BLAZE BAYLEY est un survivant, ce n’est pas la première fois que je l’écris mais cela n’a jamais été aussi vrai que depuis 1 an. Le chanteur anglais a du surmonter tellement d’épreuves depuis une vingtaine d’années, arrivant toujours à se relever mais en mars 2023, son corps a dit STOP avec une crise cardiaque qui aurait pu lui être fatale. Mais Blaze est un battant et son esprit de battant l’a remis sur pied après tout de même un quadruple pontage coronarien et voilà qu’il est remonté sur scène avec WOLFSBANE puis en solo fin 2023 et prépare à se lancer dans une tournée européenne dès fin février et sort un nouvel album « Circle Of Stone » dont l’enregistrement s’était terminé juste quelques jours avant son accident cardiaque.
Cet album célèbre bien entendu le retour discographique du chanteur anglais après un très réussi et rageur « War Within Me » sorti en 2021 mais aussi les 10 ans de collaboration entre Blaze et le groupe ABSOLVA. Ce n’est pas rien, et cette fine équipe a produit une formidable trilogie futuriste (à quand le livre ??) « Infinite Entanglement », « War Within Me », plusieurs albums live dont le fameux « Live In France » capté et filmé en France dans la célèbre salle mythique Chez Paulette à Pagney Derrière Barine à côté de Toul et Nancy. Sans oublier les nombreuses tournées et centaines de dates données en Europe, UK, en Amérique du Nord, Centrale et du Sud. Des automatismes entre les musiciens se sont crées, 10 ans de musique ensemble cela aide mais aussi peut se montrer piégeux et on pouvait craindre que la musique de Blaze commence à se répéter, et bien ce 11ème opus de Mr Bayley arrive à point nommé pour balayer toutes ces inquiétudes. « War Within Me », même si plus direct et rageur que la fameuse trilogie, restait dans la droite lignée ce ces 3 albums. Sur ce « Circle Of Stone », on reconnait ici et là des éléments musicaux gagnants des ces disques, mais à ma plus grande suprise je découvre des riffs me replongeant dans les 3 premiers albums du groupe BLAZE, des riffs plus abrupts et des mélodies qui auraient eu leur place sur un « Silicon Messiah » ou un « Tenth Dimension ». Je pense au très bon « Tears In Rain » au riff bougrement heavy des frères Appleton , au chant torturé et quelque fois trafiqué de Blaze, cette basse bien ronflante et ces soli lumineux de Christopher Appleton .. ou le fantastique et fougueux « Absence » avec ces twin guitares, ce tempo énervé et ces riffs encore une fois bien puissants. Cela bastonne à tous les niveaux tandis que le refrain se veut plus mélodique.
Mais revenons au début, : cet album se compose de 2 parties.
Dans la première partie, le chanteur souhaitait exprimer ce qu’il a ressenti ces dernières années, la fragilité de sa (notre) condition dans un monde rude et ne faisant aucun cadeau, le fait d’accepter cela, de savoir être reconnaissant envers ceux qui tendent la main et ne jamais les oublier, car c’est cela qui nous donne notre humanité. La plus belle traduction et expression de cela est exprimé dans la fantastique et trés émouvante power ballade « The Broken Man ». Un titre résumant tellement bien Blaze, avec son chant si poignant, en nuances et tellement expressif avec juste ces quelques arpèges de guitare. Difficile de ne pas avoir le poil qui se hérisse à l’écoute de ce début . La batterie rejoint la partie, sans trop en faire car ce morceau et les paroles imposent l’humilité et la simplicité. La montée en puissance se fait à l’arrivée du solo de guitare parfait avec ce qu’il faut de notes et de mélodie. Un très beau moment très émouvant, et encore plus pour ceux connaissant ce bonhomme formidable qu’est Blaze.
Sur « Rage », le chanteur nous surprend nous racontant cette fable galloise sur le Prince Llywelyn the Great, adepte de la chasse et possédant plusieurs chiens dont Gelert qu’il adore. Un jour revenant de chasse, il voit ce chien venant à sa racontre la gueule pleine de sang. Horrifié, la 1ere pensée du Prince est que son jeune bébé a été tué par Gelert, d’autant plus qu’il voit plein de sang dans la chambre de son fils. Sans se poser plus de question et fou de rage (Blaze chantant « Red mist blinded me » et hurlant  » WITH RAGE ! ») le Prince tue son chien … c’est alors qu’il entend les pleurs de son enfant, sain et sauf avec à côté de lui un loup mort … tué par Gelert qui avait donc sauvé le bébé. Difficile de ne pas y voir un clin d’oeil aux réseaux sociaux et aux avis tellement vite faits sur des gens, des événements sans en connaitre d’avantage et pouvant mener à des biens tristes extrêmes quelques fois : il faut garder la tête froide et savoir faire la part de choses, ne pas être aveuglé par les autres ou par des sentiments déformant la réalité. Musicalement, c’est du très grand Blaze, une nouvelle fois original avec ces arpèges de guitares me rappelant un peu le début du « Dream Warriors » de DOKKEN, avec ce superbe violon d’ Anne Bakker. Dans cette 1ere partie calme, le temps est aux remords du Prince … jusqu’au souvenir de cette explosion de « rage » hurlée par Blaze. Le morceau prend une autre tournure avec des riffs sonnant très heavy, bien plus que les 3 derniers albums du chanteur. J’adore le son des guitares rythmiques qui n’a jamais été aussi bon ces dernières années. Chris Appleton place un très bon solo et quelques harmonies de guitare, sans trop en faire et cela colle parfaitement au morceau et à son ambiance. Tout simplement l’un de meilleurs morceaux que Blaze ait jamais enregistré.
On retrouve dans cette 1ere partie 2 autres très bons titres rappelant les albums précédents, et forts réussis : « The Year Beyond This Year » typiques des compositions des frères Appleton à la fois heavy et très mélodique avec un refrain bougrement accrocheur mené encore une fois par un sacrément bon riff dont les frères Appleton (Chris et Luke Appleton ) ont le secret. Blaze évoque dans ce titre la bonne part de résilience qu’il faut avoir dans la vie, savoir laisser de côté ceux qui nous font du mal et surtout laisser le passé de côté.
« Mind Reader » ouvrant l’album est un brûlot hyper efficace nous rappelant les meilleurs brûlots de la trilogie (« Blood », « Dark Energie 256 », « The Dark Side Of Black ») avec ce riff vicieux de guitare avec un chant de Blaze à la fois enjoué et bourré d’énergie. Un titre très entrainant qui fera un malheur en concert.
Rarement Blaze et son groupe n’auront été aussi heavy comme en atteste cet étonnant « Ghost in the bottle » avec Martin Mcnee donnant de la pédale de double grosse caisse tandis que les riffs de guitares cavalent nous incitant à secouer la tête.
La seconde partie de l’album se réfère à son titre, « Circle Of Stone », et est une réflexion sur ce qu’on nous avons pu faire de l’héritage de nos ancètres (notre « tribu »), eux qui dans ces temps anciens pronaient le partage, l’écoute des autres et érigeaient ces « pierres en cercle » pour qu’on n’oublie pas d’où l’on vient … et le constat n’est pas réjouissant, dans un monde basé sur l’égoïsme et l’oubli des valeurs essentielles de la vie.
Cet appel des ancêtres commencent justement avec une magnifique pièce musicale « The Call Of The Ancestors » avec les magnifiques cornemuses jouées par Vicki Kennerley et nous plongeant dans les îles britanniques dans temps ancestraux.
Le title track « Circle Of Stone » s’enchaine et s’avère être un très bon morceaux hyper catchy avec des mélodies / descentes de manche très parlantes de Chris Appleton, cette mélodie vocale imparable de Blaze et puis la participation de Niklas Stålvind, chanteur du groupe suédois WOLF (qu’on avait vu en France en tournée avec ENFORCER en 2015) apporte une belle touche d’originalité à ce 1er single de l’album.
Ce nouvel album de Blaze est très riche et diversifié, plus que « War Within Me », qui bien que très bon, se voulait être avant tout une succession d’uppercuts comme une réaction à tous ces confinements liés au Covid. Sur ce millésime 2024, la musique de Blaze s’essaie à plusieurs humeurs, des sons différents et cela rend l’écoute vraiment passionnante, d’autant que la qualité des compositions est au rendez vous. Il suffit d’écouter le fantastique « A Day Of Reckoning » dans un morceau heavy épique dont Blaze a le secret et qui pour le coup, sonne très IRON MAIDEN actuel et n’aurait pas déparaillé sur « Senjutsu » aux côté de génial « Hell On Earth » (pour la musique) et de « Death Of The Celts » (pour les paroles évoquant ces ancètres celtes) : on trouve ces mélodies de guitares, ces moments de bravoures donnant envie de lever le point, ces ohohh qu’on gueule à leur écoute, bref un pur moment de bonheur, peut être le meilleur morceau de l’album.
La fin de cette nouvelle offrande approche, Blaze et ses musiciens envoient du lourd avec « The Path of The Righteous Man » et son excellent riff très NWOBHM sur lequels de chouettes harmonies de guitares sont jouées par les Appleton brothers. Les guitares sont à la fête, avec ce leitmotiv de 6 cordes bien trouvé durant le refrain, la basse de Karl Schramm qui claque bien. Un titre court et très entrainant fort réussi.
Le chanteur à l’énorme coeur nous quitte sur une pièce acoustique de toute beauté, « Until We Meet Again », avec le chant poignant de Blaze partagé avec la talentueuse chanteuse galloise (du sud) Tammy-Rae Bois avec comme seuls instruments une guitare acoustique et la violon d’ Anne Bakker.
Blaze Bayley a une nouvelle fois réussi son pari en nous proposant un album en tout point réussi et en arrivant à se renouveler avec une richesse musicale dans la diversité des compositions balayant l’ensemble de sa carrière musicale et avec un choix judicieux d’invités collorant la musique de la plus belle des façons. Ce 11eme album est une très bonne surprise montrant un Blaze à son meilleur niveau. Vivement la tournée !!