MOTORHEAD : « Ace Of Spades » (c) 1980

MOTORHEAD : « Ace Of Spades » (c) 1980

Ace Of Spades
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Publié: 08/11/1980
Lemmy est une légende …. un exemple d’intégrité, l’incarnation du rock’n’roll à tous les niveaux dans sa musique, dans sa vie de tous les jours profitant de chaque jour comme s’il agissait du dernier et Lemmy était devenu au fil des années un exemple pour beaucoup de hardos car il représentait tant cette idée de toujours rester droit dans ses santiags, de ne faire aucune concession et bien sûr de profiter de la vie à fond , ce que nous, jeunes hardos chevelus que nous étions, aspirions tous ! Lemmy vivait la vie que chacun d’entre nous voulait avoir.
Son rock’n’roll déjanté n’a au final guère changé durant les 40 ans que séparent le 1er enregistrement de Motorhead et « Bad Magic » et c’est ce qui caractérisait Lemmy, jamais se prendre la tête, allumer son ampli, prendre sa Rickenbacker et balancer la sauce.
C’était sa ligne de conduite depuis son éviction de Hawkwind après quoi il avait juré de revenir avec le groupe le plus bruyant et le plus mauvais que le Monde ait connu ! Dès le 1er album on savait à quoi s’en tenir mais on sentait que Lemmy avait bien plus à dire, malgré déjà quelques excellents brulôts comme « Motorhead » et « Iron Horse / Born To Lose ». Mais c’est début 1979 que le bombardier prit véritablement son envol avec la furie « Overkill », l’album le plus furieux et plus inspiré de nouveau trio infernal composé de Fast Eddie Clarke à la guitare, Phil Animal Taylor à la batterie et bien sûr Lemmy Kilmister au chant et à la basse (enfin le truc à 4 cordes au son distordu et faisant un raffut pas possible !). Un disque qui a changé beaucoup de choses et qui proposait une puissance et une violence jamais atteintes jusque là, mais toujours fait avec classe et une essence rock’n’roll toujours présente. La spirale infernale album / tournée avait été amorcée et le groupe enchaina seulement quelques mois après l’album « Bomber » du même tonneau que son prédécesseur même si un cran en dessous . Le power-trio passa une partie de l’année 1980 sur la route mais trouva le temps de composer et d’enregistrer un nouvel album, sentant qu’il fallait battre le fer tant qu’il était chaud et son management devait également se dire que Motorhead ne devait surtout pas s’absenter trop longtemps de l’actualité avec toute cette nouvelle vague NWOBHM dont s’emparait toute la presse spécialisée anglaise et avec ces jeunes groupes trustant les charts (le 1er Maiden déboula à la 4eme place des charts UK, le « Wheels of Steel » de Saxon n°5). Lemmy et sa bande voulaient frapper un grand coup … et Mr Killmister réclama que le nouvel album soit produit par un de ses producteurs fêtiches, Vic Maile .. célèbre à l’époque pour avoir produit des groupes adorés par Lemmy comme The Animals, Fleetwood Mac, Jimi Hendrix, Led Zeppelin,Dr. Feelgood …. Autre changement important, pour la 1ère fois le groupe abandonnait leur célébre Snaggletooth (dessiné par Joe Petagno) au profit d’une photo des musiciens dans une mise en scène étant entrée dans la légende, avec cet hommage (voulu par Lemmy) aux westerns spaghettis dans cette photo prise par Alan Ballard, avec un Lemmy au look rappelant celui de Blondin (Clint Eastwood) dans « Le Bon, la Brute et le truand » de Sergio Leone. Et musicalement, le groupe allait faire très très fort d’entrée de jeux avec le tornade « Ace Of Spades » introduit avec ce riff de basse entré dans la légende, ce rythme joué pied au planché, ce riff imparable de Fast Eddie (et quel solo !) et bien sûr ce chant unique de Lemmy avec cette mélodie vicieuse qui allait marquer des millions de fans et puis cette phrase résumant l’esprit du groupe « i don’t want to live forever ». Véritable frêre jumeau du titre « Overkill », ce nouveau titre allait faire connaitre Motorhead dans le monde entier, fit exploser la popularité du groupe en Angleterre (l’album débarqua à la 4eme place des charts et le single se vendit à plus de 400.000 exemplaires !!!). Et tout l’album a cette même inspiration et cette urgence, cette authenticité et ce sacré groove rock’n’roll unique mais électrifié et avec cette agressivité de chaque instant, que ce soit sur les brûlots speed tels « Ace Of Spades », « Fire Fire », « Bite The Bullet » ou la furie « The Hammer » (l’un de mes titres préférés du bombardier) ou également sur les mid-tempi remuant comme ce « Love Me Like A Reptile » au riff si bien trouvé, ce refrain et ce sifflement de serpent, ce solo au placement de notes parfait de Fast Eddie à la fois mordant et gorgé de feeling rock ou ce « Shoot You In The Back » avec encore une fois un riff de folie, ces sons de barillet de pistolet clin d’oeil à la pochette western (à noter que cela inspira nos Motorhead français Vulcain sur leur « Desperados »). La basse est bien entendu toujours en 1ère ligne comme cette intro du très groovy « Live To Win » et toujours ce petit riff si caractéristique des 1ères années du groupe et marque de fabrique de ce Motorhead là. Et que dire du solo de la six cordes de Fast Eddie absolument dantesque durant cette chevauchée dans le grand ouest américain ? Un véritable régal !!
Et ce n’est pas fini, preuve de l’excellence de cet album. Ainsi Lemmy nous fait du grand Lemmy sur le très suggestif « Fast And Loose » le bassite / chanteur demandant à une damoiselle « Two o’clock in the mornin’, sugar I know you’re sleepin’, Why don’t you invite me in Get yourself some original sin » : sacré coquin !
Sans temps mort, le trio enchaine avec l’un des meilleurs titres de la galette et devenu un classique absolu, « (we Are) The Road Crew » hommage aux roadies du groupe et Lemmy savait de quoi il parlait, lui qui fut dans ses jeunes années le roadie de Jimi Hendrix. Ce titre est de la dynamite en barre, au tempo rapide, avec cette ligne de chant connue par chaque hardos digne de ce nom mais l’homme fort de ce titre est assurément Fast Eddie Clark qui illumine tout le titre de son talent, de sa classe et surtout de son feeling à la guitare avec tous ces soli et puis cette fin apocalyptique où tout s’accélère Mais quelle tuerie et qui fera un carnage en concert !
Le groupe sait toujours nous faire swigguer comme sur le très bon et très rock « Dance » : difficile de ne pas remuer les hanches à son écoute ! Et puis, je me répète, quelles interventions de la six cordes de Mr Eddie (j’aime bien ce prénom !).
Et quand on en vient à parler de séduction, Lemmy nous balance cette véritable leçon qu’est « The Chase Is Better Than The Catch » au rythme charmeur durant laquelle il est impossible de ne pas taper du pied, puis ce break tellement senti à 3min avec cette basse, Lemmy chantant « Let me hear ya », puis criant « I can’t hear ya! » et avec ses phrases uniques comme « You know I want to shake your tree ». Encore une fois une grande leçon de rock, de groove et de feeling et bien sûr de séduction à la Lemmy !
Le trio avait réussi son pari haut la main (ou haut les mains c’est comme vous voulez !) avec un album exceptionnel de la 1ère à la dernière note, ré-itérant l’exploit d’ « Overkill » et montrant à la Terre entière qu’en matière de rock’n’roll sauvage, Lemmy et son Motorhead n’avait de leçon à recevoir de personne et au contraire se positionnait en leader qui allait inspirer des légions de groupes dans les prochaines décennies.
Bien évidemment « Ace Of Spades » est un chef d’oeuvre de rock, de hard rock, bref de musique, intemporelle et n’ayant pas pris une seule ride et qui nous rappelera à jamais quel grand bonhomme et musicien était Lemmy.

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