BLAZE BAYLEY : « Promise And Terror » (c) 2010
Le 1er février 2010 sortait « Promise And Terror » d’ Official Blaze Bayley. Un album que je trouve toujours aussi bon, d’une force incroyable avec certainement parmi les meilleures paroles écrites par Blaze, et un boulot au niveau des riffs et des mélodies fantastiques. Mon disque préféré de Blaze avec « The Man Who .. » et « Silicon Messiah ». Voici la chronique (détaillée !) que j’avais écrit à sa sortie.
« Il faut savoir surmonter les épreuves que la vie nous impose, aussi difficiles soient-elles, et les utiliser pour devenir plus fort« . Telle est la philosophie décrite par Blaze Bayley dans ses notes du livret de Promise And Terror. Et après seulement quelques écoutes du nouvel album du BLAZE BAYLEY BAND (BBB), cette philosophie prend tout son sens tant la musique et les paroles de chaque chanson nous prennent à la gorge. Ce disque est non seulement le plus poignant mais également le plus riche et le plus équilibré que Blaze Bayley ait jamais enregistré.
Si « The Man Who Would Not Die » (TMWWND) était l’album du renouveau pour Blaze Bayley (1er disque sous le nom du « BLAZE BAYLEY » band) et une excellente entrée en matière, Promise And Terror transforme l’essai de la plus belle des façons. TMWWND se voulait direct, déboulait à 200 km/h et traduisait la rage du chanteur et son envie de crier haut et fort qu’il était bel et bien vivant après quelques années de galères. L’approche de la dernière livraison du BBB est différente et plus réfléchie et cela se ressent dans des chansons plus travaillées, dans des paroles d’une intelligence rare et également dans l’excellent travail de production effectué par Jason Edwards qui donne au disque un son plus aéré que son prédécesseur tout en restant bigrement heavy.
La nouvelle galette démarre par le brûlot « Watching The Night Sky » qu’on avait eu la chance de découvrir lors de la tournée de fin d’année 2009. Sur un tempo rapide et toutes guitares dehors, Blaze Bayley particulièrement en voix nous montre au travers de ses paroles qu’il n’oublie pas et ne veut pas oublier son douloureux passé, dont les précieux conseils de son épouse Debbie qui lui disait que le plus important pour son salut était qu’il fasse ce qu’il savait faire le mieux : chanter sur une scène et partager ces moments intenses avec ses fans, en regardant le même ciel (Watching The Night Sky’) le temps d’une soirée. Et cette chanson s’y prête à merveille notamment lors de ces « ooooh », invitation aux fans à chanter sur scène.
Le second morceau « Madness And Sorrow » s’ensuit sans laisser de répit sur un sacré riff de guitare enchainé par le tempo rapide donné par la double grosse caisse de Larry Paterson. Le refrain de cette chanson est très bien trouvé et colle parfaitement à ce rythme hyper rapide avant qu’une série d’excellents solos de Jay Walsh et Nico Bermudez s’entrechoquent et rappellent les paroles de la chanson évoquant les batailles que le combo a dû toujours mener pour défendre sa musique et son projet en tant que groupe.
Après une telle entrée en matière décoiffante, une superbe surprise arrive avec le morceau suivant : « 1633 ». Introduit par un excellent riff de basse de David Bermudez – qui ravira les fans de Steve Harris – le morceau se veut heavy et rampant à souhait, et toujours mis en valeur par l’excellent chant de Blaze Bayley. Une petite parenthèse à ce sujet s’avère nécessaire : longtemps décrié par des fans d’IRON MAIDEN trop bornés, Blaze Bayley démontre album après album qu’il est un chanteur de premier ordre. Non seulement sa voix s’est bonifiée avec les années, mais son talent de parolier et son sens inné de la mélodie associé à une foi inégalable dans le heavy metal en font l’un des plus précieux défenseurs de notre musique à mes yeux. La basse est omniprésente dans ce morceau et fait de nouveau parler d’elle juste avant un break des plus originaux où les lignes vocales du chanteur sont prises d’une folie pouvant évoquer l’histoire mise en paroles, celle de Galilée démontrant que la Terre n’était pas le centre de l’Univers, contrairement à ce que l’Eglise Catholique essayait d’imposer au monde sans aucune preuve. Ce morceau à tiroirs amène un très beau passage d’harmonies vocales. Cette pièce épique est la parfaite illustration de toute la richesse de ce Promise And Terror et les progrès réalisés par le BBB en tant que groupe.
« God Of Speed » ne contredit pas cela, bien au contraire, et on peut même se dire que le BBB a trouvé un style propre d’une grande richesse (c’est le mot qui me vient à chaque fois que j’écoute cet album) : maitrise technique indéniable, parties vocales hyper bien placées et très mélodiques, guitares rythmiques heavy, très belles harmonies de guitares ici et là, refrain imparable avec chant doublé, changements de rythme pour un tempo speedé cadencé par la double grosse caisse de Larry Paterson qui illustre le texte chanté par Blaze Bayley au sujet de Burt Monroe, détenteur pendant des années du record de vitesse en moto.
« City Of Bones » nous plonge en pleine seconde guerre mondiale en Russie durant le siège de 900 jours de la ville de Leningrad par les Allemands. L’intro de batterie jouée façon marche funèbre évoque parfaitement la marche des troupes allemandes. Cette chanson est un hymne à la résistance, parfaitement mis en musique par le martellement de double grosse caisse évoquant les tirs des mitraillettes, le chant se voulant être un appel aux habitants affamés et fatigués de Leningrad pour ne pas céder et pour se battre jusqu’au bout. Blaze Bayley nous rappelle dans ses notes l’histoire du compositeur Dmitri Chostakovitch qui termina sa 7ème symphonie durant ce siège, réussit à trouver 15 musiciens dans la ville en ruine et en feu et leur fit jouer sa symphonie en la diffusant dans les haut parleurs de la ville le jour où les Allemands avaient prévu l’attaque finale. Cela est évoqué en milieu de chanson par des chœurs très bien trouvés alternés avec une belle série de soli de guitares. Quel sublime morceau de bravoure !
Le tempo s’accélère avec un nouveau brûlot, « Faceless » où le chant de Blaze Bayley se fait vindicatif, et où les paroles traduisent certains démons du passé du chanteur : à vouloir être aimé et plaire à tout le monde, on finit par se heurter à des incompréhensions et nos souffrances ne peuvent qu’être plus importantes. La chanson, bien que sacrément heavy et speed, reste très mélodique grâce aux superbes lignes vocales de Blaze et au refrain accrocheur. Une chanson qui fera, soyons-en sûr, un carton sur scène !
« Time To Dare » démarre sur un rythme soutenu et cette double grosse caisse désormais caractéristique du BBB. Gros travail encore une fois sur le chant et sur les multiples pistes vocales donnant une nouvelle dimension à la musique du groupe. Le refrain est à cet égard une vraie réussite. La chanson débouche sur un excellent break avec une basse bien présente, des arpèges de guitares, un chant murmuré avant que la chanson redevienne heavy et que les soli de guitares prennent le relais. Il s’agit certainement d’une des chansons les plus réussies de la galette et son humeur sied à merveille aux paroles qui se veulent être une réflexion sur la vie choisie par certains, c’est-à-dire une vie sans concession et loin d’être facile : celle de faire partie d’un groupe de heavy metal. Cela peut sembler « facile » pour certains, mais ce choix est source d’anxiété et de terreur (Terror) car nécessitant à un moment donné de renoncer à toute la sécurité que peut procurer un emploi fixe, renoncer à une vie de famille stable. Mais la décision finale est prise avec l’espoir et la promesse (Promise) d’un avenir meilleur et de succès. Ces paroles collent parfaitement au parcours de Blaze Bayley ces dernières années mais également à celui de ses jeunes musiciens dont les deux frères Bermudez qui n’ont pas hésité à quitter leur Colombie natale pour suivre Bayley et lui faire confiance dans la nouvelle vie qui leur était proposée.
Les 4 dernières chansons forment une pièce de toute beauté et s’enchainent du reste sans pause entre elles. Les paroles sont plus personnelles et évoquent les 2 années très difficiles qu’a dû surmonter Blaze, après la perte de son épouse Debbie et plus récemment celle de son père.
« Surrounded By Sadness » se révèle être l’un des plus beaux morceaux jamais composé par Blaze Bayley, tous groupes confondus (WOLFSBANE, IRON MAIDEN, BLAZE, BBB). La chanson commence par de très belles parties de guitares acoustiques sur lesquelles se pose le splendide chant de Bayley, une fois de plus très émouvant. Le refrain est de toute beauté, avec en arrière plan une voix en écho rajoutant de l’émotion. Les instruments électriques prennent le relais pour transformer la chanson en power-ballade. Les paroles sont bien entendu chargées d’émotion et évoque en 2 couplets l’entrée de Deborah Hartland dans la vie du chanteur qui fut la lumière de sa vie, puis dans le 2nd couplet son désarroi quand Debbie disparut.
La chanson suivante (« The Trace Of Things That Have No Words ») s’enchaîne directement sans temps mort sur un rythme heavy toutes guitares et double grosse caisse dehors. Au travers de cette chanson énervée, Blaze dit qu’il ne veut surtout pas oublier les souffrances qu’il a endurées et qu’il endure encore, et veut garder toute trace de ses cicatrices car elles témoignent de la réalité de sa vie passée et prouvent qu’il est toujours vivant.
« Letting Go Of The World » suit en proposant une intro jouée par des guitares acoustiques. La suite du morceau se veut heavy sur une rythme rampant dans la première partie du morceau, où le chant et la mélodie de guitare ne font qu’un. Le morceau change brusquement de tempo pour s’accélérer avant de se terminer sur un rythme plus lent avec Blaze chantant le refrain. Au travers de cette chanson et de ses paroles, le chanteur explique qu’une fois ses cicatrices acceptées, il va devoir s’intégrer dans sa « nouvelle » vie et se demande comment cela va être possible.
Une partie de la solution est évoquée dans la chanson suivante, « Comfortable In Darkness ». Bayley décide de ne pas rejeter ses peurs, ses craintes, ses souffrances car c’est de toute façon voué à l’échec. Il choisit plutôt de vivre avec, de s’y habituer. Cette réflexion est mise en musique par le début de chanson calme, avec des arpèges de guitares électriques et un chant posé pour devenir plus heavy sur le refrain. La tonalité de la chanson est assez nouvelle pour Blaze et peut rappeler par moments le ALICE IN CHAINS de la grande époque.
Bref, vous l’aurez facilement compris au travers de cette chronique, Blaze Bayley et son excellent groupe viennent d’enregistrer leur album le plus abouti à ce jour. J’ai souvent lu que les plus grandes œuvres étaient nées des souffrances de leurs compositeurs, et c’est exactement ce que l’on ressent à l’écoute de ce splendide Promise And Terror.
Indiscutablement l’album de ce début d’année 2010.
1. | Watching the Night Sky | 03:36 |
2. | Madness and Sorrow | 03:09 |
3. | 1633 | 06:03 |
4. | God of Speed | 05:48 |
5. | City of Bones | 06:26 |
6. | Faceless | 03:46 |
7. | Time to Dare | 05:41 |
8. | Surrounded by Sadness | 03:59 |
9. | The Trace of Things That Have No Words | 05:48 |
10. | Letting Go of the World | 06:24 |
11. | Comfortable in Darkness | 05:00 |
55:40:00 |
Label | Catalog ID | Format | Description |
Blaze Bayley Recordings | BBRCD003 | CD | Slipcase |
Die Hard Records | DHR 043 | CD | |
Candlelight Records USA | CDL474 | CD | Slipcase |
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