THE RODS : « Rattle The Cage » (c) 2024

THE RODS : « Rattle The Cage » (c) 2024

Rattle The Cage
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Publié: 19/01/2024

THE RODS est un groupe américain finalement peu connu dans nos contrées européennes exceptés des afficionados de la NWOBHM et du heavy metal US du début des 80s. Il faut dire que le power trio est rarement venu donner des concerts sur le Vieux Continent. Les plus vieux d’entre nous, dont votre serviteur, se sont penchés sur ce groupe alors qu’il ouvrait pour IRON MAIDEN sur leur tournée UK « Beast On The Road » en 1982. Cela commence à dater, le groupe venait de sortir l’un (le ?) de leurs meilleurs albums, « Wild Dogs » qui mettait en scène sur la pochette et pour la 1ère fois le fameux cerbère à 3 têtes qui nous avait forcément marqué à l’époque. Sur ce 2nd opus des américains, on découvrait un mélange détonant de heavy/hard rock bien burné sur « Too Hot To Stop », le heavy « Violation », des brûlots speed tels « Wild Dogs », « No Sweet Talk Honey » et de l’autre des moments plus mélodiques mais foutrement addictifs comme « End Of The Line » ou « Burned By Love ». Rebelotte l’année suivante avec le très bon « In The Raw » avec quelques pépites comme « Hurricane », « Can’t Get Enough Of The Fun » et surtout l’étonnant « Witche’s Brew » (non, rien à voir avec le fameux titre de MANILLA ROAD). Le trio était composé de David ‘rock’ Feunstein à la guitare/chant, cousin d’un certain Ronnie James Dio. Feunstein tenait du reste la guitare sur le 1er album d’ELF de Dio en 1972. Carl Canedy tenait les baguettes et Garry Bordonaro la basse. Le groupe ne faisait clairement pas dans la dentelle et était une véritable machine à faire headbanger. Après un ultime album pourtant réussi (et avec un chanteur Shmoulik Avigal, décédé en 2020), « Heavier Than Thou » en 1986, le groupe splitta. Les musiciens enregistrèrent un album « Hollywood » sous le nom de CANEDY, FEISNTEIN, BORDONARO, CAUDLE, ressorti en 2015 sous le nom THE RODS, ce qui pour moi était une belle connerie, car la musique de ce projet n’avait pas grand chose à voir avec le heavy/hard crasseux de THE RODS mais lorgnait vers un hard radiophonique, peu inspiré pour le coup.
Il fallut attendre 2009 pour l’annonce de la reformation du fameux cerbère enragé et ils nous offrirent un nouvel album « Vengeance » en 2011 avec le même line-up qu’en 1980-1984. Un disque honnête reprenant là où Feinstein, Bordonaro et Canedy avaient laissé leur musique. Pas l’album du siècle mais cela faisait très plaisir de revoir les américains revenir aux affaires. Il fallut de nouveau attendre une paire d’années avant le prochaine galette du groupe, avec « Brotherhood of metal » sorti en 2019, un album bien plus inspiré comme le title track et ses 7 minutes dont cette chouette 1ère partie calme de toute beauté ou l’excellent « Smoke on the Horizon » et son orgue Hammond bien jouissif. En 2020, séisme au sein de THE RODS avec le départ Garry Bordonaro, remplacé par un certain Freddy Villano à la basse.
Alors je ne sais pas si l’arrivée de Mr Villano dans le groupe a beaucoup influencé dans la musique du tout nouvel album « Rattle The Cage » sorti ces jours ci, mais en tout cas et après une grosse dizaine d’écoutes de cet opus, j’ai l’impression d’avoir affaire à un nouveau groupe, ou plus exactement à une super THE RODS. Le power trio a clairement changé de division pour enfin intégrer la Champions League : 10 titres, et 10 énormes baffes d’une inspiration de chaque instant, arrivant également à diversifier les plaisirs rendant l’écoute de ce 9ème album bougrement agréable. Cela commence par le nerveux et hyper accrocheur « Now and Forever » mené par la pédale de double grosse caisse de Carl Canedy. Comment résister à cet orgue Hammond, à ces harmonies de guitares et riffs ciselés dans l’acier et puis quel refrain nom de Zeus !!!
La basse du nouveau venu Freddy Villano est très présente dans le mix, bien plus qu’auparavant comme sur le brûlot « Wolves at the Door », elle cavale et nous vrille les oreilles pour notre plus grand plaisir, soutenue par une nouvelle fois un sacré bon riff heavy de David Feinstein. On note le soin apporté aux harmonies vocales mettant en valeur le pré-refrain et son côté inquiétant et le refrain fédérateur qu’on a de suite envie d’hurler. A 77 ans le guitariste tient sacrément la forme et distille ici un très bon solo.
Quel morceau !! … et ce n’est que le début de l’album ….
Je vous parlais de l’importance de la basse dans cette nouvelle mouture du trio, et bien écouter cette intro bandante de « Cry Out Loud ». Durant plus de 7 minutes, le groupe nous embarque dans une pièce épique sur laquelle plane l’ombre de DIO (on pense à la ligne de basse de « Heaven And Hell ») . David Feinstein prend du reste une voix plus mélodique rappelant celle de feu son cousin. Ce titre est un grand moment de bravoure.
THE RODS n’a jamais sonné autant heavy metal que sur ce nouveau disque, et moins hard crasseux de leurs 1ers méfaits ou même de leur album de reformation « Vengeance » comme en atteste le heavy « Rattle The Cage » avec son énorme riff, Carl Canedy donnant de la pédale de double grosse caisse ici et là, Freddy Villano martyrisant ses cordres. Un titre heavy mais possédant un excellent groove.
Dès l’entame du riff de « Can’t Slow Down », une lumière s’allume immédiatement dans mon esprit et me dit « c’est une cover du « Like The Beat Of A Heart » de DIO » .. mais non, il s’agit d’un nouveau titre de THE RODS, mais le riff est exactement le même que celui du titre de DIO issu de « Sacred Heart ». Ce titre n’en demeure pas moins très bon.
Après cette piste heavy et pachydermique , le trio accélère et ouvre la poignée de gaz en grand sur l’excellente speederie « Metal Highways » au refrain addictif. Une véritable ode au heavy metal de 1er choix. Rarement un album des RODS n’aurait autant sonné Dio par moment et on s’en rend compte avec le riff démarrant « Hell of High Water » me rappelant un peu celui de « Man On The Silver Mountain » de RAINBOW. Déjà le 7eme titre, et encore une fois le groupe frappe fort et bien avec un refrain faisant mouche et je crois que c’est l’une des grandes forces de cet album, l’accroche des mélodies et des refrains imparables sur une musique bien heavy.
Et ce n’est pas sur « Play It Loud » que le groupe va me contredire : un hymne heavy mid-tempo avec toujours la basse de Freddy Villano aux avants postes et des refrains aux choeurs gonflés sur un riff métallique à souhait et en tempo groovy.
Comme depuis le début de l’album et comme souvent avec THE RODS, le groupe alterne morceau heavy mid tempo et speederies et voilà que déboule le bolide « Shockwave » et son riff mémorable à briser des cous. Le trio n’est pas là pour rigoler ni pour balancer des ballades !
David « Rock » Feinstein et ses 2 sbires nous quittent avec un banger heavy speed « Hearts Of Steel » hymnique sur lequel les 3 musiciens envoyent tout ce qu’ils ont : tempo d’enfer de la batterie, basse en fusion, riff de guitare heavy et chants guerriers et fédérateurs sur des paroles très MANOWAR à la gloire de heavy metal qui fera un malheur en concert avec ce refrain tellement bon et contagieux.
Et bien mes amis, quelle grosse grosse claque que ce « Rattle The Cage » de THE RODS  !!! Pour être franc, je n’attendais pas du tout le groupe à un tel niveau, c’est à dire au point d’en faire déjà un sérieux candidat à l’album de l’année (je sais nous sommes qu’en janvier !!) car il aurait fait partie facile de mon top 5 de l’année dernière. Le cerbère à trois têtes est revenu au meilleur de sa forme avec un nouveau bassiste ayant, je pense, apporté une bonne dose de fraicheur et d’énergie au groupe, une orientation musicale bien plus métalisée et surtout un niveau de composition rarement atteint par le groupe jusque là avec 10 hits métalliques mis en valeur par une prod 5 étoiles, des arrangements aux petits oignons dont des choeurs apportant un grand plus à chacune des chansons. Un immense bravo pour ce retour gagnant d’une légende du heavy metal américain, 44 ans après sa formation.

1. Now and Forever 03:34
2. Wolves at the Door 05:30
3. Cry Out Loud 07:29
4. Rattle the Cage 04:54
5. Can’t Slow Down 05:05
6. Metal Highways 04:04
7. Hell or High Water 04:20
8. Play It Loud 05:08
9. Shockwave 04:08
10. Hearts of Steel 03:35
47:47:00