PRAYING MANTIS a toujours été un peu part dans le paysage musical du hard / heavy anglais. 1979/1980 voyait l’émergence de la fameuse NWOBHM et des jeunes groupes jouant une musique souvent énergique et heavy, et le groupe fut assimilé à cette vague à l’époque à cause de leur démo fabuleuse « The Soundhouse Tapes Part 2 » contenant 2 brûlots « Captured City » (toujours joué en live par le groupe) et « Johnny Cool ». Le 1er titre fut inclus à la fameuse compilation « Metal For Muthas ». Il n’était pas rare également de voir Praying Mantis à l’affiche avec les jeunes chiens fous d’ Iron Maiden. En 1980 le groupe confirma cette affiliation avec un 7 » excellent avec leur hymne « Praying Mantis ». Malheureusement le groupe ne chopa pas le bon wagon et n’arriva pas à décrocher un deal leur permettant de rester « accroché » aux Maiden, Saxon, Def Leppard, Tygers Of Pan Tang, Angel Witch ou Diamond Head, qui tous sortirent un album en 1980. Il fallut attendre 1981 pour se mettre entre les oreilles leur 1er opus longue durée, le fantastique « Time Tells No Lies ». A l’écoute de ce disque, on comprenait assez rapidement que le groupe souhaitait proposer une musique plus mélodique que celle de ses compatriotes et on était frappé par tant de classe, tant de musicalité et toutes ces mélodies tellement belles mais avec toujours une énergie présente et surtout une réelle virtuosité des musiciens qui mettaient leur talent au service de leur musique. Mais l’aventure tourna court et le groupe splitta pour se reformer .. 10 ans plus tard avec à la 2nde guitare Dennis Stratton (ex Iron Maiden) qui accompagna le groupe jusqu’en 2003 proposant une sacrée belle série d’albums de qualité et toujours dans un style hard mélodique fleurtant avec l’AOR. Les anglais continuèrent leur route après le départ de Stratton avec toujours de très bons disques. Depuis 2015, le groupe a stabilisé leur line-up avec l’arrivée d’un chanteur à la voix en or, John Cuijpers et le fantastique batteur Hans In’t Zandt, et produit 2 magnifiques albums « Legacy » et « Gravity » montrant un côté plus posé et mélodique de la musique des anglais mais avec toujours une grande qualité dans leurs compositions avec des titres irresistibles comme « Keep It Alive » ou « Fight For Your Honor ».
Alors que doit on s’attendre à cette cuvée 2022 de la mante religieuse ? Déjà nous sommes interpelés par la magnifique pochette de l’album .. à apprécier sur la version vinyle sublime de l’album.
Et bien le groupe poursuit dans le même style que les 2 opus précédents mais avec le niveau montant d’un cran. Le groupe a pris son temps (covid oblige..) et cela s’entend. Chaque piste regorge de petites interventations musicales véritable caviar pour nos oreilles avec ici une ligne de basse parlante, là des harmonies de guitares belles à pleurer ou encore là une ligne de clavier très bien posée. Ecoutez ce superbe « Find Our Way Back Home » par exemple … quelle richesse musicale et pour le coup quelle originalité avec ces choeurs façon gospel. Mais avant d’en arriver à ce très bon titre, Praying Mantis entame ce « Katharsis » de la plub belle des façons avec ce « Crying For Nations »: une intro majestueuse avant que la pédale de double grosse caisse de Hans In ’t Zandt mène le tempo sur ce superbe titre nous rappelant le meilleur du groupe avec John Cuijpers et sa voix sublime démontrant tout l’étendu de son talent, certainement le meilleur chanteur que le groupe ait jamais eu. Un morceau dont se dégage une certaine mélancolie d’une beauté certaine.
« Closer To Heaven » suit et nous montre le côté le plus AOR de la musique des anglais avec toujours cette classe incroyable. Oui c’est mélodique et elle caresse nos oreilles mais c’est bien fait et imparable. Un côté qui me rappelle un autre groupe anglais dont je suis fan, Magnum. On est sur le même terrain .. pour mon plus grand bonheur avec des excellents soli de guitares mélodiques .
Changement d’ambiance avec « Ain’t No Rock’n’Roll In Heaven » qui nous donne instantanément envie de taper du pied, mené par ce riff vicieux et cette basse bien présente de Chris Troy. Une excellente mélodie pour ce hard rock’n’roll groovy à souhait et donnant le sourire et de la bonne humeur. Un titre jouissif !
Encore un changement d’ambiance … « Non Omnis Moriar » nous rappelle pourquoi nous aimons la musique de Praying Mantis .. ces mélodies classieuses portées par les guitares de Tino Troy et Andy Burgess comme durant cette intro si belle avec derrière cette section rythmique tellement efficace (ces martements de double grosse caisse et bien sur cette basse véritable point fort de la musique des anglais) .. et bien entendu cette voix belle à pleurer de John Cuijpers, véritable nectar. Ce chanteur me scotche avec cette voix à la tessiture si chaude, belle, puissante et me donnant le frisson à chaque fois. Les 2 six cordistes nous régalement d’harmonies à 2 guitares ici et là dans ce morceau fantastique et hypnotisant.
Le groupe s’amuse, prend son pied et joue la musique qui lui fait plaisir .. et cela s’entend tellement sur le rumuant, festif et entrainant « Long Time Coming », hymne à leur vie sur la route depuis tant d’années (1974 !!). Un morceau simple mais tellement sympa à la bonne humeur communicative. Oui, le groupe n’a jamais été autant si mélodique à la fois rock, hard, pop mais avec toujours leur patte .. (toutes ces harmonies de guitares) et surtout si bien fait qu’on applaudit à 2 mains.
Le tempo ralentit sur la chouette ballade « Sacrifice ». Certaines parties de guitares me rappelent le Survivor de la grande époque.
Surprise, Chris Troy prend le micro sur le mélancolique et fort réussi « Wheels In Motion » porté par cette basse donnant tant de relief à la musique du groupe, et par cette voix chaleureuse de C. Troy. Un très beau morceau agrémenté par des mélodies de guitares ici et là fort plaisantes, des choeurs légers mais rajoutant à la richesse du tissu musical du titre.
Déjà le 8ème titre .. et Praying Mantis nous sort le grand jeu avec certainement mon titre préféré de l’album, « Masquerade ». John Cuijpers délivre une performance vocale hallucinante (il me rappelle par moment Perry McCarty (Warrior, Steve Stevens)). La mélodie est addictive .. et puis ce petit break énervé à 2’50 est tellement bon, suivant un chouette solo de guitare. Ce titre montre un côté plus hard du groupe, on a envie de lever le point … et on reste aussi sous le charme de cette sensualité du chant de Cuijpers.
Les anglais terminent l’album en nous replongeant avec bonheur dans leurs premières années avec tout d’abord « Don’t Call Us Now » rythmé avec ces « oohhh » qui feront un malheur en concert avec ce break musical original et super bien trouvé à 2’50 avec ce clavier jouant les duellistes avec les guitares et Mr Hans In ’t Zandt menant le tempo … 3 minutes musicales totalement jouissives nous rappelant à toutes et tous pourquoi nous sommes fans du groupe.
Et le feu d’artifice se poursuit avec les 6 minutes du génial « The Devil Never Changes » et sa ligne de guitare dont la mélodie s’incruste dans notre cerveau pour ne plus nous quitter et ce refrain qui une fois encore fait mouche .. avec un final où tout s’accélère et les six cordistes se lachent pour notre plus grand plaisir. Il ne pouvait pas y avoir meilleure façon de terminer l’album.
Ce n’est pas cette fois encore que PRAYING MANTIS nous décevra sur disque. Fort d’une discographie irréprochable en terme de qualité, les anglais arrivent encore à sortir un album absolument magnifique et se positionnant dans le peloton de tête des meilleurs albums du groupe, avec un style plus posé mais tout autant passionnant et riche. Dans le genre, on ne fait pas mieux et ce groupe avec cet album méritent toutes ces éloges et on espère les voir en France défendre sur scène cette nouvelle pépite.