SORTILEGE : « Apocalypso » (c) 2023

SORTILEGE : « Apocalypso » (c) 2023

Apocalypso
Catégorie:
Étiquettes: ,
Publié: 03/03/2023

« Larmes de héros » sortait en 1986, il y a 37 ans. Une éternité dans le monde de la musique. SORTILEGE s’apprête à sortir son 3eme album « Apocalypso » quasi 4 décennies après son précédent album. Cela ressemble à un miracle tout comme l’était l’annonce de la reformation du groupe en 2019 avec son chanteur emblématique Zouille, lui qui n’avait pas voulu entendre parler de son retour durant plus de 30 ans. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le chemin pour arriver à cette sortie d’album n’a pas été de tout repos. Pourtant le plan de bataille prévu depuis 2019 était de faire une tournée des festivals pour signifier au monde entier (à ma botte !!) que Sortilège était bel et bien vivant, en essayant d’avoir un line-up le plus proche de celui des 80s, ensuite de sortir un album de titres ré-enregistrés « Phoenix » pour présenter un SORTILEGE actuel et 2 inédits « (excellents, « Toujours Plus Haut » et « Phoenix »), partir en tournée en salles pour roder le groupe et le préparer à enregistrer un tout nouvel album 100% nouvelles compositions.
Alors le plan établi s’est bien déroulé puisque « Phoenix » est sorti et c’est bientôt au tour d’ « Apocalypso » mais les tensions internes déjà présentes en 1986 (et ayant conduit le groupe au split) sont remontées à la surface à la vitesse grand V début 2020 conduisant des musiciens du line up d’origine à arrêter l’aventure, laissant Zouille seul à bord. Et il était hors de question pour le chanteur de baisser les bras et de renoncer à ce retour que tout les fans attendaient depuis si longtemps. Le voilà donc accompagné de nouveaux acolytes formant une équipe soudée avec Bruno Ramos à la guitare / soli, Olivier Spitzer à la guitare, Sébastien Bonnet à la basse et Clément Rouxel à la batterie. Le groupe est d’une redoutable effficacité sur scène comme l’ont montré les concerts joués de 2021 à 2023.
Alors quel est le menu proposé par SORTILEGE en 2023 avec ce nouvel opus ?
Le 1er contact avec « Apocalypso » se fait avec cette magnifique toile dessinée par Stan W Decker (déjà derrière les pinceaux de la pochette de « Phoenix ») représentant cet archange de l’apocalypse avec ses ailes noires surplombant une Terre en feu annonçant un album assez sombre et gardant toujours un lien avec les thématiques chères au groupe et à Zouille, empruntes de fantastique et de mysticisme qu’on trouvait déjà dans les chansons des 2 albums et du 1er EP.
L’album « Phoenix » avait pour but de faire la transition entre le SORTILEGE des 80s et le nouveau SORTILEGE contemporain des 20s : effectivement, le son avait fait un sacré bon en avant en sonnant plus actuel et sacrément puissant, la voix de Zouille avait évolué avec l’age, mais son grain si particulier étant toujours là et il était toujours capable d’atteindre des notes vertigineuses.
Et bien « Apocalypso » continue cette mue progressive en proposant à fois des titres typiques du groupe à ranger aux côtés de leurs hits des 80s comme le très réussi « Poseïdon » servi en entrée. Le tempo est rapide et cadencé par la pédale de double grosse caisse de Clément, les riffs acérés d’Olivier et Bruno et ce chant de Christian « Zouille » me donnant le sourire dès ses 1ères lignes de chant, avec tous ces souvenirs du Sortilège qu’on avait connu dans les 80s remontant à la surface. Bruno nous épate d’entrée de jeu avec enfin ses propres soli vraiment réussis montrant la grande virtuosité du 6 cordistes sudiste mettant toujours au 1er plan la mélodie. L’album ne pouvait pas mieux commencer, tant ce titre est réussi (mon préféré de l’album). A côté de ce brûlot heavy, nous pouvons également associer le très bon et rythmé « Walkyrie » présenté en live par le groupe depuis 2022. Le groupe est énervé et envoie la sauce avec un excellent refrain aux voix doublées (comme sur tous les autres titres du reste), ses « ohhhh » pendant le solo qui fait un malheur en concert. Le groupe maitrise son sujet en matière de titres directs et efficaces, c’est une certitude et ce n’est pas « Vampire » qui contredira cela. Un titre énergique et très entrainant avec cette ligne de chant dont Zouille a le secret « quand l’envie de mordre m’assaille » et peu commun ! Que c’est bon … ce sang neuf !
Clément s’amuse en fin de titre en balançant quelles salves de pédale de double grosse caisse bien senties (sic !!!). Rebelotte avec le vindicatif « Trahison » avec un Zouille revenchard et semblant régler ses comptes avec certains ayant essayé de couler cette reformation. Un très bon titre au rythme enlevé, à la mélodie accrocheuse avec un riff excellent et des descentes de manches de haut vol de Bruno (mais quel bon guitariste nom de Zeus !!) qui se lache complétement sur cet album , rajoutant beaucoup de lumière aux morceaux.
Comme sur les 2 premiers albums, le groupe glisse une chouette power ballade alternant couplet calme et posé et un refrain heavy avec ces grosses guitares. L’ambiance est sombre, mélancolique, Zouille se lache avec un cri dont il a le secret juste après les soli de Bruno qui envoie de lourd encore une fois avec un véritable festival, se terminant calmement avec ces notes de guitare tout en touché sur fond de quelques arpèges et ces battements de coeur, c’est magnifique.
Ces 5 titres font donc le lien directement avec le SORTILEGE des 80s et combleront les fans qui espéraient retrouver le groupe de leur enfance ou adolescence.
Par contre, le reste de l’album est beaucoup plus aventureux et montre clairement un groupe ayant envie d’aller de l’avant et pas seulement un groupe du passé. Zouille grandement aidé par Oliver Spitzer et Bruno Ramos à la composition explorent de nouvelles contrées musicales jusque là inédites dans le répertoire du groupe comme sur la magnifique pièce aux sonorités orientales « Derrière les portes Babylone » dont le riff rappelera « Kashmir », « Gates To Babylon » ou encore « Perfect Stranger » mais aussi des synthés évoquant le meilleur des tunisiens de MYRATH (rappelez vous leur magnifique album « Tales Of The Sands ») .. dont 3 musiciens ont participé à cette pépite : Kevin Codfert au synthés et aux arrangements, Zaher Zorgati au chant oriental dans la seconde partie du morceau, nous transportant en Egypte dans les temps anciens, puis Malek Ben Arbia qui dégaine le solo de guitare final. Un morceau de toute beauté, épique à souhait avec plusieurs parties & ambiances différentes : une 1er rampante et envoutante, une 2nd entamée par un break calme, très oriental avec une montée en puissance progressive magnifique. Une franche réussite dont chaque écoute rend le morceau plus beau.
Toujours avec un côté épique mais pour le coup assez « celtique », « Le Sacre du Sorcier » nous embarque dans une danse heavy et bougrement accrocheuse en terre bretonne. La musique bastonne durant les couplets menée par la batterie de Clément soutenue par la basse de Sébastien et le groupe nous étonne avec ce refrain festif et chantant (tous ces « ohhoohhohh ») avant que Bruno lache les chevaux avec une avalanche de soli de malade .. mais quel délire .. de fou !
Mais là où le groupe va surprendre le plus, c’est avec 3 titres au tempo pachidermique, très doom : « Attila » nous assomme avec ses riffs de guitare super heavy et accordée très bas. Le groupe nous avait déjà présenté ce genre de titre avec « Marchand d’Hommes » mais sur ce nouveau morceau, l’ambiance est plus sombre et lourde et puis quelle intervention au chant musclé de Stéphane Buriez (LOUDBLAST) durant ce break inquiétant. Cela rend du feu de Dieux !
« La Parade des Centaures » se lance avec un riff tout autant lourd et heavy. Bruno lache quelques petites interventions de guitares ici et là, Zouille chante avec conviction durant les couplets avec ces choeurs inquiétants et maléfiques interprétés une nouvelle fois par Stéphane Buriez (« N’approche pas trop, n’approche pas »). Un titre étonnant, avec un groove certain et qui demande plusieurs écoutes pour en capter l’essence .. et franchement c’est réussi et culotté ! Le groupe ose, apportant des nouvelles couleurs à la musique, souvent sombres et lourdes mais avant talent et inspiration.
Enfin et pour terminer en beauté, le quintet nous offre une pièce absolument dantesque de 8 minutes, « Apocalypso », très cinématique : cela commence avec ces percussions évoquant l’arrivée des anges de l’apocalypse sur Terre, puis un riff doom au possible et très sabbathien est craché des enceintes, avec en fond quelques instruments à cordes .. puis tout s’arrête, seule la voix de cet ange de l’apocalypse prise par Zouille résonne, inquiétante, grave durant les couplets avant un refrain heavy et épique.
Bruno nous régale avec sa guitare et ses soli, Zouille nous balance des « ohhhh » qu’on se fera un plaisir de chanter avec lui durant les concerts du groupe. Un titre envoutant, magnifique et surprenant témoignant de cette volonté du groupe de proposer des nouvelles choses et en restant dans l’air du temps tout en sonnant SORTILEGE.
Le pari était difficile et le choix artistique risqué, mais les musiciens de SORTILEGE ne sont pas des novices et ils ont réussi avec cet « Apocalypso » à marrier l’ancien et le nouveau de la plus belle des façons avec un album parfait, sans faute et de très haute tenue.
Un grand bravo.

 

1. Poseidon 03:32
2. Attila 04:06
3. Derrière les portes de Babylone 06:33
4. Le sacre du sorcier 05:08
5. La parade des centaures 02:59
6. Walkyrie 04:20
7. Encore un jour 04:45
8. Trahison 03:40
9. Vampire 04:02
10. Apocalypso 07:53
46:58:00

 

Label Catalog ID Format Description
Verycords Digital
Season of Mist SOM679D 2CD Digipak
Season of Mist SOM679LP 2 12″ vinyls Limited edition
Season of Mist SOM679T Cassette Limited edition, Coloured

 

1 réponse

  1. stephane corbara dit :

    Un album intéressant après presque 40 ans d’absence ! Croisés live à 3 reprises depuis la reformation, les anciens titres font toujours mouche et avec ce nouvel opus il y a fort à parier que de nombreux titres seront autant de nouveaux hymnes chantés en par les fans.

Laisser un commentaire