« Ce qui ne te tue pas te rend plus fort » .. vous devez connaître cette expression (courtesy of Nietzsche et repris par METALLICA dans « Broken, Beat & Scarred »). Et bien c’est un peu ce que me fait l’écoute de bon nombre d’albums récents de vieux groupes de la NWOBHM. Des groupes comme ANGEL WITCH, DIAMOND HEAD, MYTHRA, TYGERS OF PAN TANG ont traversé une très longue période creuse entre la mi / fin des 80s et les années 2010’s …soit sans activité .. soit avec une musique peu inspirée et bien loin de leurs pépites des 80s. Et puis le miracle c’est produit et ces groupes légendaires sont revenus sur le devant de la scène heavy metal avec des albums fantastiques .. qu’on espérait plus pour être franc. Concernant le Tigre de Pan Tang, ce regain de forme a débuté en 2012 avec l’excellent « Ambush » suivi de « Tygers Of Pan Tang » simple et efficace et surtout de « Ritual » en 2019 montrant un groupe au meilleur de sa forme n’hésitant pas à diversifier leur musique et la rendre beaucoup plus intéressante tout en gardant leur touche heavy anglais qui nous avait fait craquer sur le groupe avec les « Wild Cat » et surtout « Spellbound ». Le line up était solide avec notamment un chanteur .. italien Jack Meille vraiment excellent et à la voix puissante, chaude et gorgée de feeling et bien sur Robb Weir à la guitare et seul rescapé du line-up d’origine mais trouvant toujours des riffs magiques. Par rapport à la formation de « Ritual », 2 nouveaux venus : Huw Holding à la basse et Francesco Marras à la guitare, remplaçant le très bon Michael McCrystal qui avait pourtant fortement contribué au retour en forme du groupe depuis 2016 sur l’album « éponyme ».
Alors que se cache t il derrière cette bien belle pochette assez sanguinolante et ce titre d’album « Bloodlines » ? Des jolies histoires d’amour fleur bleue ? Certainement pas … et nous sommes rapidement fixés avec le 1er titre « Edge Of The World » reprenant les choses où s’étaient arrêtés les musiciens sur « Ritual » : un heavy épique et accrocheur nous embarquant dans un voyage à la fois inquiétant et intéressant : les riffs sont heavy, Craig Ellis balance quelques coups de pédale de double grosse caisse sonnant comme des tirs de mitraillette, la voix de Jack Meille est légèrement déformée avec de l’effet mais la mélodie est magnifiquement trouvée comme sur ce refrain, et puis d’entrée de jeu le groupe nous propose un chouette break à la guitare acoustique assez hispanique suivi d’une succession de soli inspirés des 2 guitaristes. Nous sommes de suite rassurés, le groupe revient plus fort que jamais avec une inspiration toujours au rendez vous.
Pas le temps de respirer, les riffs de « In My Blood » crachent dans mes enceintes .. et nom de Zeus quel titre !!!! C’est bien simple, il s’agit d’un de mes titres préférés de ces dernières années : tout est parfait avec en 1er lieu ce riff catchy à souhait, ce pré refrain addictif (« in my blood ») et puis ce refrain de fou « I’m living a lie I can’t be saved » .. un hit heavy instantané aux paroles pourtant peu joyeuses ! Et que dire des 2 duellistes de la six cordes Robb Weir et Francesco Marras s’en donnant à coeur joie, avec chacun un son bien différent et permettant de bien les différencier.
La vitesse vous manque ? Et bien prenez ce « Fire On The Horizon » dans le gensives , brûlot briseur de cous tout comme l’était « Raise Some Hell » sur « Ritual » et nous ramenant au meilleur de la NWOBHM, avec cette fois ci la basse mise en avant. Que c’est bon !
Le quintet lève un peu le pied sur « Light Of Hope » sympathique mais peut être le titre le plus faible du disque.
Les choses sérieuses reviennent avec l’excellent groovy « Back For Good » démarrant avec la basse de Huw Holding et ces gémissements très plantiens de Jack Meille avant que les guitares heavy de Weir et Marras balancent un sacré bon riff heavy durant le refrain. Les couplets sont plus calmes avec la voix telle belle et pleine de feeling de Meille . Un titre bougrement accrocheur démontrant tout le talent de composition des anglo-italiens dont ce riff encore un fois .. qui tue.
Le tempo s’accélère légèrement avec le nerveux « Kiss The Sky » très entrainant mené encore une fois par un très bon riff. Un titre sur lequel le boulot rythmique apporte beaucoup avec un côté heavy rock’n’roll diablement efficace. Difficile de ne pas taper du pied tout en secouant la caboche !
Le groupe nous a montré dans le passé qu’il savait pondre de bien belles ballades et bien les musiciens récidivent avec le très beau et poignant « Taste Of Love » allant comme un gant à la voix de Jack Meille. Le côté sucré est bien dosé avec un son heavy des guitares toujours présent et un feeling dans le chant faisant hérisser le poil.
Le groupe nous fait de nouveau voyager avec le très chouette et heavy « Believe » aux sonorités légèrement orientales sur le 1er solo de guitare.
Ce que j’adore avec le Tygers des 10 dernières années est sa capacité à pondre des hits imparables à la fois heavy et tellement accrocheurs, un peu comme si le TYKETTO de « Forever Young » avait bouffé un … Tigre ! Et c’est exactement ce que je ressens à l’écoute du fantastique « A New Heartbeat » (déjà présenté par le groupe en 2022 sur l’EP du même nom). Ce titre est irresistible, avec ce refrain et ces choeurs puissants.
En 2019, les anglais nous quittaient sur « Ritual » avec une sublime pièce épique à souhait de plus de 7 minutes, « Sail On ». Cette fois ci, nos tigres privilégient l’émotion pure avec ce poignant « Making All The Rules » aux paroles glaçantes racontant l’importance et l’influence néfaste qu’on peut avoir sur nos gosses leur vie étant modelée par la vie qu’on leur propose durent leurs premières années (ce thème se rapproche de celui abordé par METALLICA sur leur dernier album « 72 Seasons »). Un très beau titre commençant un peu comme le « Handful Of Rain » de SAVATAGE. Du reste la voix calme de Jack Meille sur ce début de morceau rappelle un peu celle de Zak Stevens sur fond de ces arpèges de guitare. L’émotion est palpable dans la voix de Meille sur ces paroles peu joyeuses, puis les grosses guitares heavy arrivent comme pour souligner une colère envers cette vie souvent injuste. Cette pièce émouvante jouant sur la dynamique alternant ces couplets calmes gavés d’émotion et ces montées en puissance avec ces riff heavy de guitare. Les soli sont joués tout en feeling et touché dans un 1er temps avant une partie plus heavy avec le nouveau venu Marras montrant ses talents de shredders mais en laissant toujours une part importante à la mélodie dans ses interventions. Quelle bien belle manière de terminer un album remarquable, car oui, TYGERS OF PAN TANG a une nouvelle fois tapé dans le mille, avec un disque parfaitement équilibré résumant à la perfection ce qu’est le groupe depuis une dizaine années en offrant le meilleur de ce qu’ils ont pu proposer sur leurs 3 derniers albums : des chansons directes heavy et entrainantes, des pièces plus travaillées avec un léger souffle épique et des moments plein d’émotions.
Un magnifique opus, parmi les meilleurs sortis par le groupe tout simplement.