirits (Rising High) » complétés par les guitares (électriques et acoustiques) et la basse de Will Spectre, avec un break de toute beauté avec ces notes synthés d’un autre siècle. Le voyage et le dépaysement sont assurés, on pense encore une fois aux instrumentaux de Marillion et aussi du Mike Oldfied du début des 80s. C’est beau, envoutant mais toujours énergique.
Cet album ovni se termine avec l’instrumental donnant le nom à ce LP, « Oath of the Paladins ». Ici pas de guitare, un titre 100% synthé étonnant mais magnifique rappelant les 1eres démos du groupe.
Ce 1er album des australiens de GLOOMY REFLECTIONS est une énorme bouffée d’air frais, un bain de jouvence et aussi une machine à remonter le temps cinq étoiles, dans l’époque de la jeunesse de bon nombre d’entre nous. 7 titres et 38 minutes de pur bonheur auditif, surprenant, décalé mais tellement bon.
Jetez vous sur cet album, en espérant que d’autres ré-éditions voient le jour (les 2 premières sont déjà sold out !!).