Le 100% instrumental dans le hard n’est pas un excercice facile et donnant un résultat suffisamment accrocheur et intéressant pour qu’on y revienne avec plaisir. La virtuosité a souvent tendance à prendre le pas sur l’accroche mélodique et une certaine simplicité rendant l’écoute agréable. Durant les 80s, Malmsteen avait du mal à se controler et malgré sa grande virtuosité, la qualité des titres avait du mal à suivre. Dans les 90s, les divers projets instrumentaux de membres de Dream Theater étaient barbants au possible. Et puis en 1987 un certain Joe Satriani était arrivé avec son « Surfing With The Alien » qui allait marqué à jamais l’histoire de musique hard instrumentale en la rendant accessible à toutes les oreilles avec une priorité mise sur les mélodies. 36 ans plus tard, je l’écoute encore de temps en temps avec autant de plaisir.
2023, voilà que débarque un ovni, ce 1er album au titre délirant « Wet Ass Plutonium » d’un trio répondant au doux nom de NUCLEAR POWER TRIO composé de 2 ex musiciens des thrashers d’HAVOK, Nick Schendzielos à basse et Pete Webber à la batterie, et Greg Burgess à la guitare.
La pochette renforce cette ambiance de folie ambiante avec ce superbe dessin mettant en scène Poutine, Trump et Kim Jong-un dans un look à la Miami-Vice. On retrouve les 3 personnages joués par les 3 musiciens dans le clip du fous du titre « Nyetflix and Chill » aux côtés de Walter White et Tony Stark !
Musicalement, cet album est un immense feu d’artifices en 9 actes, et ce dès le rythmé « W.A.P (Wet Ass Plutonium) » : les 3 musiciens nous en mettent plein les oreilles mais c’est avant tout la basse de Nick Schendzielos qui se montre le plus aux avants postes. Rarement la basse n’aura été autant considérée comme un instrument aussi important qu’une guitare et ne servant pas seulement d’accompagnant et de rythmique. Le bassiste nous fait découvrir toutes les facettes et sonorités possibles de cet instrument mais toujours au service des morceaux. La guitare n’est pas reste et demeure le vecteur principale des mélodies de tous les titres, souvent secondée par un synthé.
Cela tricotte sans arrêt (non mais écoutez moi ces lignes de basse !!) mais les morceaux restent toujours tellement faciles d’écoute avec des mélodies bien pensées, des breaks ici et là nous régalant les oreilles et tellement de petites trouvailles sonores et instrumentales ici et là (cette guitare acoustique terminant le morceau). Cela me fait penser au fameux album de Satriani qui aurait été dépoussiéré et sous amphétamine avec la section rythmique d’INFECTIOUS GROOVE !
La basse se veut souvent funky, ça swingue et en même temps la musique déménage mais se permet des petits interludes plus posés comme ce très bon break au synthé de « Apocalypse Mao ».
Difficile de résister au swing et aux slaps démarrant le génial « Nyetflix and Chill » sur lequel le groupe a carrément réquisitionné une section de cuivres. Ce titre est une merveille, les musiciens lachent le chevaux avec un sacré bon solo de basse, la guitare en harmonies ici et là répondant aux synthés avec toujours en fond cette mélodie addictive.
Le tempo est plus nerveux sur l’excellent « Air Force Fun » mais le groupe se permet un break avec une partie de piano suivi d’une sacrée descente de manche de la 4 (ou 5) cordes.
Le funk (bien métallisé !) revient sur le swingant « Snark Side Of The Un », avec la basse toujours aux avants postes, soutenu cette fois ci par des riffs de guitares wah wah.
Changement d’ambiance avec au début un petit air de flamenco sur « Vamos, Brandido ! » avec un festival de Nick Schendzielos à la basse avant que le titre ne devienne plus heavy et que Nick place quelques lignes de basse de fou mais toujours mélodiques.
Une accalmie semble survenir sur « Anti-saxxers » durant la 1ère minutes magnifique puis le morceau s’accélère avec l’intervention de saxos accompagnant les autres instruments tout au long du titre.
Cet opus se termine par 2 titres tout autant fous et inspirés, « Critical Bass Theory » et « Red Scare Bear Stare ».
L’écoute de ce 1er longue durée de ce trio infernal défrise et s’avère jouissive du 1er au dernier titre. Il se passe toujours quelque chose, les musiciens ont composé de véritables pièces instrumentales passionnantes et d’une extrême richesse musicale ET mélodique, bourrées de différents instruments ici et là et le miracle a été de rendre tout cela digeste .. et bien plus que cela, passionnant et en rien ennuyeux. On en redemande, on est happé bien sur par le talent de ces musiciens (et aussi des invités aux guitares : Chris Broderick (MEGADETH, IN FLAMES), Ben Ellis (SCAR SYMMETRY), Brian Hopp (CEPHALIC CARNAGE), et Scott Carstairs (FALLUJAH)) mais aussi par leur facilité à pondre des mélodies imparables. On se retrouve devant un monstre improbable où l’immense virtuosité n’a d’égal que la richesse mélodique, et c’est bien cela le miracle de ce « Wet Ass Plutonium ».
Laissez vous être irradiés par cette bande de malades tellement géniaux, avec le meilleur album instrumental de ces 30 dernières années. Un chef d’oeuvre, tout simplement.