INITTAB : « La Fleur Des Dieux » (c) 2023

INITTAB : « La Fleur Des Dieux » (c) 2023

La Fleur Des Dieux
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Publié: 04/09/2023

Quand Jean Marc BATTINI avait annoncé le retour de VENIN en 2015, les hardos de la région marseillaise avaient sauté au plafond de joie car le meilleur représentant du hard phocéen allait remettre le couvert avec la volonté de sortir enfin leur 1er album. De 2015 à 2019, le quatuor a ré-édité leur 1er EP, sorti une compilation issue de leurs démos, un single puis enfin un 1er album fantastique « La Morsure du Temps », parmi les meilleurs albums de hard sortis ces dernières années. Les musiciens étaient prêts à cracher leur venin dans tout l’hexagone et donnèrent une belle série de concerts et festivals .. mais l’histoire semblait trop belle et le groupe annonça sa séparation au début de l’année 2022… Quelle tristesse pour les fans .. mais c’était sans compter sur la détermination et l’amour de la musique de Jean Marc qui était bien décidé à distiller ses riffs de fous et ses mélodies venimeuses avec son nouveau groupe, INITTAB (pour info, pas certain que Jean Marc le sache, mais il s’agit du nom d’un fichier indispensable pour le démarrage des systèmes Unix/Linux …c’est cocasse comme si ce nouveau groupe était indispensable à la scène hard marseillaise :))
Le nouveau quatuor a pris son temps, les musiciens ont appris à jouer ensemble, ont fait une résidence à l’Usine d’Istres avant d’entrer en studio pour enregistrer 4 titres gravés dans les micros sillons du maxi 45t sortant le 5 septembre (également dispo en cd et sur les plates-formes de streaming habituelles dont bandcamp), « La Fleur des Dieux ».
La 1ère chose qui frappe quand on a le bel objet entre les mains, c’est la beauté de la peinture ayant servi pour la pochette de cet EP, oeuvre de l’artiste Bernard CIOCHETTI, fidèle et proche du groupe qui était déjà aux pinceaux sur le 1er EP mythique de VENIN sorti en 1986. Le groupe s’appelle bien INITTAB, mais le serpent et son venin ne sont jamais bien loin comme le montre la pochette, avec le reptile en arrière plan, ce serre tête de la jeune femme ou encore son colier. Musicalement, le groupe reste dans la droite lignée du heavy mélodique que VENIN nous avait servi sur son fantastique album « La Morsure du Temps » paru en 2018.
Les sudistes nous mettent de suite dans l’ambiance et à l’aise avec « Laisse moi le temps » un brûlot rapide qui rappelle des titres comme « Passe temps », « Pensées pour eux », « L’instant », avec ce chant et cette voix mélodique et énergique reconnaissable entre mille distillant cette mélodie bien .. venimeuse à laquelle on devient vite accro, ces harmonies à 2 guitares de Jean-Marc et Lionel Bredenbach, une section rythmique qui bastonne avec la très talentueuse bassiste Hélène Aviérinos et la pédale de double grosse caisse de Gerald Ferrer qui mène un tempo d’enfer. Lionel nous balance un sacré bon solo à la fois incisif et mélodique avant de laisser place à une partie d’harmonies à 2 guitares chères au groupe. On sent une certaine hargne dans le chant de Jean Marc, une rancoeur dans les paroles sur des évènements passés qui ont eu du mal à être digérés .. mais comme souvent dans les paroles du musicien marseillais, le temps (un thème très récurrent dans les paroles de Jean Marc) est synomyme de guérison et est salvateur.
On est frappé par le son et la prod en béton armé signée Matthieu BATTINI (le fiston de Jean Marc). Les guitares sont très heavy, la section rythmique solide comme un rock, les choeurs typiques du groupe bien mis en valeur.
Le groupe a les crocs et cette colère est mise en musique sur la 2nde piste « Rien » dont le riff bougrement heavy lançant le morceau rappelle celui de « La Faute aux souvenirs », on sent dans le chant de Jean Marc une envie de sortir et crier sa douleur dans ce titre parlant d’un être cher disparu . La basse d’ Hélène se fait bien plus présente sur ce titre tandis que Gérard balance des coup de pédale de double grosse caisse. La construction du titre est fichtrement bien foutue : couplets énergiques à faire headbanguer un .. grille pain (il y avait longtemps !), un pré-refrain plus mélodique donnant sur un refrain original avec les 4 musiciens donnant de la voix dans les choeurs. Le solo de Lionel est également bien vu avec un petit air oriental suivi par ces fameuses twin guitares de Jean Marc et Lionel. Le fin de ce coup de massu est calme, avec la très belle voix de Jean Marc sur fond d’une guitare acoustique. Un morceau montrant le côté très actuel d’un groupe n’oubliant pas d’où il vient mais n’hésitant pas à avancer.
« Laisse-tomber » par contre nous replonge dans le hard/heavy qui fit connaitre VENIN avec un riff bougrement accrocheur ayant un petit air de celui de « Hells Bells » de qui vous savez. Forcément nous sommes happés. Les lignes vocales sont tellement efficaces, elles ont toujours été la grande force des marseillais. Ce titre a tout d’un hit, on a envie de secouer la tête durant les couplets, de lever le poing et gueuler « Laisse tomber » avec Jean Marc durant le refrain.
La fin de VENIN a laissé des traces et le texte laisse paraître une certaine amertude mais c’est l’espoir et cet esprit de gagneur qui prend toujours le dessus, car la passion est toujours plus fort que tout. Les 2 guitaristes nous régalent avec leur soli toujours mélodiques. Tout simplement l’un des meilleurs titres jamais composés par Jean Marc.
Cet EP se termine par le titre lui donnant son nom, « La Fleur des Dieux ». Il ne s’agit pas d’une composition récente, en effet elle fut en partie composée en 1985 mais n’était jamais sortie sur aucun disque. Jean Marc la trouvant tellement bonne, il a décidé de la sortir des cartons et de la retravailler pour donner cette version 2023 et il a sacrément bien fait. Une pépite d’un heavy forgé dans le heavy le plus pur et dans la grande tradition des 80s dans sa 1ere partie. Les riffs heavy font un peu penser au DIO de « Sacred Heart » mais les mélodies et le refrain sont typiquement Venin. Il souffle un vent épique, la basse claque, la batterie se veut lourde, les riffs heavy à la Campbell, puis une très belle partie en guitares en harmonies jouée façons Scorpions des 70s et o surprise à 4 minutes, le morceau prend une allure celtique avec ces harmonies de guitare pouvant rappeler le « Dance Of Death » de Maiden, puis le titre reprend son cours avec ce refrain entêtant et ces riffs heavy en ….. Diable. Quel morceau les amis !
Et lorsque le bras du tourne disques se lève, on se dit « mais non, ce n’est pas déjà fini !!! », car on n’entend pas le temps passer avec ces 4 titres passionnants et montrant un groupe au meilleur de sa forme dont les mésaventures des dernières années ont semble t il renforcer. Une excellente carte de visite laissant présager un avenir radieux. VENIN est mort, vive INITTAB !!

1. Laisse moi le temps 03:52
2. Rien 04:42
3. Laisse tomber 05:22
4. La fleur des dieux 06:29
20:25