La NWOBHM avait bousculé le monde de la musique distordue en 1979 / 1980 en dépoussiérant le hard des vieux Dinosaures et en y insufflant une sacrée dose d’énergie, un côté plus direct et quelques autres influences de groupes à 2 guitares favorisant de bien belles harmonies mais aussi rendant les rythmiques plus lourdes et heavy. Des groupes de légende sont apparus tels les Maiden, Saxon, Tygers Of Pan Tang, Diamond Head, Angel Witch et d’autres moins connus mais tout aussi bons comme Mythra, Weapon ou Trespass. L’un des artistes avec une grande notoriété et n’ayant jamais caché son amour pour ces groupes et leurs grandes influences est Lars Ulrich, pour preuves les set lists de premiers show de Metallica en 1982 et 1983 mais aussi la fabuleuse compilation sortie par le batteur danois en 1990, sobrement intitulée « New Wave Of British Heavy Metal ’79 Revisited ». Ce recueil de pépites oubliées de la NWOBHM incluait notamment un morceau fabuleux, « One of these days » des trops méconnus TRESPASS dont la discographie se limitait à seulement une démo, quelques singles et un EP 3 titres. Ce titre génial montrait le talent de compositeur et de guitariste de Mark Sutcliffe, avec un sacré bon riff, plein de belles harmonies de guitares et une mélodie au chant tellement accrocheuse. Mais comme trop de groupes de cette époque (MYTHRA, WEAPON et plein d’autres), le groupe jetta l’éponge avant même d’avoir pu concrétiser tous leurs efforts dans un 1er album. On pouvait se consoler avec les quelques compilations de TRESPASS sorties dans les 90s et regroupant tous leurs vieux titres des 80s mais les fans en voulaient plus, et il fallut attendre 2018 pour avoir entre les mains le 1er album studio du groupe, « Footprints in the Rock ». Que des nouveaux titres reprenant à peu de choses près là ou le groupe s’était arrêté en 1981, à savoir un heavy sans fioriture, sentant à plein nez la NWOBHM, heavy et sombre mais avec suffisamment d’accroche pour plaire aux fans de hard. Il s’agissait d’un retour prometteur. Mon seul reproche sur cet album était un peu son manque de diversité, avec quasi tous les titres semblant sortir du même moule. Mais le talent des musiciens, et de composition de Sutcliffe rendait l’ensemble très bon.
5 années plus tard, le quatuor revient avec son 2nd album studio intitulé « Wolf at the Door », présenté avec une pochette magnifique dont le dessin est l’oeuvre de Mark Wilkinson (Marillion, Fish, Judas Priest, Iron Maiden). Et bien quelle évolution ! C’est bien simple, tout est bien meilleur dans ce nouvel opus si on le compare à son prédécesseur : déjà ce qui frappe est le son, plus clair, plus puissant et moins garage. Ensuite, cette fois ci, le groupe s’est rappelé ses débuts lorsque le quatuor savait varier les plaisirs. L’album offre ici plus de diversité, d’ambiances différentes mais en gardant toujours leur patte unique et côté sombre et inquiétant.
Cela démarre fort avec « Blackthorn » avec ces arpèges de guitares typiques de Mark Sutcliffe, ces cymbales .. et puis ce riff de fou déboule nous ramenant directement à … « One Of These Days ». Autant dire que cette entrée matière m’a fait un effet boeuf !
Le meilleur de TRESPASS et de la NWOBHM revisitée 2023 est dans ce titre.
Les anglais sont fidèles à leur heavy couillu et entêtant comme sur « Daggers Drawn », le plus nerveux et entrainant « Cooked Cross » ou le très réussi « Ghost Pilot » (quel riff encore une fois !). En plus de riffs redoutables, ces titres regorgent de parties de guitares magnifiques, des harmonies et des soli inspirés.
Mais cette fois ci, le groupe s’essaie à des nouvelles choses comme sur l’un de mes titres préférés de l’album, « Force Of Nature » dont le riff principal est un clin d’oeil au « Stargazer » de Rainbow. Sur cette magnifique pièce, les musiciens alternent ce riff imparable avec des parties plus calmes durant les couplets avec quelques arpèges de guitares, une voix emplie de mélancolie de Mark Sutcliffe.
Le groupe sait lever le pied sur le très beau « Other Worlds » : pas une ballade mais un titre plus mélodique et magnifique porté par une chouette mélodie de guitare et un chant plus séducteur de Sutcliffe. Celui ci se rappelle les débuts du groupe avec le très 70s « Stranger In Paradise » qui durant plus de 7 minutes nous séduit montrant que la musique du groupe ne se limite pas à des riffs en aciers trempés .. et c’est tellement mieux ! Même constat sur le très bon « Back To The Woods », voyage prenant sensuel dans un 1er temps avant de devenir plus heavy et inquiétant dans une seconde partie avec toutes ces guitares inspirées et grande force du groupe et de l’album. Pas le temps de s’ennuyer une seule seconde à l’écoute de ce morceau !
La mélancolie domine dans les chansons de cet album, véhiculée par le timbre de voix de Sutcliffe, et c’est encore plus flagrand sur le très beau « Unsinkable » avec par moment des guitares semblant pleurer et une ambiance peu joyeuse mais d’une beauté certaine.
Ce 2nd opus des anglais se termine en fanfare avec 2 titres sublimes : le 1er est « Live Live A King » épique et guerrier à souhait avec ces harmonies et mélodies de guitares, ces « ohhhoohhh » destinés à faire un malheur en concert. Un brulôt bougrement efficace et accrocheur.
Ces 57 minutes de heavy première classe se terminent par le très enjoué title track « Wolf At The Door » fort réussi, avec une nouvelle fois un sacré bon riff et une mélodie vicieuse à laquelle on adhère de suite durant le refrain .. et puis puis quel final avec une accélaration inattendue qui va briser des cous. Un très bon titre pour conclure un album fort réussi. Je ne cache pas que je n’en attendais pas tant de TRESPASS et au final ce nouvel opus m’a totalement conquis, bien plus que son prédécesseur, grace à une diversité rendant son écoute passionnante, une plus grande richesse musicale et une production claquante, puissante mettant en valeur les 11 pistes. Après un « Bloodlines » des TYGERS OF PAN TANG très bon, TRESPASS emboite le pas avec un album tout aussi réussi dans un style plus sombre et tout autant addictif et passionnant.