QUEENSRYCHE : « Digital Noise Alliance » (c) 2022

QUEENSRYCHE : « Digital Noise Alliance » (c) 2022

Digital Noise Alliance
Catégorie:

Les idées reçues ont la peau dure et malheureusement rendent souvent les gens aveugles. En prenant juste le temps de réfléchir un peu sur ce qu’est la carrière d’un groupe, en prenant du recul, on comprend les choses et surtout on évite de passer à côté d’albums magnifiques. Avec tous ces groupes approchant (et les ayant déjà dépassés) les 40 ans de carrières, rares sont ceux qui n’ont pas eu des changement de musiciens, des splits puis des reformations …. 4 décennies c’est long, c’est une vie … des familles qui se créent et des éloignements qui se font avec les anciennes priorités. Les Judas Priest, Accept, Mercyful Fate, Black Sabbath, Megadeth et d’autres ont vu les musiciens défilés mais pour autant ils ont continué à sortir des albums de qualités adorés par une majorité.
C’est le cas également avec QUEENSRYCHE qui avait déjà subi le départ de Chris DeGarmo en 1997 après le loupé « Hear In The Now Frontier » et la prise de pouvoir année après année du clan Tate sur le groupe, imposant la vision musicale du chanteur qui s’éloignait toujours plus du heavy sophistiqué qui avait fait le succès du band de Seattle, rendant les autres musiciens simples exécutants. Le résultat fut des albums indignes du groupe, le comble étant atteint avec l’horrible « Dedicated to Chaos ». Ce fut la goutte qui fit déborder le vase, les musiciens du groupe se liguèrent contre Tate et son clan et virèrent le chanteur en 2012. Bien leur en avait pris car leur nouvelle recrue Todd LaTorre (ex Crimson Glory) remit le groupe sur les rails et les musiciens purent se libérer et écrire la musique qu’ils souhaitaient en revenant aux sonorités de leurs meilleurs albums des 80 et 90s avec l’album éponyme en 2013, puis « Condition Human » en 2015 et le très bon « The Verdict » en 2019, 1er album sans Scott Rockenfield qui s’était éloigné du groupe après la tournée 2016 sans plus donner de nouvelles .
Ces 3 albums montraient un QUEENSRYCHE montant en puissance album après album, retrouvant leurs automatismes de composition (n’oublions pas que Wilton composait presque autant que DeGarmo durant les golden years du groupe, et que Eddie Jackson participait également activement à l’écriture des chansons à l’époque). Finies les errances foireuses imposées par Tate, le groupe nous proposait de nouveau leur heavy metal sophistiqué débordant de classe pendant que Tate sortait des albums plus que tièdes et décidait de faire récemment machine arrière en faisant des tournées interprétant les albums des 80s de son ancien groupe.. lui qui pourtant avait sabordé le groupe n’aimant plus cette musique heavy … opportuniste ? Non pensez vous …..)
40 ans après leur 1er EP, QUEENSRYCHE sort un fantastique 15ème album, « Digital Noise Alliance » (DNA …. jeu de mots avec DNA signifiant Deoxyribo Nucleic Acid (ADN en français)), merveilleux résumé de toute la qualité et la richesse de la musique du Ryche. Pour l’occasion, Wilton a ressorti ses amplis et autres pédales d’effets qu’il avait utilisé durant les enregistrements de « Rage For Order », « Operation Mindcrime » et « Empire ». Et cela saute aux oreilles, les riffs et le son des guitares nous replongent dans ces albums de légende avec cependant des arrangements actuels grandement aidés par le 6ème membre du groupe, le producteur Zeuss donnant une son d’enfer aux chansons.
En 11 titres les musiciens de Seattle nous montrent toute l’étendue de leur talent intact dans les titres très accrocheurs comme « In Extremis » démarrant l’album. On y trouve les riffs efficaces en diables, les choeurs typiques du groupe, la voix bluffante de La Torre, les parties de batteries riches du nouveau venu Casey Grillo, la basse sacrément présente de Jackson dans le mix. Le final est très réussi, avec le tempo qui s’accélère sous l’impulsion de double grosse caisse de Grillo.
« Chapters » commence avec de biens belles harmonies de guitare avant que La Torre pose une chouette ligne de chant mélodique. Un mid tempo très réussi me rappelant un peu l’époque « Empire » / « Promised Land ».
Dans le genre accrocheur en Diable, « Lost In Sorrow » se pose là. Le début avec ces guitares doublées a un air de certains titres de Mindcrime. La mélodie et la voix de La Torre sont au poil et envoutant durant les couplets tandis que sur le refrain les voix doublées sont du plus bel effet suivi de bien belles harmonies de guitares. Le groupe nous propose exactement tout ce qu’on a toujours aimé dans leur musique. Un excellent titre empli d’une certaine mélancolie qui aurait pu très bien figuré sur les pépites des 80s.
Ayant à coeur de varier les plaisirs, le groupe accélère le tempo sur « Sicdeth » avec un La Torre étonnemment énervé durant les couplets. Le tempo ralentit durant un refrain plus mélodique donnant une excellente dynamique au morceau. Wilton et Stone nous régalent les oreilles avec leur solo en harmonies pendant que Grillo joue de la double grosse caisse avant qu’un petit break calme survient avec la basse de Jackson bien présente, et Grillo nous régalant les oreilles de ses parties de batteries avant que le titre reparte sur son tempo rapide. Un mot sur l’arrivée de Casey Grillo derrière les futs : ce batteur est une bête et assurément un gros plus pour le groupe tant sa présence et son apport se font entendre tout au long de l’album.
Place maintenant au joyau de l’album, « Behind The Walls » introduit par ces claviers inquiétants pour cette pièce heavy à l’ambiance sombre amplifiée par le chant habité de La Torre racontant les souffrances intérieures de personnes subissant des sévices mais gardant tout pour eux sans rien dire. Le refrain réussi est très prenant et flippant lorsque La Torre chante désespéremment « Did you ever love me ? Did you ever love you ? ». Les 2 six cordistes nous régalent d’un chouette duel de guitares .. avant un final splendide avec le tempo qui s’accélère, les guitaristes dégainant de nouveau de bien belles mélodies. Un morceau en tout point remarquable à l’ambiance glaciale.
Et la joie et les sourires ne sont pas là de revenir avec le très bon « Nocturnal Light » composé par Jackson avec un riff hyper efficace et sa ligne de basse au son saturé, et puis quel sacré bon refrain. QUEENSRYCHE est revenu à son meilleur niveau, capable de pondre de tels morceaux marriant richesse musicale, mélodie addictive tout en gardant ce côté heavy. Certainement mon préféré de l’album.
Comme le laisse entendre le nom du titre suivant « Out Of The Black » et les paroles peu joyeuses, le propos est sombre et … noir mais les mélodies restent magnifiques. La construction du titre est vraiment réussie nous montant encore une fois le talent de composition intacte de Wilton, Jackson aidés de La Torre, pour un titre sentant le meilleur d’ « Empire » qui partageait aussi des sujets graves (« Best I Can »).
Avec « Forest », le clin d’oeil à « Silent Lucidity » est évident avec ces légers instruments à cordes, ces quelques choeurs avant le refrain mais il ne s’agit en rien d’une redite du hit de 1990 car ce nouveau titre possède sa propre identité et force mélodique. Une bien belle ballade typique de QUEENSRYCHE, avec une richesse musicale avec ces guitares acoustiques, ces cordes et bien sur la magnifique voix de La Torre pleine de mélancolie avec des paroles n’étant pas une ode à la fête…
« Realms » est le 2nd titre composé en solo par le bassiste Eddie Jackson, et donc bien évidemment porté par sa basse et le parallèle avec les titres de la 2nde partie de Mindcrime me vient de suite à l’esprit. Le travail fait sur les guitares est encore une fois superbe. Chaque morceau regorge d’harmonies de guitares ici et là.
Ce nouvel album des américains se termine avec 2 pièces étonnantes : tout d’abord « Hold On » à la structure surprenante avec au début ces cymballes, ces riffs syncopés, cette basse au son aigu et étourdissant .. puis tout devient calme pendant que La Torre chante une mélodie encore une fois vivant à fond les paroles de la chanson. Cela s’accélère et devient plus heavy durant un refrain lui aussi étonnant. On remarque le sacré boulot de Grillo et à ces ambiances ici et là limite jazzy durant les parties calmes contrastant avec ce refrain bien plus mélodique et accessible. Un titre où l’on sent que les musiciens ont voulu se faire plaisir, rappelant un peu ici et la « Della Brown » … et puis quel final !
Mais ce n’est rien à côté de ce qui vous attend avec l’ébouriffant « Tormentum » qui porte très bien son nom. La double grosse caisse résonne, le riff et le son de guitare nous rappellent les meilleures années du groupe mais nous sommes étonnés par le chant agressif de La Torre et pour le coup on a presque du mal à reconnaitre sa voix. Le titre est heavy, le refrain entêtant…puis survient un break calme surprenant, avec encore un fois Grillo faisant un festival d’accroches rythmiques, la basse tisse une toile solide .. tout s’arrête les riffs lancent une nouvelle partie avec soli de Wilton puis d’harmonies à 2 guitares avant un passage rythmique rappelant un peu le meilleur de Dream Theater. Le morceau progresse et les changements d’ambiances musicales sont nombreux avec toujours les guitares à la fête. Une magnifique pièce de plus de 7 minutes devenues rares chez le groupe. En 55 minutes et 11 morceaux, QUEENSRYCHE nous démontre qu’ils n’ont jamais été aussi bons et maitres de leur sujet depuis ces 25 dernières années. « Digital Noise Alliance » est sans aucun doute leur meilleure réalisation depuis « Promised Land », le plus riche musicalement et le plus abouti en terme de composition, et de direction artistique. Il ne s’agit pas d’un album respirant la joie .. une chape de plomb et des nuages d’une noirceur glaçante reste au dessus de notre tête durant toute l’écoute de cette oeuvre dense témoignant certainement de l’époque actuelle et de ces dernières années difficiles  pour l’humanité. Nous avions été éblouis par « The Verdict » .. et bien ce « Digital Noise Alliance » possède l’ …ADN des meilleures réalisations du groupe et QUEENSRYCHE montre qu’il n’a besoin de personne d’autre pour produire l’un de ses meilleurs albums tout en restant actuel. Bravo !

1. In Extremis 04:41
2. Chapters 03:43
3. Lost in Sorrow 05:12
4. Sicdeth 04:42
5. Behind the Walls 06:14
6. Nocturnal Light 05:43
7. Out of the Black 04:19
8. Forest 04:46
9. Realms 03:48
10. Hold On 04:56
11. Tormentum 07:29
12. Rebel Yell (Billy Idol cover) 04:48
01:00:21

 

Label Catalog ID Format Description
Century Media Records
Digital
Century Media Records 19658737032 CD Digipak
Century Media Records
CD Limited edition, Boxset
Century Media Records 19658725971 2 12″ vinyls Limited edition, 4 colors
Century Media Records 19658714192 CD Digipak

 

1 réponse

Laisser un commentaire