SABÏRE : « Jätt » (c) 2024

SABÏRE : « Jätt » (c) 2024

Jätt
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Publié: 28/06/2024

Des fois on passe à côté d’un album fabuleux pour un détail qui ne nous a pas plu. C’est stupide, je le sais, mais compréhensible pour plein de raisons. Ainsi après avoir écouté (trop) rapidement un single du 1er album de SABÏRE  « Jätt » l’année dernière, je ne m’étais pas penché sur l’album parce que le son/prod m’avait rebuté et quelque peu déçu par rapport à leur 1er EP « Gates Ajar » sorti en 2019. Il faut dire que le choix de prod est pour le moins étrange. Ok cela sent les 80s à plein nez (pour ma plus grande joie) mais le côté old-school ne fait pas tout car ici la reberb est utilisée à outrance, on a l’impression que le groupe joue dans un tunnel. Faut s’y habituer et on finit rapidement à accepter ce parti pris donnant finalement un côté très personnel au son du groupe, surtout que les titres sont tout bonnement excellents.
Pour rappel, SABÏRE, c’est avant tout le canadien multi-instrumentiste (guitare, basse, claviers et chant) Scarlett Monastyrski aux commandes et à la composition.
Pour un 1er album, le musicien ne se moquent pas de nous, 15 titres et 69 minutes de musique ! De prime à bord, cette longueur peut faire peur et laisser penser à une indigestion en pleine 1ere écoute de de l’opus. Et bien absolument pas car Mr Monastyrski a un talent fou pour pondre des riffs, des mélodies imparables dans des brûlots nous ramenant à l’age d’or de WASP (arrf cette voix toujours si proche de celle de Blackie Lawless) !
Ce « Jätt » se décompose en 2 parties, la 1ère « S I D E I C E » et la 2nde « S I D E B R E A T H ». On serait en droit de penser qu’il s’agit d’un concept d’album mais Monastyrski répond que non mais par contre que le thème récurrent de l’album est l’Enfer. Du reste la pochette de l’album est une oeuvre du français Gustave Doré et se nomme « Dante et Vergil dans le neuvième cercle de l’Enfer ».
On note cependant une petite différence entre les 2 parties de l’album : la 1ère est globalement plus rentre dedans. Après une intro inquiétante de 3 minutes (« The Doorway (Entry) ») , le quatuor fonce pied au plancher avec le heavy/speed « Pure Fucking Hell » avec son riff démoniaque et addictif. Le chant de Monastyrski est vindicatif et accrocheur. On pense à MOTORHEAD tapant le boeuf avec WASP ! Le beat de batterie démarrant « Ice Cold Lust » annonce un mid-tempo nous replongeant dans les 80s sur la Côte californienne lorsque WASP sortait « The Last Command ». Ce qui est bluffant est la capacité de Monastyrski de pondre des riffs et mélodies aussi accrocheuses que celles de Blackie ! Son digne héritié !
Le groupe continue sur sa lancée avec « I’m a Rock » tout aussi prenant mais cette fois ci je ne peux pas m’empêcher de penser au BONFIRE de « Point Blank » à cause de la prod justement mais surtout dans les intonations de voix de Monastyrski rappelant le Claus Lessmann de la grande époque.
Retour de la pédale de double grosse caisse pour une speederie instense « Just a Touch of Acid » où l’ombre de Blackie plane une nouvelle fois (et tant mieux !) cette fois ci époque « The Headless Children ». Un brûlot joussif !
A noter que les soli de tous les titres sont parfaits privilégiant toujours la mélodie et le feeling.
« Alone Again » (rien à voir avec le titre de DOKKEN) nous régale les cages à miel avec son putain de bon riff et ce refrain qu’on ne peut s’empêcher de gueuler.
Et que dire du riff du speed « Call Me Bastard » . Rebelotte, le groupe tape dans le mille dans dans le speed rock qui aurait eu sa place sur le 1er WASP. Je parle souvent du groupe de Blackie dans cette chronique car oui il y a des similitudes mais SABÏRE possède bien sa propre touche et un sacré talent.
Cette 1ere partie se termine par un instrumental à ambiance, « The River (Centre) » où l’on entend une rivière coulée au lointain, quelques arpèges de guitare acoustique, une voix susurrée. Un moment reposant le temps de souffler un peu après ces premières 30 minutes bien intenses.
« The Last Day » annonce la couleur de cette 2nde partie de « Jätt », plus diversifiée, plus mélancolique avec ces légers claviers au loin dans ce mid-tempo étonnant mais d’une telle beauté, hybride de hard lawlnessien et de new-wave anglaise des 80s (qui a dit Cure ?).
Le groupe s’amuse sur « Toxic Man », blues metal bougrement efficace. Difficile de ne pas taper du pied et de swinguer avec ce rythme enjoué, ce riff et petite mélodie de guitare au poil.
Sur « Your Rending Hands » les musiciens appuyent sur la pédale d’accélarateur. Un brûlot efficace rappelant la 1ère partie de l’album avec Monastyrski hurlant comme jamais.
Avec « Chained Down », SABÏRE nous surprend une nouvelle fois en nous embarquant durant plus de 7 minutes dans un voyage passionnant et épique avec toujours ce sens inné du riff et de la mélodie qui tue.
Après un tel délugue de riffs durant 1 heure, le groupe lève le pied avec le très beau et poignant « The Shadow in My Heart » commençant juste avec une guitare acoustique et la voix toute en émotion de Monastyrski. Puis changement d’ambiance, les grosses guitares heavy arrivent mais le propos reste le même avec une mélancolie dans le chant. Monastyrski nous régale d’un magnifique solo de guitare. Très beau morceau.
Alors qu’on pouvait penser qu’on allait rester sur cette ambiance plus posée, le groupe prend le contre pied avec la speederie sauvage « Rip, Rip, Kill!!! » aux paroles pour le moins violentes et agressives de Monastyrski !
Ce 1er album du canadien se termine comme il avait commencé, par une pièce musicale, « The Stairs (Exit) » avec ce synthé orgue envoutant et cette voix parlée disant qu’il y a toujours un chemin pour arriver à s’échapper de n’importe quel Enfer dans lequel nous avons pu plonger.
« Jätt » est un voyage musical intense sans temps mort, d’une grand homogénéité sans aucun titre faible et c’est une exploit !
Monastyrski a un talent fou, un sens du riff et de la mélodie rendant tous ses titres incroyablement efficaces et addictifs. On ne voit pas le temps passé et on est surpris à vouloir remettre la face A et recommencer l’écoute. Un musicien fan du hard des 80s avec WASP en tête mais qui est arrivé à créer son propre univers grace à son talent de musicien et de compositeur mais aussi à une sensibilité transpirant tout au long de ces 15 titres.
Si vous étiez passés à côté lors de sa sortie (comme moi !), jetez vous sur cette oeuvre passionnante qui en plus est sortie sur un label français, Listenable Records.

 

1. The Doorway (Entry) 03:43
2. Pure Fucking Hell 03:56
3. Ice Cold Lust 05:02
4. I’m a Rock 04:40
5. Just a Touch of Acid 04:55
6. Alone Again 04:27
7. Call Me Bastard 04:17
8. The River (Centre) 02:46 instrumental
9. The Last Day 05:33
10. Toxic Man 05:00
11. Your Rending Hands 06:14
12. Chained Down 07:12
13. The Shadow in My Heart 04:58
14. Rip, Rip, Kill!!! 03:31
15. The Stairs (Exit) 03:24
01:09:38