Les suédois d’ENFORCER sortent ces jours ci leur 6ème album studio et nom de Zeus que son écoute fait du bien !
Le quatuor mené par Olof Wikstrand s’est lancé corps et âme dans le heavy speed metal puisant ses influences dans les 80s il y a déjà plus de 15 ans, en faisant de son groupe l’un des précurseurs de ce revival dénommé NWOTHM (New Wave Of Traditional Heavy Metal) et l’un (le ?) des chefs de fil suivi par la suite par les STALLION, CAULDRON, STRIKER, AMBUSH, SKULL FIST, WHITE WIZZARD, KATANA et plein d’autres … mais ENFORCER a toujours été pour moi bien au dessus du lot car arrivant à chaque essai à trouver l’équilibre parfait entre une musique heavy, frénétique et la mélodie .. et surtout un sens de l’accroche que les autres groupes du style n’approchaient qu’occasionnellement et avec moins de réussite.
Il faut dire que le groupe a pondu 4 premiers albums irréprochables, améliorant la formule à chaque fois, en rajoutant toujours un nouvel ingrédient à leur musique. On retiendra surtout « Diamonds », la recette parfaite du heavy / speed respirant leur jeunesse avec une fougue incroyable et un sens de la mélodie imparable, et « From Beyond » qui voyait le groupe durcir le ton ici et là, avec une noirceur donnant une nouvelle colloration à leur musique pour ce qui reste pour moi leur plus grande réussite.
Comme bon nombre de leurs idoles, ENFORCER après 4 albums avait ressenti le besoin de diversifier leur musique, de calmer le jeu afin de ne pas se répéter, un peu comme les IRON MAIDEN, JUDAS PRIEST et d’autres l’avaient fait dans les 80s … et bien entendu, cela n’a pas loupé, les suédois avaient du essuyer une tornade de critiques.
Avec le recul, rien d’étonnant .. pourquoi les « fans » (sics) feraient ils une exceptions alors que les Maiden et Judas Priest s’étaient faits allumer avant eux ? L’objet du délit … « Zenith » était pourtant fort réussi mais quittait plusieurs fois le giron du pur heavy / speed des premiers albums, pour proposer un côté plus hard rock à la SCORPIONS et quelques moments plus pop mais toujours avec talent. Le plus étonnant est que les plus critiques de cet album semblaient avoir oublié que le groupe avait déjà proposé dans le passé des pistes calmes et que dans ce « Zenith », bon nombre de titres envoyaient la sauce. Qui a dit « intransigeance » ou « borné » ??
Cela m’a toujours fait halluciner ce manque de réflexion de la part de bon nombre de fans de groupes, n’acceptant pas que leur chouchou évolue sans que la qualité de leur musique baisse. J’ai toujours pensé que le terme « fan » incluait la notion de partage, c’est à dire qu’en tant que fan, on comprenait les musiciens, leurs besoins… A partir de là, rien de plus étonnant que la majorité des groupes souhaitent proposer des nouvelles choses dans leur musique après 10, 20 ou 30 ans et un bon nombre d’albums. Mais c’est certainement trop demandé.
Quoi qu’il en soit, Olof Wikstrand c’était fait plaisir sur « Zenith » et il résulte un très bon disque. Cette fois ci, le leader du combo de Stockholm a souhaité faire plaisir à tous les fans du groupe, ceux ne jurant que par « Into The Night » / « Diamonds » mais aussi à ceux ayant apprécié les ouvertures stylistiques sur « Zenith ».
On note déjà le superbe dessin réalisé par Adam Burke (Megaton Sword, Spell, Eternal Champion …).
Déjà le titre du disque « Nostalgia » ne laisse pas la place à beaucoup de doute, une bonne partie des titres nous replongent aux débuts du groupe comme la furie énervée « Coming Alive » introduit par les cris d’Olof, avant que le tempo speedé et le riff nous brisent la nuque. C’est instantané, je succombe immédiatement à ce genre de brûlot me rappelant le show de fous du groupe au Korigan en 2015, où j’avais eu l’impression de voir un METALLICA des temps modernes, tels que les Four Horsemen devaient être dans les clubs de San Francisco aux débuts des 80s. « Kiss Of Death » lorgent vers le meilleur de « Diamonds » ou « From Beyond » (quel riff avec cette pédale de grosse basse donnant le tempo soutenu) et envoie la sauce. Quel hit !
Et que dire la déferlante heavy speed « Metal Supremecia » chantée par Olof en espagnol, et hommage au public sud américain ayant fait un énorme succès au groupe lors de leurs dernières tournées.
Le côté speed est également présent sur le morceau cloturant l’album « When The Thunder Roars (Crossfire) » avec sa ligne de basse bien sympathique, ce petit break bien vu et ses soli de guitare au poil. Un titre typique des suédois.
Mais ENFORCER excelle toujours autant dans les mid tempi rythmés mettant en valeur leur sens du riff qui tue, la mélodie portée par la voix haute perchée d’Olof toujours aussi efficace comme sur ce hit qu’est « Unshackle Me » avec en fond un léger synthé, ce « Demon » qui rappelle « Undying Evil » de « From Beyond ».
Comment ne pas taper du pied à l’écoute de « White Lights In The USA » et son côté plus hard rock mais bien péchu et donnant envie de gueuler ce refrain mis en valeur avec des gros backing vocals.
Les suédois sont toujours capables de ce mélange tellement jouissif d’un brûlot au tempo rapide et d’un refrain très mélodique et chantant comme sur le fort réussi « At The End Of The Rainbow » .. mais pouvant nous étonner comme ce break sortant du nulle part avec une 1ère partie de solo improbable avant un 2nd solo plus dans le rythme rapide du morceau.
La grande majorité de l’album envoie la sauce et ravira les fans des premières galettes d’ENFORCER, mais le groupe n’a pas décidé pour autant de laisser de côté leur ouverture plus mélodique de « Zénith » comme en témoigne le très bon « Heartbeat », véritable réussite et démonstration du talent de compositeur d’Olof : le titre commence avec de belles arpèges de guitare acoustique, sa voix étonnante murmurée avant d’exploser (et me rappelant le Sebastien Bach de la groupe époque des 2 premiers albums de Skid Row). Cette piste est agrémentée de belles interventions guitaristiques, un chant passionné d’Olof, de belles parties de basse et puis quel refrain … avant un changement d’ambiance à la moitié du titre devenant plus rythmé et heavy durant une belles salves de soli des 2 six cordistes. L’un des meilleurs morceaux de l’album .. et il ne s’agit pas d’une speederie 😉
Autre surprise, ce début de « Keep The Flame Alive » assez .. disco comme le groupe l’avait tenté sur « Zenith » .. mais rapidement le propos devient heavy et rythmé durant les couplets .. mais ce côté étonnant et dansant revient durant le refrain. Que c’est surprenant mais tellement bien amené qu’on y adhère de suite … « Tonight I’ll be waiting for you Tonight … » difficile de ne pas faire onduler son corps !!
Et puis il y a ce magnifique « Nostalgia » qui va donner des boutons aux alergiques des ballades .. et pourtant … .Elle démarre de façon assez sucrée il est vrai et Olof nous embarque petit à petit jusqu’à ce refrain plus heavy avec les grosses guitares de sortie suivi d’une 1ère salve de soli de guitare joués avec beaucoup de feeling. Une bien belle réussite très prenante.
4 ans après un « Zenith » controversé, ENFORCER revient avec un album plus consensuel fort réussi apte à plaire au headbangers mais aussi amoureux de belles mélodies. Les musiciens n’ont rien perdu de leur sens du riff et de la mélodie, ce qui est formidable après plus de 15 ans de carrière. Tout n’est pas parfait, comme le son manquant globalement de basse (pas l’instrument, mais en terme de fréquences) ou 1 ou 2 titres un peu en dessous des autres, mais ce n’est que peu de choses tant le plaisir procuré par les nouveaux morceaux est grand et donne envie d’y revenir.